Les emprisonnés célèbres de la Bastille
Le dernier Gouverneur de la Bastille est sans doute le plus célèbre d'entre tous. Monsieur le marquis Jourdan de Launay, est lui-même né en 1740 à la Bastille, d'un père déjà Gouverneur en 1718. Il finira sa vie, massacré par la populace ainsi que presque toute la garnison de la Bastille, le soir du 14 juillet 1789, malgré la promesse qu'il ne serait fait aucun mal à ses soldats.
Le Maréchal de Bassompierre, emprisonné de 1631 à 1643, sur l'ordre de Richelieu, qui ne supportait plus ses intrigues. Lorsqu'il fut libéré, il fut présenté au roi Louis XIII qui lui demanda son âge. Il en avait 64, mais en accusa 52: "Sire, dit-il, je retranche les 12 années passées à la Bastille parce que je ne les ai pas employées au service de Votre Majesté". On avait de la classe en ce temps-là...
Le 20 juin 1663, le Surintendant Nicolas Fouquet y fut écroué avec son médecin particulier et son valet de chambre. Destitué et arrêté sur l'ordre de Louis XIV en 1661 pour malversations, condamné à la confiscation de ses biens et au bannissement hors du royaume, il vit sa peine élargie par le roi, en vertu de ses pouvoirs de justice, à l'emprisonnement à vie. Il ne resta que peu de temps à la Bastille, et finira sa vie à la forteresse de Pignerol en 1680.
Nicolas Fouquet
Cette même année 1663 vit entrer à la Bastille le trésorier de l'Epargne de la Bazinière, qui donna son nom à une tour, et de Guénégaud, qui donna son nom à une rue. Le comte de Bussy-Rabutin, lieutenat-général des armées y fut enfermé en 1665 pour avoir écrit "Les amours des Gaules", où foisonnaient les allusions trop claires à la liaison entre Louis XIV et Madame de La Vallière.
Le chevalier Louis de Rohan, fils cadet du prince de Guéménée, colonel des Gardes de Louis XIV, criblé de dettes et amant prolifique, eut la mauvaise idée d'entrer en complot avec Lautréamont, pour livrer Quilleboeuf aux Hollandais, et soulever la Normandie. Il fut incarcéré à la Bastille en 1674' et décapité dans la même année, pour haute trahison. L'affaire des poisons, commencée en 1663 avec la détention de l'Italien Exili et du chevalier de Sainte-Croix. Ce dernier, libéré au bout de six semaines, transmit à sa maîtresse la marquise de Brinvilliers son savoir acquis auprès d'Exili. En 1680, ce fut naturellement le tour de l'instigatrice de cette affaire, l'empoisonneuse Voisin, brûlée vive en Grève le 23 février 1680. En 1698, un mystérieux prisonnier fut transféré de Pignerol à la Bastille. Son nom resté secret, son visage toujours recouvert d'un masque, protégé par le Gouverneur, Monsieur de Cinq-Mars, son histoire passera à la postérité sous le nom du Masque de Fer.
Voltaire fut enfermé à la Bastille le 17 mai 1717, pour avoir affirmé, à tort, que le Régent avait entretenu des relations incestueuses avec deux de ses filles. Il n'avait alors que 23 ans et ne s'appelait encore qu'Arouet. Remis en liberté le 11 avril 1718, avec une médaille d'or que lui avait fait remettre le Régent, jointe à une pension de 400 écus, portée plus tard à 2 000 livres, il alla le voir et lui dit: "Je remercie votre Altesse Royale de ce qu'elle veut bien se charger de ma nourriture, mais je la prie de ne plus se charger de mon logement". Il retourna une seconde fois à la Bastille, le 28 mars 1726, pour avoir provoqué en duel le chevalier de Rohan-Chabot, qui l'avait fait bastonner par ses laquais. Il n'y resta qu'un mois, jusqu'au 29 avril suivant, ayant demandé à passer en Angleterre, ce qui lui fut accordé.
L'amiral de la Bourdonnais, ancien Gouverneur des Iles de France et de Bourbon, dont il avait développé la prospérité, et vaincu les Anglais à Madras, y fut aussi emprisonné quatre ans, en raison de ses démêlés avec Dupleix.
