Auteur : JEAN-BAPTISTE CLEMENT | Année : 1866 |
LE TEMPS DES CERISES |
Analyse
Cette sublime chanson fut écrite par Jean-Baptiste Clément en 1866. Deux ans plus tard, le ténor belge Antoine Renard composa la mélodie que nous connaissons. Chanson emblématique de Commune de Paris, elle lui est pourtant antérieure de cinq ans.
Monteur en bronze, puis membre de la Commune en 1871 et maire de la Commune Libre de Montmartre, Jean-Baptiste Clément avait payé de deux ans de prison et d'exil la liberté de s'exprimer ainsi: Quand il reviendra le temps des cerises, Note: les pandores désignent les gendarmes; les chassepots, du nom de leur inventeur, sont les fusils qui équipaient l'armée française de l'époque. A ces couplets séditieux, il devait substituer, un peu plus tard, en Belgique, ceux de la version sentimentale, qu'il dédiait en 1882 à une ambulancière de la Commune et qui s'inscrivaient, selon Maurice Donnay, dans la meilleure tradition française. |
" Puisque cette chanson a couru les rues, j'ai tenu à la dédier, à titre de souvenir et de sympathie, à une vaillante fille qui, elle aussi, a couru les rues une époque où il fallait un grand dévouement et un fier courage ! Le fait suivant est de ceux qu'on n'oublie jamais : Le dimanche, 28 mai 1871 (...) Entre onze heures et midi, nous vîmes venir à nous une jeune fille de vingt à vingt-deux ans qui tenait un panier à la main. (…) Malgré notre refus motivé de la garder avec nous, elle insista et ne voulut pas nous quitter. Du reste, cinq minutes plus tard, elle nous était utile. deux de nos camarades tombaient, frappés, l'un, d'une balle dans l'épaule, l'autre au milieu du front... »
Une raison stylistique explique cette assimilation du Temps des cerises au souvenir de la Commune de Paris : son texte suffisamment imprécis qui parle d'une « plaie ouverte », d'un « souvenir que je garde au cœur », de « cerises d'amour […] tombant […] en gouttes de sang ». Ces mots peuvent aussi bien évoquer une révolution qui a échoué qu'un amour perdu. On est facilement tenté de voir là une métaphore poétique parlant d'une révolution en évitant de l'évoquer directement, les cerises représentant les impacts de balles ; balles auxquelles il est fait aussi allusion sous l'image des « belles » qu'il vaut mieux éviter. |
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