19/0021 Cochon qui s’en dédit
Aux Halles de la Villette, les bêtes mises en vente devaient être mises en valeur. Les meilleures places étaient situées au milieu de la halle, et les numéros des emplacements étaient tirés au sort à la bourse, comme au loto, avec des boules numérotées, mises dans un panier. La vente conclue, on se tapait dans la main, et « cochon qui s’en dédit ». Même le chèque, pourtant imposé par les autorités pour les paiements, n’eut aucun succès. On préférait payer en billets de banque. Et après la vente, tous allaient fêter les transactions de la journée dans les restaurants des alentours, « Au bœuf couronné » ou au « Cochon d’or ».
19/0022 Où on tombe dans les HLM
Rue de Tanger, à l’emplacement des anciennes sucreries Lebaudy, qui façonnèrent le quartier pendant des décennies, on construisit des HLM, en 1954. Cette immense barre impressionna beaucoup les modestes habitants du quartier, qui « y tombèrent », comme ils disaient. Ils finirent par les surnommer « Le petit Chicago ». Triste constat. Actuel.
19/0023 Un palais pour des enfants d’ ouvriers
Au n°41 rue de Tanger se trouve une école un peu spéciale : alors que la population ouvrière du quartier subissait de mauvaises conditions de logement, les parents pouvaient éprouver quelque consolation à envoyer leurs enfants dans des écoles ayant figure de palais. La loi de 1881 rendant obligatoire l’école pour les enfants de sept à douze ans, le 19è arrondissement se vit gratifier de 15 établissements, construits entre 1875 et 1899. L’école de la rue de Tanger fut un prototype, dont Felix Narjoux, proche de Viollet le Duc, passionné par les constructions scolaires, profita des libertés nouvellement accordées pour améliorer les bâtiments scolaires.
19/0024 Des immeubles mystérieux
Regardez bien les immeubles du 145 rue de l'Ourcq. Ils ont l'air récents, mais finalement, imaginez vous qu'ils sont plus que centenaires et n'ont été réhabilités en immeubles d'habitation qu'en 1980. En fait, vous avez devant vous ...les anciens entrepôts de meubles des Galeries Lafayette ! Les habitués de ce magasin savent que le rayon meubles n'existe plus depuis longtemps, mais pourtant c'est bien ici qu'étaient entreposés les meubles du grand magasin. On peut d'ailleurs déceler la charpente métallique et les murs de briques, typiques des constructions industrielles de la fin du 19è siècle, date de création des Galeries Lafayette.
19/0025 Je n'ai besoin de personne en Harley-Davidson
Dans la rue de l'Ourcq, au n°94, se trouve un bar, l'un des lieux de rassemblement des "bikers", les motards adeptes de la célèbre Harley-Davidson. Ils s'y retrouvent les dimanches après-midi et on peut même assister à des concerts de rock. Ah oui, au fait, le nom du bar est "FTW", (fuck the world). Les anglophones traduiront.
19/0026 Une école à monter
Au n°78 rue Rebeval, une école d'architecture est judicieusement installée. En effet, elle occupe les anciens locaux de l'usine Meccano ! Normal pour une école d'architecture. Non ?
19/0027 Le patron s'appelle Bruno
A l'angle de l'avenue Simon Bolivar avec la rue de l'Equerre, une des rares avenues haussmanniennes du 19è arrondissement, se trouve le café Le Vosgien. Ce bar n'offre que quelques tables quand il fait beau, mais à minuit, tous les vendredis, un vieil accordéonniste, Bruno, vient jouer des airs de musette, des chansons de Brel, de Piaf, ...C'est un bistrot de copains, un vrai bistrot parisien comme on n'en fait plus, avec une très grande salle dans le fond qui donne sur les toits. Si le bistrot existe encore à l'heure où j'écris ces lignes, courez-y ! Bonne soirée assurée !
