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Ça s'est passé à Paris un 13 septembre

Écrit le lundi 11 septembre 2017 05:18

lundi, 11 septembre 2017 05:18

Ça s'est passé à Paris un 13 septembre

Le 13 septembre 1894

Un grand compositeur s'en va



Né en Auvergne en 1841, fils unique d’un père avocat et d’une mère plutôt mondaine qui l’adorent tous deux, Emmanuel Chabrier débute le piano à 6 ans. En 1856, la famille s’installe à Paris afin qu’Emmanuel suive ses classes au lycée Saint-Louis. Ses professeurs tempèrent mal sa joie de vivre et son humour volontiers bouffon, dont témoignent les titres de ses premières oeuvres pour piano : Aïka, polka-mazurka arabe, ou encore Le Scalp !!!

En bon fils de famille, Chabrier fait son droit puis entre en 1861 au Ministère de l’Intérieur. En parallèle, il s’initie à l’art lyrique en recopiant les partitions de Berlioz et de Wagner, fréquente assidûment les salons où se rencontrent les poètes parnassiens et hante les ateliers d’artistes. Il se lie durablement avec Verlaine, Catulle Mendès, Villiers de l’Isle-Adam et Jean Richepin, qui le sensibilisent à l’art de la mélodie, mais aussi avec Manet et Degas. Ce dernier le représente dès 1868 dans son tableau L’Orchestre. Le jeune célibataire perd ses parents en 1869 et emménage avec sa chère nourrice dans le quartier des Batignolles. La guerre franco-prussienne et la Commune n’interrompent guère ses activités, en particulier au Cercle de l’Union artistique où il donne deux opérettes, Le Service obligatoire puis Fisch-Ton Kan, cette dernière sur un livret de Verlaine. Créé par Hervé et Offenbach, le genre bouffe connaît un grand succès public depuis le Second Empire.

En 1873, il pose pour Un bal masqué à l’Opéra de Manet et dédie son Impromptu à la femme du peintre. Cette année-là, il se marie avec Alice Dejean, à qui il vouera toute sa vie une fidèle affection. Le couple s’installe dans le quartier de l’Europe, où naîtront leurs deux fils et où ils reçoivent poètes et peintres, dont Chabrier collectionne les oeuvres. Alors que parutions musicales et créations s’enchaînent au Cercle de l’Union artistique, Chabrier est toujours fonctionnaire. Cela ne l’empêche pas d’être admis, à 35 ans, comme membre actif de la Société nationale de Musique (SNM), association créée par Saint-Saëns en 1871 pour promouvoir les compositeurs français. S’il peine à être pris au sérieux par les institutions, Chabrier est apprécié par ses pairs, autant pour son talent singulier que pour son tempérament chaleureux.

En 1877, deux événements l’arrachent à son apparent amateurisme. Enoch et Costallat deviennent ses éditeurs et se dévoueront à la promotion de sa musique. Surtout, le 28 novembre, L’Etoile est créé aux Bouffes-Parisiens devant un large public. Le succès n’est pas au rendez-vous car la partition paraît trop complexe pour une opérette. Mais Chabrier est mûr pour l’opéra et entreprend plusieurs projets avec des librettistes en vue. Jules Clarétie et Louis Gallet ne donneront pas suite, tandis que Mendès mènera à terme sa collaboration à Gwendoline.

En 1880, un an après la création d’Une éducation manquée au Cercle de l’Union artistique, Chabrier entre dans sa quarantième année et c’est le choc : lors d’un séjour à Munich avec Duparc, il entend Wagner pour la première fois. Il faut dire que le maître de Bayreuth est proscrit sur les scènes françaises depuis que la création parisienne de Tannhäuser a fait scandale en 1861. La découverte de Tristan et Isolde décide Chabrier à se consacrer entièrement à la composition, ce qui ne l’empêchera pas d’en tirer une parodie en forme de quadrille, Souvenirs de Munich. Il écrit les Trois valses romantiques et les Pièces pittoresques puis quitte le Ministère après vingt ans de service. C’est à cette époque que, par deux fois, Manet fait son portrait : un pastel et une peinture à l’huile (aujourd’hui respectivement à Ortrupgaard au Danemark et à Cambridge).

Entre deux voyages destinés à écouter la tétralogie à Londres puis à Bruxelles, Chabrier passe le dernier trimestre de 1882 en Andalousie. L’année suivante, la création d’España, rapsodie pour orchestre au Théâtre du Château d’Eau est un triomphe. Le grand public s’enthousiasme pour ce compositeur jusqu’alors confidentiel. Le succès le dope. Il s’installe en famille avenue Trudaine, dans le quartier de la Nouvelle Athènes qu’il ne quittera plus, composant l’été dans sa villégiature de Touraine et passant l’hiver à animer ateliers et banquets de sa verve pianistique, et à seconder d’Indy à la SNM et Lamoureux dans l’organisation des Nouveaux Concerts.

En 1885, Lamoureux crée la scène lyrique de La Sulamite tandis que le Salon expose Autour du piano de Fantin-Latour, où l’on reconnaît Chabrier assis à l’instrument. L’année suivante, à quarante-cinq ans, le musicien peut croire à sa bonne étoile : Gwendoline est monté à la Monnaie de Bruxelles, le plus créatif des théâtres d’Europe. Et Le Roi malgré lui est reçu à l’Opéra Comique ! Mais Chabrier n’a pas de chance avec l’art lyrique : malgré le succès, Gwendoline est victime de la faillite du directeur de la Monnaie, tandis qu’après trois représentations du Roi malgré lui, le théâtre de l’Opéra Comique est ravagé par un incendie le 25 mai 1887.