Le cas de Latude est particulier. Jeune homme sans le sou, il expédia à Madame de Pompadour, en 1749, un petit colis contenant des produits aussi mystérieux qu'innofensifs. Il lui expédia parallèlement un courrier lui annonçant qu'on allait lui envoyer un paquet explosif destiné à attenter à ses jours. Démasqué par Berryer, le Lieutenant de police, il fut envoyé par lettre de cachet à la Bastille. Transféré quelques mois plus tard au donjon de Vincennes, il parvint à s'en échapper le 15 juin 1750. Repris, il fut remis à la Bastille et gardé très étroitement. Cela ne l'empêcha pas, avec un autre détenu, de s'évader une seconde fois, à l'aide d'une très longue échelle confectionnée avec du linge défilé fil à fil, dans la nuit du 25 au 26 février 1756. Il sera repris, puis transféré une nouvelle fois au donjon de Vincennes...
Le comte Lally-Tollendal, brillant défenseur des comptoirs français des Indes face aux Anglais, avait dû se rendre, après le siège héroïque de Pondichéry. Il avait obtenu de leur part sa mise en liberté sur parole pour se rendre à Paris, afin de repousser les calomnies répandues contre lui. A son arrivée, on l'embastilla le 1er novembre 1762. Après un procès qui dura plus de 3 ans, il fut condamné à mort et décapité le 9 mai 1766. Il fut le dernier prisonnier à quitter la Bastille pour l'échafaud. Il fut réhabilité en 1788, par Louis XVI.
L'affaire du collier de la reine envoya à la Bastille la plupart de ses comparses. Ce complot fut monté pour discréditer la reine Marie-Antoinette. Le cardinal de Rohan y fut envoyé le 16 août 1785; le 18, ce fut au tour de comtesse de la Motte. Puis le mystérieux Cagliostro, et en octobre, la baronne d'Oliva et son amant, Jean Beausire; enfin, en mars 1786, Rétaux de Villette. Tous furent libérés le 31 mai 1786. Le licencieux marquis de Sade, qui fut successivement emprisonné depuis 1768 à Vincennes, puis Saumur, Lyon, à Miollans en territoire Sarde, de nouveau à Vincennes, fut finalement transféré à la Bastille le 29 février 1784.
Une seule personne entra à la Bastille entre le 1er janvier et le 14 juillet 1789. Ce fut Révillon, le fabricant de papiers peints du faubourg St Antoine, venu y chercher volontairement asile, le 1er mai, après que sa fabrique eut été mise à sac lors d'une émeute. Il y resta 28 jours.
La fin de la Bastille
Dans la journée du 13 juillet 1789, la foule parisienne, agitée par les harangues de Saint Just au Palais-Royal, était composée de deux éléments fort différents. D'une part, une cohue déguenillée formée de ceux qu'on appelait "les brigands". C'était la lie de la population qui, armée de piques et de gourdins, s'occupa de mettre à sac les bureaux d'octroi placés aux portes de Paris, à piller les boulangeries, les marchands de vin, les armureries, à menacer les passants, à attaquer la prison de la Force et la Maison Saint Lazare, à saccager la demeure du lieutenant de police Thiroux de Crosne, et à dévaster le Garde-meuble.
D'autre part, et pour mettre un terme aux excès des précédents, le milice bourgeoise, constituée ce jour même par douze cents citoyens qui s'étaient rassemblés au Petit Saint Antoine, dans le but de mettre de l'ordre dans la ville, puisque le gouvernement de Louis XVI n'était pas intervenu. Il fut prescrit à ceux-ci de porter les armes qu'ils pourraient se procurer, à l'exception des pistolets, "armes dangereuses", et de patrouiller dans les rues afin d'apaiser et de désarmer ces redoutables bandes d'irréguliers.
Mais les armes manquaient. Il fallait s'en procurer; les brigands pour piller et violenter, les milices pour rétablir l'ordre. Ils se rendirent, au matin du 14 juillet, aux Invalides, où 24 000 fusils et 24 canons furent récupérés, malgré l'opposition du Gouverneur, Monsieur de Sombreuil. Et comme le bruit courait qu'il y en avait d'autres à la Bastille, on cria: "A la Bastille !".
