Anecdotes
Anecdotes 1er arrondissement


01/0041 Une chapelle qui n'a pas de prix

La Sainte Chapelle, vous connaissez sans doute. Située au 4 boulevard du Palais, elle fut construite sur l'ordre du très pieux Louis IX, appelé aussi Saint Louis. Jusque là, rien de particulier...
Mais  voici son histoire, plutôt étonnante: de passage en France en 1237, l'empereur franc de Constantinople Beaudoin de Courtenay propose à Saint Louis de lui vendre, pour l'énorme somme pour l'époque de 35 000 livres, la plus précieuse relique de la Passion du Christ, la couronne d'épines.
En 1241, de nouveau désargenté, Beaudoin propose à son riche et crédule client un morceau de la Vraie Croix, les clous ayant servi à l'y fixer, du sang de Jésus, la Sainte Lance, la Sainte Eponge, un morceau du Saint Suaire, et un fragment du manteau de pourpre dont le Christ avait été affublé par dérision. Dépensant sans compter, Saint Louis entreprit de faire construire une chapelle reliquaire, destinée à recueillir ces trésors. Il fallait bien un superbe écrin pour abriter ces saintes reliques.
Menés sans relâche, les travaux sont achevés en 1248. La chapelle haute abrite les reliques, et c'est là que se retire le roi pour y faire ses dévotions. Elle est aussi utilisée une fois par an par le Parlement, pour la messe de rentrée de novembre.
La chapelle basse est réservée au personnel du Palais. Haut lieu de la dynastie capétienne, la Sainte Chapelle fut, bien évidemment, la cible des révolutionnaires. Ils détruisirent les sculptures des portails de la façade occidentale, mais épargnèrent curieusement les statues des apôtres de la chapelle haute. Remords ?

01/0042 Un Louvre méconnu

L'entresol et l'étage de la Grande Galerie du Louvre restèrent longtemps vides. C'est pourtant là que, quatre fois par an, se déroula jusqu'à Charles X, la cérémonie des écrouelles. Le futur Louis XIII, alors dauphin, y jouait et y fit même courir un chameau qu'on lui avait offert! Henri IV y exerçait ses chiens et y organisa même une chasse au renard. Après ces considérations animalières, en 1609, le Bon Roi Henri y installa en 1609 des logements et des ateliers pour les artistes et les artisans qu'il employait. Il leur accorda également un statut spécial, qui leur permettait d'échapper aux contraintes des corporations.

01/0043 Le palais maudit

Il ne reste du magnifique château commencé par Philibert de l'Orme pour Catherine de Médicis au lieu-dit Les Tuileries qu'un vaste jardin, les pavillons de Flore et de Marsan, ainsi que des vestiges dispersés dans l'Europe entière. Louis XV puis Louis XVI habitèrent les Tuileries. Les troubles révolutionnaires y culminèrent avec la mise à sac du château par les émeutiers, le 10 août 1792. Les Gardes Suisses qui le gardaient y furent massacrés, la famille royale fut enlevée et transférée à la prison du Temple.
En juillet 1830, le peuple en colère envahit de nouveau les Tuileries, et en chasse Charles X. Puis, le 24 février 1848, nouvelle révolution: Louis-Philippe doit s'en échapper par un passage souterrain. Enfin, le 28 mars 1871, les insurgés de la Commune l'incendient.
En décidant en 1882, de raser les Tuileries, la République voulut exorciser tout autant l'émeute populaire (on ne sait jamais...), le divorce entre les Parisiens et le pouvoir, et aussi les fastes monarchiques.

01/0044 Un coup de canne fatal

L'Hôtel de Jean-Baptiste Lully, le célèbre compositeur de ballets sous Louis XIV, se situe 45 rue des Petits Champs et 47 rue Ste Anne. Très apprécié de Louis XIV, Lully collabore avec Molière à des comédies-ballets, tel le "Bourgeois gentilhomme". Lors d'une représentation, l'Ambassadeur d'Angleterre à Paris trouva l'un de ses menuets tellement charmant qu'il décida d'en faire l'hymne de la Perfide Albion.
C'est le "God save the queen" que nous connaissons toujours aujourd'hui. Merci qui ?
Le conte de fées se termina tragiquement puisque Lully, lors d'une représentation de son Te Deum, se perfora le pied avec sa canne, en rythmant la cadence à l'orchestre. L'infection, mal soignée, l'emporta en 1687.

01/0045 Une église au destin mouvementé

L'église Notre-Dame de l'Assomption, 263 rue St Honoré, a une histoire très mouvementée; tout d'abord, le projet ne correspond pas du tout aux plans de l'architecte. En effet, Charles Errard, peintre et architecte de l"Académie de France à Rome envoie les plans de cette église depuis la Ville éternelle, où il réside, à l'entrepreneur Chéret, chargé de la construction. Mais celui-ci ne devait pas apprécier l'esthétique de l'église, car il n'en fit qu'à sa tête. Le portique à colonnes corinthiennes se trouve alors écrasé par un énorme dôme. A tel point que les Parisiens ne tardent pas à le surnommer "le sot dôme". Toujours ce goût pour les jeux de mots. De plus, Chéret "oublie" la nef et le transept...
A la Révolution, les religieuses qui y résident sont dispersées. Le couvent, qui s'étendait jusqu'au jardin des Tuileries, est transformé en caserne, puis vendu comme bien national, et détruit sous l'Empire.  L'église, convertie en magasin de décors de théâtre, devient paroisse jusqu'à la construction de la Madeleine en 1840. Depuis 1850, elle est dédiée aux Polonais de Paris.

01/0046 La place des Piques

C'est l'autre nom qui fut donné à la place Vendôme, à la Révolution.
Le 8 août 1792, menées par la pasionaria Théroigne de Méricourt, des femmes massacrent à coups de sabre neuf prisonniers royalistes, avant de promener leurs têtes au bout de piques... Ironie de l'Histoire, lorsqu'on abattit la statue royale de Louis XIV, qui trônait au milieu de la place, celle-ci écrasa une vendeuse de "L'ami du peuple", le journal de Marat.
Seul le pied de Louis XIV, qui pèse tout de même 150 kilos, a été récupéré, et il se trouve actuellement au Musée Carnavalet.