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05/0062 La rue cachée
Derrière le nom de la rue Edouard Quenu, chirurgien membre de l'Académie de Médecine et de l'Institut au début du 20è siècle, se cache une appellation bien plus poétique, bien que restant vaguement dans le domaine scientifique. En effet, cette voie s'appelait en 1182 rue de Lourcine ou rue de l'Oursine. Rien à voir avec une mammifère plantigrade, ou la femelle de l'oursin. Mais tout à voir avec le latin "locus cinerum", lieu des cendres, en souvenir de la nécropole primitive. C'était le début du vieux chemin du bourg de St Médard au bourg de Gentilly, qui au départ longeait les propriétés riveraines de la Bièvre, alors à ciel ouvert.
05/0063 Mais bon sang, ils sont sourds ?
Jusqu'en 1965, la station de métro Censier-Daubenton s'appelait Censier-Daubenton-Halles aux cuirs. Mais ce n'est pas ce qui nous préoccupe. La rue Censier remplaçait un petit cul-de-sac donnant sur la rue Mouffetard. Il était donc sans chef (sans tête, sans début, puisque cul-de-sac). Au fil du temps, l'appellation du lieu fut déformée en Sancier, puis Censier.
05/0064 La librairie diabolique
La célèbre (dans les milieux ésotériques) librairie du Docteur Parangon se trouve dans le passage du Clos Bruneau, qui communique avec la rue des Carmes et celle des Ecoles. En plus de son jardin des Hespérides, on raconte qu'elle se trouve au-dessus de l'entrée du labyrinthe de Daath, un lieu maudit qui donne sur une Anti-Terre... Brrr!
05/0065 Des chèvres à l'étage
Derrière le Collège de France, dans la rue d'Ecosse, vivait vers 1850... un berger! Mais voici son histoire. Jacques Simon, né à Bourganeuf (Creuse), avait déjà des jumeaux quand sa femme donna naissance à 3 garçons. L'Assistance Publique, apitoyée, lui fit alors don de deux chèvres (eh oui!). Huit jours plus tard, la mère et les triplés moururent, et Jacques Simon se retrouva veuf avec deux jumeaux à élever...sans oublier ses chèvres. Comme les femmes du quartier venaient régulièrement lui acheter du lait, il eut l'idée de se procurer d'autres caprins. Il se fit alors le spécialiste du lait de chèvre, spécialement pour les enfants et les malades. Tant et si bien qu'il eut bientôt un troupeau de 52 chèvres...dans son appartement, au 5ème étage, dans la rue d'Ecosse! Chaque bête avait droit à un box individuel et recevait une nourriture spéciale: carottes, foin ioduré, foin avec des herbes de menthe..., selon les malades auxquels son lait était destiné. Chaque jour, Simon allait faire paître quelques-unes de ses bêtes dans les riches pâturages de Belleville, du côté des Buttes-Chaumont.
05/0066 L'astrologue de Bonaparte
Comme tous les grands hommes qui croient en leur destinée, leur "bonne étoile", Bonaparte consultait régulièrement un astrologue. C'était un vieux bonhomme aux yeux étranges, qui habitait sur la Montagne Ste Geneviève, au 13 rue de l'Estrapade. Après sa disgrâce, c'est à dire le 9 Thermidor, Bonaparte vint le consulter. L'astrologue, un dénommé Guyon, fit alors preuve de dons de voyance extraordinaires. Qu'on le croie ou non, il lui annonça, dans l'ordre: la campagne de Russie, l'exil sur une petite île, son évasion, puis un nouvel exil et sa mort, dans une autre île, plus lointaine encore. Mais encore l'île d'Elbe, le retour de l'île d'Elbe, et Ste Hélène, cela ne vous dit rien ? En tout cas, moi, j'en reste pantois.
05/0067 Crapauds à vendre
Vous serez sans doute d'accord avec moi, les crapauds ne courent pas les rues à Paris. Et pourtant, il y a un siècle encore, les chasseurs de batraciens se ruaient du côté de la rue Geoffroy St Hilaire. Chaque semaine, un marché se tenait sur un terrain vague. Lorsqu'il avait plu les jours précédents, le marché était fort animé, et la marchandise très abondante. Les premiers clients de ce marchés étaient les maraîchers anglais, qui demandaient aux crapauds de les débarrasser des mouches, limaces et autres bestioles néfastes pour l'agriculture. Ils furent bientôt suivis par les jardiniers parisiens et des environs, qui protégèrent ainsi leurs poireaux et leurs salades. Quelques britanniques adoptèrent des crapauds français en tant qu'animaux domestiques, et les diseuses de bonne aventure et les tireuses de cartes s'y intéressèrent aussi. En 1877, le cent de crapauds valait jusqu'à 75 francs à Paris, et 90 francs à Londres. Aujourd'hui, le marché aux crapauds a disparu. Quel dommage !
05/0068 La meilleure des protections
Les deux grands vantaux de bois du portail de l’église St Séverin étaient autrefois recouverts de …fers à cheval, cloués à même le bois ! Pourquoi ce rite étrange ? Il s’agissait des fers des montures que les voyageurs venaient déposer là, après avoir remercié St Martin d’avoir veillé sur eux, pendant leurs pérégrinations. Car c’est sur l’emplacement d’un oratoire dédié à St Martin, patron des voyageurs, que fut édifiée l’église St Séverin, en l’honneur de Séverin le Solitaire, le précepteur du petit-fils de Clovis. Donc, certains voyageurs revenus sains et saufs de leur voyage clouaient des fers à cheval, et ceux qui partaient allaient faire rougir au feu la clef de la chapelle St Martin, dans l’église, pour marquer au fer rouge la croupe de leur monture, comme une protection sacrée.
05/0069 Un lancer de hache fondateur
L’église St Etienne du Mont aurait, selon la légende, doit sa longueur à un lancer de hache effectué par Clovis. Le vainqueur des Wisigoths , après avoir fait mordre la poussière à Alaric II, près de Poitiers, décida de fonder une basilique placée sous l’invocation des apôtres Pierre et Paul. Arrivé sur le point culminant de la capitale d’alors, au milieu des vignes, le roi catholique propulsa sa hache devant lui, à quelque soixante-quinze mètres. Il fallut néanmoins attendre 1626 pour que l’église fût consacrée par l’archevêque de Paris. Ce jour-là, deux petites filles tombèrent d’une galerie du chœur. Elles se relevèrent saines et sauves. Hasard ?
05/0070 Ouf !
Le cimetière de l'église St Séverin fut le théâtre, en 1474, d'une grande première chirurgicale. On y pratiqua ce que l'on appelait alors l'opération de la "taille", c'est à dire une incision de la vessie pour en extraire un calcul, que l'on connaît de nos jours sous le nom poétique de cystotomie.
Comme on ne savait pas, à l'époque, comment pratiquer cet acte, les chirurgiens demandèrent à Louis XI l'autorisation de faire un essai sur un sujet...vivant ! Le choix se porta sur un archer, condamné à mort et malade de la pierre. Il fut convenu que, si l'opération réussissait, l'archer aurait la vie sauve.
Les galeries du charnier de St Séverin furent choisies pour pratiquer cette opération car elles étaient couvertes, spacieuses et de plus, proches de la fosse commune. On n'est jamais trop prévoyant...
Epilogue: l'opération réussit, l'archer fut gracié, et toucha même une petite somme d'argent. Ouf, vous dis-je !