Il ne fut donc nullement question de marcher sur la Bastille pour lutter contre le despotisme et pour la liberté, voire même pour y délivrer les prisonniers victimes de la tyrannie, mais tout simplement pour y faire un coup de main sur les armes.
En fait, la Bastille n'en avait pas. Elle ne contenait que les 35 000 livres de poudre que l'Arsenal y avait fait récemment entreposer, pour les mettre à l'abri d'une émeute possible. Sa défense étatit plutôt faible: 15 canons rouillés montés sur des affûts fixes, placés au haut des tours, et utilisés pour tirer des salves à blanc les jours de réjouissances publiques, plus 3 canons chargés à mitraille dans la grande cour, et 6 fusils de rempart. La garnison était composée de 32 Suisses et de 82 sous-officiers invalides faisant office de soldats.
Vers 10 heures du matin, le Gouverneur, Monsieur de Launay, reçut deux délégations qui lui demandèrent de retirer les canons des tours, sous le prétexte que ceux-ci inquiétaient les Parisiens. Monsieur de Launay leur expliqua qu'il ne pouvait, sans ordre du roi, faire descendre les canons, mais qu'il allait les faire reculer, et que les embrasures seraient obturées par des planches.
Les événements auraient pu bien tourner, malgré les avertissements obligeamment donnés par les soldats aux brigands, de plus en plus nombreux et qui se faisaient menaçants. L'un d'entre eux, particulièrement excité, un nommé Louis Tournay, se précipita en hurlant sur les chaînes du pont-levis de l'Avancée et les brisa avec sa hache. La foule envahit alors la cour du Gouvernement et commença à tirer des coups de feu sur les soldats penchés en haut de la plate-forme. Monsieur de Launay, s'apercevant du tort qu'il avait eu en laissant si facilement abattre le pont-levis de l'Avancée, et voyant qu'on tirait sur ses hommes, ordonna qu'on tirât un coup de l'un des trois canons chargés à mitraille dans la grande cour. Les assaillants se retirèrent alors vivement et en désordre. la situation se stabilisa, et seuls quelques coups de feu qui n'atteignirent personne furent échangés.
Vers 4 heures et demie, les assaillants tentèrent d'incendier la porte de la prison en amenant trois voitures de paille auxquelles ils mirent le feu. Ils ne réussirent qu'à brûler les corps de garde de l'Avancée, les cuisines et l'hôtel du Gouverneur. Apercevant une jolie fille qui passait, et pensant qu'il s'agissait de la propre fille de Monsieur de Launay, ils la capturèrent et la jettèrent sur une paillasse à laquelle ils menacèrent de mettre le feu si la Bastille ne se rendait pas. Or, il s'agissait de Mlle de Monsigny, fille de Monsieur de Monsigny, capitaine des invalides. Celui-ci, voyant le spectacle du haut d'une tour, s'agita, poussa des cris. Deux balles tirées par les brigands l'abattirent.
C'est alors que tout bascula. La foule reçut le renfort de Gardes Françaises, équipés de deux canons. Monsieur de Launay pensa un instant mettre le feu aux 35 000 livres de poudre et tout faire sauter, ce à quoi s'opposèrent deux Invalides. L'un d'eux fut bien mal récompensé, puisqu'il fut, le soir même, atrocement mutilé avant d'être pendu en Grève.
La garnison, ayant forcé la main à Monsieur de Launay, et décidé de capituler, demanda aux assaillants de sortir avec les honneurs de la guerre, ce qu'on lui refusa. On lui promit seulement qu'aucun mal ne serait fait à la garnison. Monsieur de Launay, ayant eu foi en cette promesse, ordonna d'abaisser le pont-levis.
Une horde sauvage se rua alors dans la cour, et malgré les efforts de deux des gardes Françaises qui s'interposèrent, massacra les invalides et les Suisses qu'elle rencontra, bien que ceux-ci avaient déposé leurs armes contre un mur. Le désordre fut tel que les assaillants se fusillèrent même entre eux, par méprise.
Parmi les survivants, Monsieur de Launay, son état-major et 18 Suisses et invalides furent conduits à l'Hôtel de Ville, sous les quolibets, les crachats et les coups, et faillirent être pendus à leur arrivée. Monsieur de Launay fut massacré peu de temps après son arrivée, et sa tête, séparée du tronc avec un canif par un garçon-boucher, fut plantée au bout d'une pique et promenée dans tout Paris.
