Anecdotes
Anecdotes 19è arrondissement



19/0009 Un p'tit tour chez MacDonald


Rien de gastronomique dans ce titre. Ce maréchal de Napoléon a donné son nom à un boulevard extérieur, connu des Parisiens pour au moins une raison: il abrite la célèbre Fourrière automobile.
Les véhicules enlevés et non réclamés dans les 48 heures dans les pré-fourrières, sont entreposées ici. C'est souvent la dernière étape avant le broyeur (45 jours de délai de grâce), ou la revente par les Domaines, si la voiture est en bon état. Après l'envoi d'un courrier recommandé, après 20 jours sans réponse, le véhicule et les objets qu'ils contient sont mis en vente. Parmi ces objets: des ordinateurs, des bijoux, des armes, des dossiers, des lettres d'amour de désespérés, des passeports, etc...
Curieusement, ce sont les véhicules les plus prestigieux (Mercedes, Porsche, Ferrari...) qui sont le moins souvent réclamés. Oubli, négligence ou plus prosaïquement véhicules volés ? Allez savoir...

19/0010 La Villette, quartier industriel

Annexé à Paris en 1860, le village de la Villette s’urbanise rapidement. De 10 000 habitants en 1830, il dépasse les 40 000 habitants en 1860. Les populations parisiennes chassées du centre de Paris par les grands travaux haussmanniens en représentent les gros bataillons. Les infrastructures y restèrent longtemps négligées, du fait des difficultés rencontrées sur ces sols mouvants. Ce n’est qu’à partir de 1873, quand l’exploitation des carrières cessa, suite à de nombreux effondrements, que commença la construction de beaux immeubles. Ce fut aussi l’époque des grands travaux, avec l’établissement du Parc des Buttes Chaumont, et celui des abattoirs de la Villette, qui ouvrirent tous deux en 1867, année de l’Exposition universelle. Dans le quartier de la Villette, trois grands faubourgs professionnels s’étaient développés : le faubourg de la viande, lié aux abattoirs généraux, avec ses fondeurs de suif, boyauderies, fabriques de saucissons et de jambons, conserveries, triperies, grossistes en cuirs frais, voire parfumeries et savonneries. Des activités périphériques se développèrent : emballages en carton ou en verre, ustensiles pour boucheries, vêtements professionnels…
Le secteur agro-alimentaire prit son essor avec les raffineries de sucre, chocolateries, conserveries, brasseries, condimenteries, biscuiteries, fabriques de pain, entrepôts de sucre, d’alcool et de grains.

Enfin, le faubourg des usines à gaz s’affirma avec l’installation des usines de goudrons, et l’industrie chimique, avec celle des encres, des huiles, des teintures, et de fournisseurs en tout genre : briquetteries, ferblantiers, chaudronniers.

19/0011 Belleville, terre d’asile

Le quartier de Belleville, beaucoup plus peuplé que celui de la Villette (75 000 habitants en 1870), est aussi beaucoup plus orienté vers l’artisanat.  Bien qu’à l’origine, les activités y furent essentiellement agricoles (vigne, fleurs), une population de boutiquiers vint peu à peu s’y installer, dès la construction du parc des Buttes Chaumont, qui attira très tôt une population bourgeoise.  Employés et ouvriers se fixèrent sur le haut Belleville. Vers 1915, la physionomie de Belleville change du fait de l’arrivée massive d’immigrés en provenance de Pologne, de Russie et d’Arménie, victimes de pogroms et de persécutions.

Avec eux se développent les métiers du cuir, et les nouveaux arrivants n’ont pas de mal à s’intégrer à un tissu déjà riche en cordonniers, bottiers et chausseurs, de souche plus ancienne. Dans les années 20, ce furent les Grecs et dans les années 30, les réfugiés espagnols et les juifs allemands. Dans les dernières décennies du 20 è siècle, les africains, du nord ou d’Afrique sub-saharienne,  les remplacèrent peu à peu. Une forte immigration asiatique (indochinoise, mais aussi chinoise, thailandaise, indienne ou pakistanaise) tend désormais à se substituer à ces  populations.

19/0012 La rotonde miraculée

La superbe rotonde que vous pouvez voir place de la bataille de Stalingrad est un des rares vestiges des barrières d’octroi de l’ancienne enceinte des Fermiers Généraux, construite sous le règne de Louis XVI par Claude Nicolas Ledoux. Devenue inutile en 1860, elle fut convertie en entrepôt à sel. On songea même à la démolir en 1865, car les nouvelles frontières fiscales étaient repoussées aux fortifications de Thiers, construites en 1841. Elle fut épargnée lors de la construction du métro aérien, et définitivement sauvée  en 1907, lorsqu’elle fut classée monument historique.

