Anecdotes
Anecdotes 6è arrondissement

 

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06/0045 Ici, on ne casse pas les cailloux, on les collectionne

En effet, ici, vous trouverez des milliers de cailloux. Mais pas question de les casser. On n'est pas au bagne.  Le Musée de minéralogie de l'Ecole des Mines, au 60 boulevard St Michel recèle des trésors; Fondé en 1794 dans l'hôtel de Vendôme, il expose plus de 85 000 minéraux ! Cette collection est l'une des quatre plus importantes du monde. Les pièces les plus colossales ont été placées dans des pièces séparées, à l'entrée. Il ne faut pas rater la grosse boléite, le cube de thorianite radioactif, ni surtout la plus merveilleuse hauérite du monde. Hum, bon, ne m'en demandez pas plus, mes connaissances en minéralogie étant des plus limitées... Mais les connaisseurs apprécieront. Quant aux néophites, dont je fais partie, ils admireront, en silence...

06/0046 L'imprimeur de l'Empereur 

Au 8 rue Garancière se trouve l'hôtel de Sourdéac. C'est aussi le siège de la maison d'édition Plon. D'abord installée 36 rue de Vaugirard, la maison qu'avait fondée Henri Plon s'installa en 1854 dans l'hôtel où elle se trouve toujours aujourd'hui. Il connut un essor vigoureux , notamment suite à la parution d'une "Vie de César", largement soutenue par l'Empereur Napoléon III, féru d'histoire, et qui cherchait à faire de Vercingétorix le héros national qui manquait à la France (la Gaule, à l'époque) pendant la période gallo-romaine. Henri Plon mourut en 1872. Son frère Eugène reprit le flambeau, et développa la maison, tout en la spécialisant. A tel point que la plupart des mémoires militaires, très en vogue au 19è siècle, furent édités chez Plon. Mais la tradition se perpétua, puisque les Mémoires de Guerre du Général de Gaulle y furent publiés. 

06/0047 Pas seulement pour les bons clients

Madame Boucicaut, propriétaire du Bon Marché, fit construire l'hôtel Lutetia pour y loger ses bons clients de province, qui montaient à Paris pour fréquenter son magasin. Mais ils ne furent pas les seuls: de nombreux artistes l'investirent dans l'entre-deux-guerres. Picasso, Matisse, Joyce, Gide, y ont séjourné. Réquisitionné par les Allemands pendant l'Occupation, il a accueilli les déportés de retour des camps.

06/0048 Le roi du Luxembourg

Vers 1880, un vieillard hirsute, dépenaillé et qui se disait poète, se promenait dans les jardins du Luxembourg, une grosse serviette bourrée de papiers à la main. Il s'appelait Eugène Cochet et et avait été préfet de l'Eure.
On ne sait par quel coup du sort ce misérable clochard en était arrivé là. Toujours est-il qu'il se plaignait de n'avoir jamais été décoré. Qu'à cela ne tienne! Les étudiants du Quartier latin montèrent un canular dont ils avaient le secret. Un jour, ils organisèrent une cérémonie au cours de laquelle ils lui décernèrent: le Mérite Agricole, l'Ordre de la Jarretière, celui de l' Eléphant vert, la cravate de Commandeur de la Légion d'Honneur, et 10 autres médailles! Au milieu des acclamations, le roi du Luxembourg se pavanait, rayonnant de bonheur. Les gardiens du Luxembourg, attirés par l'agitation, crurent bon de devoir intervenir, alors qu'il ne menaçait aucunement l'ordre public. Ils arrêtèrent donc l'inoffensif vieillard, qui, devenu fou furieux, dut être enfermé à Ste Anne, où il mourut huit jours plus tard. Sans avoir revu son royaume... La bêtise est la chose du monde la mieux partagée. Etudiants et gardiens, même combat!

