09/0031 Le rendez-vous des peintres
La place Pigalle, du nom d'un sculpteur, a bien mauvaise réputation. Prostituées, truands et souteneurs s'y sont installés depuis l'époque où Montmartre devint à la mode, à la fin du 19è siècle. Mais le quartier attira aussi de nombreux artistes peintres, inspirés par le lieu. Ainsi, au n°11 de la place, Puvis de Chavannes, Isabey et Boldini y avaient un atelier. Le café de la Nouvelle Athènes, au n°9, abritait les impressionnistes, en lutte contre l'académisme. Deux tables étaient toujours réservées pour Manet, Degas, Renoir, Pissaro et Rafaelli. C'est là que Degas situe son tableau "L'absinthe", visible aujourd'hui au Musée d'Orsay.
09/0032 Les premiers HLM
Les cités ouvrières furent créées pour abriter la main d’œuvre nécessaire aux grands travaux haussmanniens. De plus, les ouvriers expulsés du centre ville sont logés dans ces immeubles à loyer réduit. La Cité ouvrière de la rue Rochechouart, construite par Fourier, est baptisée Cité Napoléon, en 1853.
600 personnes furent logées dans 200 appartements, surveillés par un gardien. Car, à cette époque, on confondait facilement vice et pauvreté…
09/0033 Les femmes nous font perdre la tête, c'est bien connu...
Le 28 novembre 1887, au 52 rue de Caumartin, un cambrioleur est arrêté. L'affaire serait banale si le cambrioleur en question, un certain Prado, qui se prétendait comte, n'était en réalité beaucoup plus que cela. Aventurier sans foi ni loi, souteneur, c'était aussi un criminel. Il finira par avouer le meurtre de Camille Aguitant, danseuse à l'occasion, mais prostituée de profession. Celle-ci, bien imprudemment, n'hésitait pas à exhiber de manière ostentatoire les bijoux que lui offraient ses nombreux amants, dont une rivière de diamants d'une valeur de 7 000 francs, somme considérable à l'époque. Il n'en fallait pas plus pour que notre faux comte passe à l'acte. Ironie de l'histoire, c'est l'une de ses anciennes maîtresses qui le dénonça. Ne rendez pas les femmes jalouses... Prado fut guillotiné le 28 décembre 1888.
09/0034 L'avenue sans arbres
Ce qui différencie les rues des avenues, à Paris, c'est la présence ou non d'arbres. Ainsi, les avenues sont sensées être arborées, les rues, non. mais comme partout, il y a des exceptions, qui confirment la règle.
Par exemple, les rues Ordener, des Pyrénées, de Tolbiac, d'Alésia, de la Convention, sont bordées d'arbres. Mais le 9ème arrondissement abrite la seule avenue de Paris dépourvue de végétaux: il s'agit tout simplement de l'avenue de l'Opéra. Mais pourquoi, me direz-vous ? Eh bien, Charles Garnier, l'architecte de ce superbe bâtiment, souhaitait qu'aucun obstacle, quel qu'il soit, ne vienne entraver la vue de son chef d'oeuvre.
09/0035 Accès interdit
Depuis que son accès sur la place Pigalle a été muré, l'avenue Frochot est devenue une impasse privée, bordée de très belles maisons cossues aux architectures néo-antiques, palladiennes ou médiévales. L'endroit mérite vraiment que vous y jetiez un coup d'oeil, à travers la grille. Alexandre Dumas père y habita, Toulouse-Lautrec y posséda son dernier atelier et le compositeur Victor Massé y mourut en 1884.
09/0036 Londres à Paris
Haut lieu du quartier de la Nouvelle Athènes à l'époque du Romantisme, le square d'Orléans, auquel on accède par le 80 rue Taitbout, fut réalisé par l'architevte anglais Edward Cresy dans les années 1830. Il lui fallut 12 ans pour terminer la construction de 46 appartements et 6 ateliers d'artistes. Mais l'aspect londonien de l'ensemble plut immédiatement. Un phalanstère d'artistes, que le calme du lieu inspirait, s'y installa: Chopin au n°9, et George Sand au n°5.
09/0037 Le Château Blanche
Rien à voir avec une quelconque demeure seigneuriale. Mais plutôt avec le cru produit par les pompiers de la caserne de la rue Blanche. Viticulteurs d'un jour, ils ne produisent chaque année qu'une trentaine de bouteilles, à consommer avec modération, bien entendu.
09/0038 Les musiciens n'aiment pas se faire sonner les cloches
L'église Saint Eugène/Sainte Cécile, au 6 de la rue Ste Cécile, présente une particularité assez rare, sinon unique en son genre: elle ne possède pas de clocher. Sainte Cécile est la sainte patronne des musiciens, et l'église jouxte l'ancien Conservatoire National de Musique. C'est pour ne pas perturber les accords des musiciens qu'aucune cloche ne rythme la journée de cette curieuse église.
09/0039 Quand la rue St Lazare descendait d'un étage
Vous le savez, le sous-sol de Paris est un vrai gruyère, plein de vide... Les anciennes carrières exploitées depuis l'antiquité n'avaient pas été comblées, et on avait construit, au fil des siècles, sur des trous. A tel point que certains lieux de la capitale, plus fragilisés que d'autres, s'effondrèrent brutalement sous leurs habitants ! Ainsi, en 1910, la rue St Lazare... Il faut dire que les célèbres et spectaculaires inondations du mois de janvier de la même année n'ont certainement pas arrangé les choses...
09/0040 Un passage éclectique
Le passage de l'Opéra, ouvert entre le boulevard des Italiens et la rue Le Pelletier de 1822 à 1925, était formé de trois galeries: la galerie du Baromètre, celle du Thermomètre et la galerie de l'Horloge.
Il faisait partie des quelque 150 passages alors ouverts dans Paris, en 1870. On y trouvait des commerces étonnants: le bal d'Idalie, un gymnase pour enfants, un Europorama, sorte de salle de spectacle d'optique, une marchande de mouchoirs, une boutique noire, siège du "Journal des Chambres de Commerce", une autre colorée qui vendait...des couleurs, une modiste, un orthopédiste-bandagiste, un marchand de champagne, des marchands de cannes et de béquilles, de ventouses, de crayons anti-migraine, de bandages herniaires, des sous-vêtements, des ceintures pour femmes, de clystères, de fumigateurs, de canules et de seringues, de bouillottes, d'oeillères et de tubes à essai ! Un véritable inventaire à la Prévert.