La musique de cette chanson a, tour à tour, été attribuée à Eustache de Caurroy, maître de la chapelle royale sous Henri IV, et à Gilliers, fournisseur attitré du vaudeville.
Quant aux paroles, elles auraient été improvisées au cours d’un dîner, par Antoine de Bourbon, roi de Navarre, qui habita le château de Bonne-Aventure, où serait l’œuvre de Ronsard qui y vint rendre visite au père d’Henri IV. Le château existe toujours, dans les environs de Vendôme, et le gué a donné son nom à un village, Le Gué du Loir.
Dès la fin de la Guerre de Cent ans, le pays bénéficie du calme rétabli. Le commerce réapparait sur des routes qui se développent ; hommes et marchandises empruntent le gué du Loir pour aller du Perche et du Vendômois vers la Touraine ; un droit de péage est sans doute perçu sur le Boulon.
Les Rois de France Charles VIII, Louis XII et François Ier aiment le Val de Loire : leur Cour, itinérante, est souvent installée à Blois, qui devient le centre politique du Royaume : le Vendômois, tout proche de Blois, devient ainsi un lieu privilégié où les membres de l’entourage du Roi peuvent se constituer des domaines : le pays se couvre de châteaux et manoirs appartenant aux proches du Roi de France. C’est de cette époque que date le logis seigneurial de la Bonaventure. La paix religieuse est instaurée en 1598 par l’Edit de Nantes. Le Roi Henri IV met fin aux guerres de Religion et rétablit la paix religieuse ; sous sa houlette, la prospérité revient en France, dans le Vendômois et au manoir de la Bonaventure.
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Roi pacificateur et aussi Roi autoritaire, fondateur de l’idée de la monarchie absolue de droit divin, Henri IV assoit son pouvoir en France et en installant à son service de petits nobles et en leur donnant des charges.
Ainsi le fit-il pour les Musset, propriétaires de la Bonaventure dès 1537, qui furent d’abord juristes (lieutenants du Bailli de Blois), puis accédèrent à partir du XVIIème siècle à une petite noblesse d’épée (capitaines des régiments royaux).
A partir de cette époque, l’histoire de la Bonaventure se confond avec celle de la famille Musset, propriétaire du Manoir entre 1537 et 1847.
Le sort que Molière lui a fait dans le Misanthrope a beaucoup contribué à sa popularité.
Mais après Molière, Alfred de Musset a tout naturellement rendu hommage à cette chanson :
Tournez-vous là, mon cher, comme l’héliotrope, Qui meurt les yeux fixés sur son astre chéri, Et préférez à tous, comme le Misanthrope, La chanson de ma mie et du bon roi Henri.
Rappelons également que c’est sur le même air que Victor Hugo écrivit, pour être chanté, « S’il est un charmant gazon », dont Saint Saëns devait faire une mélodie en 1915 et Jules Lemaire « Le petit vin de chez nous est chose légère ».
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