L' Histoire en chansons
La complainte de Mandrin
Parisenchansons
Auteur : INCONNU
D'après une musique de Charles-Simon Favart
Année : vers 1760

 

LA COMPLAINTE DE MANDRIN

Analyse

Louis Mandrin, comme Cartouche, fait partie de
ces bandits "au grand coeur", dont la mémoire collective a gardé un souvenir le plus souvent enjolivé.

Né en 1725, fils de François-Antoine Mandrin, négociant marchand de Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs, dans le Dauphiné, et aîné de neuf enfants, Louis Mandrin dit, selon certains, « Belle Humeur », devient chef de famille à dix-sept ans, à la mort de son père. Il est issu d'une famille établie, autrefois riche, mais sur le déclin.

 

Mandrin1

 

Il débuta sa "carrière" en commerçant pour le compte de l'armée française, à qui il devait fournir, dans un premier temps, un lot de cent mules, destinées à tracter des canons. Lors de la traversée des Alpes, il en perdit la quasi-totalité, et seules dix-sept bêtes furent livrées.

Les Fermiers Généraux, c'est à dire la Perception royale de l'époque, refusèrent de le payer. 

Le 27 juillet 1753, à la suite d'une rixe mortelle, Louis Mandrin et son ami Benoît Brissaud sont condamnés à mort. Mandrin réussit à prendre la fuite, mais Brissaud est pendu sur la place du Breuil, à Grenoble. Le même jour, Pierre Mandrin, frère cadet de Louis, est également pendu pour faux-monnayage. Mandrin déclare alors la guerre aux collecteurs de taxe de la Ferme générale.

Les fermiers généraux sont alors haïs par la population. Ils prélèvent sur les marchandises des taxes, dont la plus connue est la gabelle (taxe sur le sel), mais d'autres marchandises, comme le tabac, sont également concernées. Le système d'affermage de la collecte des taxes entraîne des abus considérables. Les fermiers généraux accumulent d'énormes richesses en ne reversant au roi que le montant convenu, parfois le quart des taxes qu'ils prélèvent.

Mandrin intègre alors un groupe de contrebandiers, se livrant en particulier au commerce illicite du tabac, mais aussi à celui du coton imprimé et d'horloges. Les contrebandiers sont actifs entre les cantons suisses, Genève, la France et les États de Savoie, alors souverains. Mandrin en devient vite le chef. Se définissant lui-même comme « capitaine général de contrebandiers de France », il a plusieurs centaines de personnes sous ses ordres – en majorité des Savoyards –, organisées comme un véritable régiment militaire.

Sa principale cible est la Ferme générale, et non le peuple. En dehors de l'organisation militaire de son groupe, C'est là l'origine de sa popularité auprès du peuple. Il use d'autres moyens pour défier l'administration. Il contraint celle-ci à lui acheter ses marchandises, et donne volontiers reçu. Il peut distribuer à l'occasion des cadeaux aux uns et aux autres. Il libère les seuls prisonniers qui sont victimes de conflits avec l'administration des impôts, et se garde de s'entourer de brigands et d'assassins. Il essaie de commercialiser sa marchandise lors de grandes ventes publiques, le plus ouvertement possible, en ayant pris la précaution de poster ses hommes tout autour du lieu où il procède afin d'éviter les mauvaises surprises.

C'est en Savoie, duché faisant à l'époque partie du Royaume de Sardaigne, qu'il a ses dépôts d'armes et de marchandises : il pense ainsi pouvoir échapper aux autorités françaises. Son aire d'influence en France va bien au-delà du Dauphiné, et couvre pratiquement les régions actuelles de Rhône-Alpes et Auvergne, la Franche-Comté, ainsi qu'une partie de la Bourgogne.

La Ferme générale, exaspérée par ce « bandit » devenant chaque jour plus populaire, demande le concours de l'armée du roi pour l'arrêter. Des troupes légères et mobiles, les fusiliers de La Morlière et les chasseurs de Fischer viennent en renfort des volontaires du Dauphiné en place. Mais Mandrin parvient à se réfugier en Savoie près des deux villes frontières de Pont-de-Beauvoisin. Les fermiers généraux décident alors de pénétrer illégalement dans le territoire du Duché en déguisant cinq cents hommes en paysans.

 

MandrinJugement

 

Ils arrêtent Mandrin au château de Rochefort-en-Novalaise, grâce à la trahison de deux des siens. Lorsque le roi Charles-Emmanuel III de Sardaigne apprend cette intrusion sur son territoire, il exige auprès de Louis XV que le prisonnier lui soit remis, ce qui est fait. Mais les fermiers généraux, pressés d'en finir avec Mandrin, accélèrent son procès et son exécution.

Après avoir été jugé le 24 mai 1755, Louis Mandrin est roué vif le 26 mai sur la place des Clercs de Valence, devant 6 000 curieux. Il aurait enduré son supplice sans une plainte et aurait même demandé qu'on poursuive sa révolte contre le fisc. (source: wikipedia)

Note: dans la chanson, il est dit qu'il fut jugé à Grenoble, et sous-entendu qu'il y fut exécuté. Il s'agissait bien de Valence. Grenoble n'a été employé que pour la rime. 

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