Le major de la Bastille, son aide-major et quelques invalides subirent le même sort, ainsi que le prévôt des marchands, Flesselles. Pendant ce temps, le reste de la populace s'était répandue dans la Bastille. Tout fut pillé, détruit: archives, documents, ...
Ce qui était récupérable fut tranféré à la bibliothèque municipale. Les clefs de la Bastille furent promenées dans tout Paris, comme trophées. En fin de journée, on pensa qu'il y avait peut-être des prisonniers enfermés... On en trouva sept. Pas un de plus. Parmi eux, quatre faussaires, qui furent libérés, deux fous, qui furent tranférés à Charenton, et le dénommé Tavernier, à demi-fou, qui fut lui aussi envoyé à Charenton. Les "vainqueurs de la Bastille", effrayés par leur mauvais coup, ne pensèrent tout d'abord qu'à se cacher. Une légende, créée de toutes pièces, fit état d'un huitième prisonnier, un vieillard décharné, le comte de Lorges, qu'on aurait découvert croupissant dans un cachot, avec une immense barbe blanche. Ce mensonge, largement diffusé et illustré par des gravures de propagande, servit la cause révolutionnaire à qui il fallait des "victimes de la tyrannie et de l'oppression". Ainsi, la forfaiture des émeutiers devint-elle un exploit héroïque.
Les jours suivants, la Bastille devint le centre de toutes les convoitises. Afin d'assurer un semblant d'ordre, dès le 15 juillet, le Comité des Electeurs siégeant à l'Hôtel de Ville fit évacuer la Bastille. Le 16, Danton y pénétra, et tenta de s'en emparer. Pour éviter toute complication, le Comité des Electeurs décréta sa démolition immédiate. Il confia cette démolition à l'un de ses "vainqueurs", le citoyen Palloy. Huit cents ouvriers à 45 sous par jour furent employés à sa démolition. Entrepreneur de son métier, le "patriote" Palloy était aussi beau parleur et habile commerçant. Il fit fabriquer 83 reproductions de la Bastille taillées dans ses pierres, qu'il sut écouler avec ingéniosité dans la France entière, en les envoyant aux tout nouveaux départements...
Une pierre-souvenir de la Bastille
Il y ajouta, comme "souvenirs, et pour perpétuer "l'horreur du despotisme", des clefs, des serrures, des boulets et autres objets recueillis lors des démolitions. Il fit aussi avec eux des médailles, des épées, des jouets et des emblèmes de toutes sortes, que ses courtiers vendirent un très bon prix.
Palloy construisit aussi en août 1792, le mur d'enceinte entourant le donjon du Temple où était emprisonnée la famille royale. Revers de l'Histoire, il fut envoyé à la prison de la Force peu de jours avant le 9 Thermidor "pour avoir dilapidé les biens de la Nation". Libéré, il fut ensuite un modèle de caméléon politique: sous le Directoire, il assura à Barras que tous les ans, le 21 janvier (date anniversaire de l'assassinat de Louis XVI), il mangeait une tête de cochon farci. Sous l'Empire, il dessina une médaille à la gloire de "l'incomparable Napoléon 1er". A Charles X et Louis-Philippe, il adressa des poèmes de louanges à ces rois, qui n'étaient pas dupes de sa duplicité. Il mourut en 1835.
La Bastille détruite, on construisit le pont Louis XVI (futur pont de la Concorde) avec ses pierres afin qu'elle put être foulée aux pieds par le peuple. La place ainsi libérée fut un lieu de promenade pour beaucoup. Latude faisait le guide et racontait ses évasions, et proposait aux jolies filles de leur faire découvrir quelque sombre cachot connu de lui seul... Lorsqu'on démolit le bastion, on y trouva les ossements des juifs et des protestants qui y avaient été inhumés depuis deux siècles. On ne manqua pas de les attribuer "à des martyrs de la liberté exécutés secrètement". Mirabeau, le célèbre tribun révolutionnaire ira même jusqu'à dire: " Les ministres ont manqué de prévoyance; ils ont oublié de manger les os !".
