Vie quotidienne à Paris
L'hygiène au Moyen-âge (5)

L'hygiène personnelle


La médecine médiévale a beaucoup fait pour diffuser les pratiques d'hygiène dans la société, et pas uniquement dans le monde aristocratique. 
La propreté compte déjà dans l'image que l'on donne de soi. Elle fait partie des civilités. Ainsi, les médecins conseillent de se nettoyer les dents tous les jours et de se laver les cheveux une fois par semaine, ni plus, ni moins.

L'une des motivations de l'hygiène est la préservation de la santé. Celle-ci est fonction de l'équilibre des humeurs, classées en quatre catégories: le chaud, le froid, le sec, l'humide. Toutes les maladies chaudes et sèches, telles les fièvres, doivent être équilibrées par des principes humides, et les médecins prescrivent donc des bains pour presque toutes les affections.


Se baigner


Particulièrement appréciés, les bains tiennent une place essentielle dans la vie médiévale, médicalisée et ritualisée. Le bain se pratique à tout âge, mais selon des rythmes différents. Les bébés sont lavés jusqu'à plusieurs fois par jour, devant la cheminée. Les femmes enceinte, les malades âgés, sont plongés dans des décoctions d'herbes médicinales.

Les établissements de bains ne manquent pas; des étuves sont ouvertes dans tous les quartiers des cités, mixtes jusque dans les premières années du XVè siècle. Si certains n'ont pour but que de permettre de se laver, d'autres proposent des eaux curatives. Les villes d'eaux, très courues, sont organisées pour accueillir les baigneurs, avec chambres d'hôtel et cabines de bain, ce dès le XIIè siècle, comme à Bourbon l'Archambault ou à Plombières.

Il existe aussi des bains de plaisir, dans des maisons spécialisées, "les bordels", un terme médiéval, et des bains rituels, comme celui donné au chevalier avant son adoubement ou à la femme qui effectue "ses relevailles", trente à quarante jours après son accouchement.

Si les habitants des châteaux et les plus aisés des citadins possèdent des baignoires qui sont dressées dans leur chambre à coucher chauffée ou dans la cuisine, les ruraux ne jouissent pas d'un tel luxe. Mais ils peuvent se laver dans leur cuveau à lessive. Hommes et enfants aiment aussi nager les uns dans les fossés qui entourent les cités, les autres dans les étangs et les rivières proches de leurs champs autant par plaisir que pour se dépoussiérer.

          


Se laver


L'exigence de propreté corporelle des ruraux est certainement moindre qu'en ville. Néanmoins, il est prescrit à tout un chacun de se laver les pieds le soir, les mains avant et après chaque repas, ainsi que le matin au réveil, en même temps que le visage.

Une fois par semaine au mieux, les gens du peuple vont aux bains publics ou chez le barbier, pour se faire raser et laver les cheveux. L'hygiène n'est pas inconnue des paysans: leurs inventaires montrent qu'ils possèdent des cuvettes et des serviettes de toilette. Ils sacrifient à l'hygiène dans le cadre même de leur travail: ainsi est-il exigé des vignerons qu'ils soient propres avant de monter, demi-nus, dans la cuve où l'on foule le raisin. 
D'autres professions respectent l'hygiène pour des raisons rituelles: le chirurgien doit se laver les mains avant d'opérer, comme le prêtre avant de dire la messe. Au XVè siècle, celui-ci est même invité à se baigner pour cette occasion.

Propreté et pureté ne sont, au Moyen-âge, qu'un seul et même terme.



Pains de savon et petit-lait

Les accessoires de toilette sont nombreux. Si le rasoir est par nature un outil professionnel, chacun peut néanmoins en acheter à un mercier ambulant, qui diffuse jusque dans les campagnes l'usage du petit miroir, de la pince à épiler, du cure-oreille ou de l'aiguille à usage de cure-dents.

Chez l'épicier ou l'apothicaire, le citadin peut acheter du savon "sarrasin" (noir) ou "français" (blanc), en pâte molle ou en pain, frappé d'une croix. Le savon est surtout à usage médical; pour l'hygiène courante, on emploie plutôt des plantes saponifères. 

Pour nettoyer l'épiderme mis à mal par le soleil ou par un maquillage agressif et adoucir la peau, les coquettes font usage d'éponges imbibées de suc de graines de melon. Pour se blanchir la peau, elles le sont de petit-lait; pour se laver, du savon. Dans sa baignoire en douve de bois, le baigneur utilise à cette fin une éponge emmanchée pour se frotter commodément le dos.