Chabrier dirige régulièrement ses oeuvres en province (Angers, Toulouse, Bordeaux) mais ses projets parisiens piétinent. En Allemagne, au contraire, des artistes se dévouent pour le plus authentique des compositeurs français post-wagnériens. A la fin des années 1890, le ténor Van Dyck et les chefs Mottl, von Schuch et Levi (celui qui créa Parsifal) font acclamer Gwendoline et Le Roi malgré lui à Karlsruhe, Leipzig, Dresde et Munich. En 1890, entre frustration hexagonale et succès germaniques, le compositeur crée ses Romances zoologiques au Théâtre du Vaudeville.

En 1891, la mort de sa nourrice le bouleverse. Les difficultés scolaires de ses enfants et la faillite de son banquier accroissent sa neurasthénie tandis que se précisent les symptômes (paralysie, amnésie) de la maladie qui l’emportera. Finir son opéra Briséis, commencé en 1888, devient une obsession. Tourmenté par les médecins et les librettistes, il s’intéresse pourtant aux jeunes et encourage Bruneau, Debussy, Ravel et Charpentier à leurs débuts. Grâce à l’appui obstiné de son ami Charles Lecocq, le créateur de La Fille de Madame Angot, Gwendoline est enfin donné à l’Opéra de Paris fin décembre 1893. Trop tard : le compositeur ne reconnaît plus sa musique. Chabrier meurt le 13 septembre 1894, à 53 ans. Dix-huit mois plus tard, sa collection est vendue à l’Hôtel Drouot. Quant à Briséïs, l’opéra inachevé, Vincent d’Indy puis Claude Debussy tâcheront de le terminer, mais en vain.
Plus d’infos sur Wikipedia : Querelle des Bouffons
Mort, renommée, œuvre

Rameau a répondu pied à pied sans jamais désarmer à tous ceux qui l’attaquaient. À plus de quatre vingt ans, il compose sa dernière tragédie en musique, Les Boréades, œuvre d’une grande nouveauté mais qui n’est plus dans le goût de l’époque. Elle ne sera d’ailleurs pas représentée car il meurt le 12 septembre 1764 avant la fin des répétitions : il faudra attendre 1982 pour l’entendre enfin !
Après la disparition du compositeur, la musique française (François-Joseph Gossec, François Adrien Boieldieu...) subit toutes les influences de l’étranger, notamment de Christoph Willibald Gluck et des Italiens. Il faudra attendre le milieu du XIXème siècle pour assister à un renouveau avec Hector Berlioz et Charles Gounod.
Quant à Rameau, après avoir déclenché tant de tumulte, ses opéras tombent dans l’oubli, même si l’homme demeure une gloire nationale : une rue de Paris lui est dédiée dès 1806, sa statue trône dans le grand vestibule de l’Opéra Garnier conçu en 1861. Cependant, c’est seulement au début du XXème siècle qu’il est remis à l’honneur avec la réhabilitation du baroque français. Il bénéficie alors du sursaut nationaliste provoqué par les conflits franco-allemand de 1870 et 1914 : « La musique française, c’est la clarté, l’élégance, la déclamation simple et naturelle ; la musique française veut avant tout faire plaisir. François Couperin, Rameau, voilà de vrais Français ! » (Achille Claude Debussy : écouter Hommage à Rameau).
Mais en dehors de tout argument « politique », c’est surtout pour leurs qualités musicales que les pièces instrumentales de Rameau seront à nouveau proposées au public, et que, à partir des années 1950, bénéficiant du regain d’intérêt pour la musique ancienne, ses opéras retrouveront peu à peu leur place au répertoire. Signalons notamment le succès obtenu par la reprise des Indes galantes à l’opéra en 1952 : écouter le Tambourin (acte I, scène 6) puis l’air Clair flambeau du monde (acte II, scène 5).
L’Hymne à la Nuit est-il de Rameau ?
Hé non… le célèbre Hymne à la nuit, remis à l’honneur par le film Les Choristes, n’est pas tout à fait de Rameau. Il s’agit d’une adaptation réalisée par Joseph Noyon (paroles d’E. Sciortino) à partir d’un chœur de prêtresses extrait de l’Acte I (scène 3) d’Hippolyte et Aricie.

écouter l’original :

Rendons un éternel hommage
À la divinité qui règne sur nos coeurs.
Mais pour mériter ses faveurs,
N’offrons à ses autels que des coeurs sans partage.

écouter l’adaptation, qui en est très éloignéee :

O Nuit! Qu’il est profond ton silence
Quand les étoiles d’or scintillent dans les cieux.
J’aime ton manteau radieux,
Ton calme est infini, ta splendeur est immense

On ne peut pas terminer sans mentionner les Pièces de clavecin en concert, publiées en 1741, seul exemple de musique de chambre du compositeur. Elles ont été composées en pleine maturité, pendant sa semi-retraite des années 1740. Encore une fois, Rameau innove par rapport aux sonates à trois italiennes où le clavecin joue la basse chiffrée. Là, comme le titre l’indique, il tient une vraie partie qui concerte véritablement avec les autres instruments (violon ou flûte, et viole). L’œuvre comporte vingt morceaux, rassemblés en cinq concerts comprenant de 3 à 6 pièces aux noms parfois énigmatiques : écouter un extrait de La Cupis puis un extrait de La Marais.

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