Présentée par la République triomphante, pour qui il fallait absolument trouver une quelconque justification à ses propres excès et crimes, comme la "honte de la royauté et la triomphale conquête d'une phalange d'intrépides héros", l'histoire de ce monument emblématique de notre roman national se devait d'être remise à l'endroit.
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Le saviez-vous ?
Les Armagnacs et les Bourguignons
La querelle dite "des Armagnacs et des Bourguignons" naît sous Charles VI de l'inimitié des maisons d'Orléans et de Bourgogne. Elle prend un tour aigu après l'assassinat de Louis d'Orléans en 1407. Contre l'auteur du crime, Jean sans Peur, s'allient Charles, le jeune fils du défunt duc d'Orléans, et Bernard VII, comte d'Armagnac. Pour sceller cette alliance, Charles épousera Bonne d'Armagnac, fille du comte. Charles d'Orléans, prisonnier à Azincourt en 1415, c'est Bernard d'Armagnac qui prend la tête du parti et devint le successeur de Charles d'Albret, connétable de France.
En 1418, les Armagnacs, qui avaient pris Paris, furent massacrés dans des conditions horribles par les Bourguignons, qui bénéficièrent de complicités locales. Le connétable lui-même périt lors de ces troubles. La reine de France, Isabeau de Bavière, définitivement brouillée avec le parti des Armagnacs, inspira à Charles VI une politique ouvertement pro-Bourguignons. Le parti Armagnac semblait avoir perdu la partie.
En 1419, le meurtre de Jean sans Peur à Montereau jette les Bourguignons dans l'alliance anglaise. Mais si l'influence du parti Armagnac était affaiblie, ce dernier avait l'avantage de la légitimité. En effet, il représentait la cause du dauphin, c'est à dire la cause française. C'est le parti Armagnac qui soutint Jeanne d'Arc et favorisa son avènement.
Le traité d'Arras en 1435 mettra fin au conflit entre les Armagnacs et les Bourguignons.
Cabochiens
C'est le surnom donné aux membres les plus révolutionnaires de la faction bourguignonne à Paris, pendant la folie de Charles VI. Les Cabochiens obéissent aux mots d'ordre de Simon Caboche, "escorcheur de vaches à la boucherie St Jacques".
Ils terrorisaient les Parisiens par leurs exactions. Ouvertement alliés des Bourguignons, ils réduisirent au silence la bourgeoisie modérée, et s'en prirent directement à l'autorité royale avec la bénédiction de l'Université.
Ils attaquèrent la Bastille, où s'était retranché le prévôt Pierre des Essarts, dont ils finiront par obtenir l'"exécution", après une parodie de jugement. C'en est trop pour les Parisiens, qui se révoltent contre les Cabochiens et les Bourguignons, qui s'enfuient. Paris se livre aux Armagnacs.
Ligue du Bien public
Ligue constituée en 1465 contre Louis XI par les grands du royaume. Elle fut dissoute après l'indécise bataille de Montlhéry, par les traités de Conflans et de Saint-Maur.
La bataille de Montlhéry (enluminure)
Cette ligue est la résultante des mécontentements conjugués des bourgeois et du peuple, dont les impôts augmentaient, du clergé, soumis à l'impôt, et des nobles, atteints dans leurs privilèges.
Le nom de ligue du Bien public est trompeur. Il s'agissait, en réalité, pour les grands seigneurs qui prirent la tête de la révolte, de protéger leurs intérêts particuliers. Le soutien financier et militaire des Bourguignons de Charles le Téméraire ne suffira pas à assurer le succès des conjurés. La petite noblesse et la bourgeoisie se méfient de leurs promesses, le peuple et le petit et moyen clergé ne s'y associèrent pas non plus, craignant la guerre civile.
Lettres de cachet
Lettres fermées, scellées du sceau royal, employées sous l'Ancien Régime pour convoquer les corps politiques et judiciaires, ordonner les cérémonies publiques, et aussi pour donner l'ordre d'incarcération ou d'exil d'un sujet, en application de la justice retenue.
Le roi étant source de toute justice, il peut, en effet, la rendre lui-même, en dehors des tribunaux qui l'exercent normalement en son nom. L'expression "lettres de cachet" s'est spécialement attachée à cette dernière accption du terme.
