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06/0023 L'art et la manière d'entamer la conversation...
Le café des Deux Magots, tout proche, était à l'origine une mercerie qui portait ce nom, et des deux statues de bois, ornant la façade, et figurant des mandarins chinois. Le café ouvre ses portes en 1891, et fut adopté par Léon Daudet, Oscar Wilde, et Alfred Jarry. Le fantasque créateur du Père Ubu, un jour, souhaitant entamer la conversation avec l'une de ses voisines de table, sortit un revolver (qui ne le quittait jamais) et tira un coup de feu dans une glace, et se retournant vers elle, lui dit: "Maintenant que la glace est rompue, causons".
06/0024 Qui ne croit pas aux cartomanciennes ?
Au 5 rue de Tournon, vécut une femme qui attira toutes les personnalités de son époque: il s'agissait de Madame Lenormand. Née en 1772 à Alençon, elle tirait déjà les cartes dans l'arrière-boutique de la blanchisserie où elle travaillait. Elle monta à Paris en 1789, et très rapidement, se fit une solide réputation. Elle maîtrisait toutes les techniques: tarot, boule de cristal, marc de café. Les plus célèbres hommes de son temps la consultèrent: St Just, Danton et Robespierre. Ce dernier, à qui elle prédit avec exactitude sa fin prochaine, la fit emprisonner. Elle rencontra dans la prison de la Petite Force Joséphine de Beauharnais, à qui elle prédira son fabuleux destin d'impératrice. Celle-ci ne l'oubliera jamais.
Après le 9 Thermidor, elle fut libérée, et fut consultée par les principaux acteurs du Consulat, puis de l'Empire. Ayant prédit au général Moreau sa prochaine arrestation (il trahira Napoléon et passa à l'ennemi), celui-ci la fit arrêter sur-le-champ. Etrange bégaiement de l'histoire...
La Restauration lui permit de recouvrer la liberté. Sa tombe, au Père Lachaise est toujours régulièrement fleurie. Et il n'est pas rare de trouver une carte à jouer ou de tarot coincée sous un pot de fleurs.
La légende veut qu'il faille laisser douze heures une carte sur la tombe de Madame Lenormand, et aller ensuite la rechercher, ce qui garantirait au jeu de cartes un excellent pouvoir de divination...Je n'ai pas vérifié.
06/0025 Un musée étonnant
Le Musée Dupuytren se situe au 15 rue de l'Ecole de Médecine. Il porte le nom d'un chirurgien célèbre sous la Révolution, notamment pour avoir créé la chaire d'anatomie pathologique. Au début du 19è siècle, il eut l'idée de conserver les travaux de dissection de ses illustres confrères, Laënnec et Corvisart, pour montrer les ravages de maladies comme la syphilis ou la lèpre. Il conserva aussi dans des bocaux de formol les organes déformés par toutes sortes de pathologies, afin qu'ils soient montrés aux élèves-chirurgiens de l'époque. C'était la pédagogie par l'exemple, abandonnée au début du 20è siècle, grâce aux nouvelles technologies (photographie notamment), qui permettaient une meilleure diffusion de l'information. Néanmoins, tous ces bocaux, cires, squelettes et organes momifiés furent conservés. Ce sont eux que vous pouvez découvrir dans ce musée très particulier.
06/0026 La rue en forme de gâteau
La rue de l'Echaudé, très ancienne, fut particulièrement renommée au 19è siècle grâce à la présence d'une célèbre maison close, fréquentée entre autres par Alfred Jarry et Guillaume Apollinaire. Son nom énigmatique évoque, par la forme triangulaire du pâté de maisons qu'elle délimite, un gâteau très réputé au Moyen-Age, que l'on appelait "l'échaudé".
06/0027 Au rendez-vous des cocottes
Le restaurant La Pérouse se situe au 51, quai des Grands Augustins. En dehors de la qualité de sa carte, et de son décor, il a une histoire un peu...particulière.
Ce somptueux restaurant, qui fut en son temps un célèbre café littéraire, a conservé ses petits salons pour 2 ou 4 personnes, ses boiseries, ses peintures à la Watteau, ses plafonds bas et ses miroirs griffés par des diamants.
Par ce qu'il faut savoir, c'est qu'au 19è siècle, fleurissaient les cocottes. Ce n'étaient ni plus ni moins que des femmes élégantes, entretenues par les messieurs les plus célèbres du tout-Paris de l'époque. Aujourd'hui, on les nommerait autrement...
Et comme elles étaient élégantes, elles acceptaient volontiers les cadeaux de leurs amants, et en particulier les bagues en diamants. Et comme il fallait bien vérifier qu'elles n'avaient pas monnayé leurs charmes pour rien, en un mot qu'elles ne s'étaient pas fait rouler dans la farine, elles "testaient" la véracité de leur bijou sur les miroirs du restaurant, en attendant leur galant. Ce sont ces scarifications que vous pouvez encore voir aujourd'hui...