19/0013 Le cimetière caché

Depuis l’arrière-cour située entre les 45 et 49 du quai de Seine se situe l’accès à un petit cimetière juif, datant du 18è siècle. Mais il n’est pas possible d’y accéder. La plus ancienne tombe date de 1781 et c’est celle de Salomon Perpignan, fondateur de l’Académie royale de dessin, créée en 1767. La légende rapporte que depuis 1866, plus personne n’est jamais venu se recueillir sur ces tombes, qui gardent leurs secrets pour l’éternité.

19/0014 La pêche miraculeuse

Au bord du bassin de la Villette, quai de Seine, on a toujours pêché l’écrevisse, qui sort au crépuscule. Si vous en aviez parlé à l’unique ouvrier de l’usine élévatoire, il en récoltait quotidiennement de pleins paniers ! En effet, les crustacés étaient aspirés dans les conduites où passait l’eau du bassin, et se prenaient dans les grilles filtrantes.

19/0015 Place des naturalisés

La place de Bitche rappelle le souvenir de la ville lorraine de Bitche, qui résista aux Prussiens pendant la désastreuse guerre de 1870, qui amena la chute du second Empire. Pour ne pas devenir Prussiens contre leur gré, de nombreux habitants de Bitche, désormais annexée à l’Empire Allemand, demandèrent et obtinrent leur naturalisation française, notamment à la mairie du 19è arrondissement. Traditionnellement, les relations économiques étaient très fortes entre cet arrondissement à vocation industrielle et ce petit coin de Lorraine.

19/0016 E viva Espana !

Au n°8 de la rue de Nantes se trouve l’Association des Espagnols de Paris. Un endroit extrêmement accueillant où l’on peut boire l’apéritif agrémenté de chorizo. Et en fin de soirée, il y a toujours de l’ambiance avec les chanteurs et danseurs de flamenco. Olé !

19/0017 Ici, on n’a jamais cessé de se sucrer

Rue de l’Argonne se trouvait, jusque dans les années soixante, une importante raffinerie de sucre.  Depuis, elle fut remplacée par…l’Hôtel des Impôts !

19/0018 Des bains-douches particuliers

Au n°5 rue Rouvet, il y a une piscine et des Bains-Douches. Jusque- là, rien d’extraordinaire. Sauf si je vous dis qu’ils étaient fréquentés par les ouvriers des abattoirs de la Villette, qui les utilisaient quotidiennement après leur travail. Il n’y avait, en effet, aucune douche aux abattoirs. Certains ouvriers venaient se laver ici et nager par la même occasion. Après, beaucoup allaient danser, dans les nombreux bals du quartier. Ils avaient coutume de dire qu’ils menaient une vie sportive.

19/0019 La fête du bœuf gras

Les abattoirs de la Villette, ouverts en 1867, réunissaient en un même lieu les deux marchés de Sceaux et de Poissy. Dès 1868, le marché aux bestiaux devint le lieu de concours agricoles d’où partait le carnaval de Paris, en un long défilé de chars, appelé la fête du Bœuf Gras. Sur l’un des chars trônait le bœuf primé, accomplissant le trajet jusqu’à l’Opéra, accompagné de flonflons et de musique. Pour lui, c’était le dernier parcours . Il finissait rituellement dans les assiettes d’un restaurateur parisien.  En 1870, le cortège officiel se composait de 400 personnes et de chars où se mêlaient propagande et affairisme. Cette dérive provoqua un scandale et certains demandèrent au Ministre de l’Intérieur de remplacer cette fête par une distribution de pain et de viande aux familles pauvres. Finalement, on organisa, pour faire disparaître la mendicité, une cavalcade de bienfaisance de la Bouchée de Pain.

19/0020 Le temple du rock’n roll

Après la faillite et la fermeture des abattoirs, un autre monde s’installa  et l’occupation des lieux fut d’abord tournée vers la musique. Dix années de rock’n roll dans chacun des chapiteaux bondés ont ouvert la voie aux premiers grands concerts anglo-saxons en France. Les Who amorçaient le mouvement, Alice Cooper l’entérinait, les Rolling Stones, enfin, consacraient le lieu. Mais il y eut d’autres concerts comme celui de Barbara, qu’on ne reverra plus. La graine musicale prenait petit à petit, et prit définitivement  le pas sur la vocation industrielle du secteur.