19/0028 Les bains éphémères
Au 10 rue de l'Atlas, on découvrit en 1852 une source d'eau sulfatée qu'on imagina utiliser dans le traitement des affections dermiques à l'hôpital St Louis, qui est tout proche. Mais, finalement, ce furent des thermes installés au n°6 de la rue qui débitèrent l'eau. La mairie de l'arrondissement, en 1876, prit le relais de l'exploitation des lieux en ouvrant...un casino agrémenté de piscines et de salles de bains. Curieusement, le public ne se précipita pas aux portes de ce nouvel établissement, qui fut démoli...quatre ans après son inauguration !
19/0029 La moutarde me monte au nez
Au 58 boulevard de la Villette, vous vous trouvez devant la maison Bornibus. Non, non, ce n'est pas un canular ! La maison Bornibus, entreprise familiale, a réellement existé, et c'était, sous le second Empire, le maître moutardier le plus apprécié des gastronomes.
Ils étaient nombreux à cette époque, où les fast-food n'existaient pas. Cité par Pierre Larousse dans son fameux dictionnaire, les mérites de ses condiments étaient vantés par Alexandre Dumas et Curnonsky, entre autres.
19/0030 Maman, je t'aime
Rendons-nous jusqu'au 37 rue du Plateau. Vous y trouverez un très bel immeuble en briques de deux étages. D'énormes marguerites ornent la façade de l'immeuble. Seules ou en bouquet, vous ne pouvez pas les manquer. Mais pourquoi des marguerites à cet endroit ? Pourquoi pas des enclumes, des vistemboirs, des vieillards cachochymes ou des insectes xylophages ? En fait, vous vous trouvez devant le bâtiment des archives de la Gaumont (vous trouverez ici et là le G de la marque).
Quant aux marguerites... Eh bien, si je vous dis que le prénom de la mère de monsieur Gaumont était Marguerite, vous aurez tout compris. Une autre question ?
19/0031 La télé de nos parents
Rue des Alouettes, vous pouvez encore voir une énorme antenne. Il s'agit des anciens studios de la SFP (Société Française de Production). Ils auront abrité tout l'univers et tous les métiers de la télévision des années 70: présentateurs, producteurs, artisans, costumiers, chapeliers...Jean-Christophe Averty y travailla au studio 13 pendant 20 ans. Au studio 17, c'étaient alternativement Maritie et Gilbert Carpentier, et le duo comique Roger Pierre et Jean-Marc Thibault. Le Grand Echiquier de Jacques Chancel était réalisé, quant à lui, au studio 15, sur 700m². Cette époque est révolue. Les nouveaux studios sont à Bry sur Marne. Pas de chance, je ne connais rien sur l'histoire de Bry sur Marne.
19/0032 Un immeuble qui se souvient
Au 117 de la rue de Belleville se trouve la Fondation Rotschild. Ces immeubles en brique claire font profession de foi "d'améliorer la condition des travailleurs". Cet ancien HBM (Habitation Bon Marché, ancêtre des HLM), très racé, conserve dans son entrée une plaque commémorative de la guerre 14/18: "A la mémoire des habitants de cet immeuble, morts pour la Patrie".
19/0033 Le funiculaire de Belleville
Rue Mélingue (du nom d'un artiste dramatique du 19è siècle) et de la rue de Belleville abrite un bel immeuble orné du blason de la ville de Paris, enserré dans un carré fait de faïences aux couleurs vives. C'était l'ancien immeuble du funiculaire de Belleville, propriété de la Ville de Paris, qui démarrait place du Jourdain pour arriver jusqu'à la République. Le service fut interrompu en 1920, avec l'arrivée du métro.
19/0034 Rien n'est perdu, tout se transforme
L'entreprise Mermet, vous ne connaissez sans doute pas. Et pour cause, elle a disparu à la fin du 19è siècle. On trouve son ancien siège social, magnifique, au 35 rue Clavel. L'entreprise Mermet fabriquait...des peignes! Rappelez-vous: nous sommes dans le 19è arrondissement, qui était au 19è siècle l'arrondissement des abattoirs de la Villette. Quel rapport ? Eh bien, les vaches les boeufs et les taureaux ont... des cornes ! Et les peignes de qualité sont fabriqués...en corne ! CQFD.