06/0049 Les soldats perdus de l'Odéon

Nous sommes en août 1944, pendant la libération de Paris. Un groupe de soldats allemands se réfugia dans les souterrains qui courent entre l'Odéon et l'entrée des jardins du Luxembourg, rue de Vaugirard. Ils y avaient aménagé, semble t-il, un véritable blockhaus souterrain, un abri, un refuge en quelque sorte. Ils emmenèrent avec eux d'importantes réserves de vivres. Ce qui est certain, c'est que s'ils se sont laissé enfermer dans ces souterrains, ils y sont encore. Car personne ne les a vu ressortir... Ou alors...

06/0050 Quand un grenadier invente le french can-can

Dans la rue de la Grande Chaumière, dans le hameau de Montparnasse, un nommé Fillard ouvrit, en 1783, un lieu de plaisirs qui comprenait plusieurs bals, manèges, cafés et restaurants. . En 1837, l'établissement fut vendu à un certain Lahire. Ancien grenadier de la Garde Impériale, il était d'une force colossale. D'une force telle que la police lui confia le maintien de l'ordre dans son bal. C'est chez Lahire que furent créées ou relancées plusieurs danses, comme la polka, le chahut et le can-can. cette danse, considérée alors comme scandaleuse, fut interdite par la police.
Mais vous pensez bien que les étudiants venus s'encanailler et les grisettes en quête d'aventures n'en avaient cure... Le can-can était né, et était promis à un bel avenir.

06/0051 Le cimetière des bossus

Il était une fois... un garçon qui vit pousser sur son front une corne semblable à celle d'un rhinocéros. Nous sommes à l'époque d'Henri IV.  Elephant man avant l'heure, en quelque sorte. Pour dissimuler sa difformité, l'infortuné portait un couvre-chef, mais les gens de son village continuèrent à se moquer de lui. Alors, françois Trouillac, c'était son nom, partit sur les routes du Midi de la France. Il colportait son infirmité d'une ferme à l'autre, d'un chantier à l'autre. Un jour qu'il gagnait son pain dans une charbonnière du Maine, vint à passer le marquis de Lavardin. celui-ci, qui revenait d'une partie de chasse, fit capturer le jeune homme, que l'impolitesse avait conduit à ne pas se découvrir à son passage... c'est ainsi que François Trouillac, dont la corne intrigua le marquis, fut conduit chez le roi. Henri IV offrit ce sujet pour le moins curieux à l'un de ses valets, qui en tira profit en le présentant d'une foire à l'autre, avant de l'exhiber en permanence sur le Ponr Neuf, à Paris. Rongé par le chagrin et l'humiliation, le pauvre garçon mourut en 1608. Inhumé dans l'église St Cosme, il fut pourchassé par la malédiction, comme en atteste l'épitaphe dont il hérita:

Dans un petit enclos à part,
 Gît un très singulier cornard,
   Car il l'était sans avoir femme,
         Passants, priez Dieu pour son âme 

En mai 1836, l'église St Cosme, qui se situait entre les rues Racine et des Ecoles, sur le boulevard St Michel, fut rasée. Lors de la percée du boulevard, les ouvriers découvrirent à leur grande stupeur, des colonnes vertébrales difformes, sur l'emplacement même de cet ancien petit cimetière. En fait, par solidarité envers celui qui fut la risée des Parisiens, tous les estropiés et bossus de la capitale demandèrent à se faire inhumer à côté de l'homme à la corne. Aujourd'hui encore, dans les caves de la librairie Gibert, subsistent des arcades et des gargouilles qui marquent l'emplacement de l'église St Cosme, autour de laquelle se trouvait le cimetière...des bossus.

06/0052 Le barreau en or

Selon une légende encore très tenace, l'un des barreaux des grilles du jardin du Luxembourg serait...en or massif ! Le passant non averti ne peut, s'il ignore cette anecdote, comprendre les stationnements prolongés, de jour comme de nuit, qu'effectuent certaines personnes au abords du Sénat. A l'ade de grattoirs, ou d'ustensiles de fortune, elles cherrchent le mystérieux barreau. Et c'est pourquoi la peinture de certains barreaux des grilles du Luxembourg est grattée. Il n'y a pas d'heure pour chercher l'or en barre... Mais ce n'est qu'une légende. Ne vous y aventurez pas.