Elles permettent l'arrestation rapide de personnes qui auraient échappé aisément aux juridictions ordinaires et sont également utilisées pour raison d'Etat, ou à la demande de particuliers, pour protéger l'intérêt des familles.
Elles ne sont pas appliquées au peuple, et c'est au XVIIIè siècle, dans les milieux éclairés de la noblesse et de la haute bourgeoisie qu'elles seront ressenties comme un acte de despotisme et d'arbitraire royal.
L'abus découle surtout de l'usage qui ne fixe pas de terme à l'arrestation.
Cette institution existait partout en Europe sous des noms divers, à l'exception de l'Angleterre, après la signature en 1679 de l'Habeas Corpus Act.
L'affaire du collier de la reine
Cette célèbre escroquerie, qui se déroula sous le règne de Louis XVI fut, selon Goethe, "la préface de la Révolution".
Ambassadeur de Louis XV auprès de Marie-Thérèse d'Autriche, le cardinal de Rohan, membre de l'une des plus illustres familles du royaume, scandalisa l'impératrice par ses moeurs licencieuses. Quand il deviendra Grand Aumônier de France, la reine Marie-Antoinette, subissant l'influence de sa mère, le tiendra éloigné d'elle.
De Rohan ne se résolut pas à la digrâce royale et chercha en vain à gagner sa confiance.
La rencontre entre le cardinal et le comte et la comtesse de La Motte-Valois en 1781 fera tout basculer.
Il fut aussitôt séduit par la comtesse qui lui propose d'organiser une entrevue. Le comte séduit une "barboteuse de rues", la fille Oliva, dont les traits ressemblent à ceux de la souveraine. Le 11 août 1784, vêtue d'une robe identique à l'une de celles portées par la reine Maris-Antoinette, elle fut mandatée par les deux escrocs pour donner un rendez-vous galant au cardinal, entre 11 heures et minuit, dans les jardins de Versailles.
A l'issue du rendez-vous, le cardinal de Rohan, fou de bonheur, fut convaincu d'avoir recouvré les bonnes grâces de la reine. Au cours de l'année 1784, il reçut de nombreuses lettres rédigées de la main de la reine. En réalité ce sont des faux réalisés par Marc-Antoine de Rétaux de Villette, faussaire et amant de la comtesse de la Motte. Affectueuses, voire tendres, les missives ne cessent de réclamer d'importantes sommes d'argent, empochées par le ménage triangulaire.
Mais la comtesse ne se satisfait pas de si minces profits... Astucieuse, elle contacte Böhmer et Bassenge, joailliers de la Cour. Accepteraient-ils de vendre à crédit à la reine leur plus belle parure, un collier de diamants estimé 1 600 000 livres? Les bijoutiers acceptent. Le cardinal voudra t-il se porter garant, pour sa chère souveraine, du paiement d'un joyau que lui refuse sous époux Louis XVI, trop économe des deniers royaux? Accord inconditionnel de celui-ci.
Le règlement doit se faire en quatre versements échelonnés sur deux ans.
Tous se complique le 12 juillet 1785, lorsque les joailliers communiquent à la reine un billet dans lequel est mentionné "la plus belle parure de diamants". Celle-ci ne comprend pas le propos, qu'aucun achat de sa part ne justifie. Au contraire, elle avait à plusieurs reprises refusé d'acquérir ce collier, que lui avaient proposé les deux fournisseurs royaux.
Mise au courant par sa confidente, Madame Campan, des attentes des deux joailliers, Marie-Antoinette demande des éclaircissements. Le scandale éclate alors au grand jour, et le 15 août 1785, Louis XVI fait arrêter le cardinal de Rohan.
La reine souhaite un procès public. Il s'ouvre devant le Parlement le 22 mai 1786, et s'achèvera le 31 du même mois. Les princes du sang et et les pairs de France n'y siègent pas.
Le cardinal de Rohan est déchargé de toute espèce d'accusation, mais exilé dans son abbaye de la Chaise-Dieu. Cagliostro, protégé du cardinal, et qu'avait compromis la comtesse de la Motte, fut relaxé.
Oliva fut déclarée "hors Cour", Rétaux de Villette banni, et la comtesse condamnée à l'emprisonnement à perpétuité. Elle s'évadera dix mois plus tard, après avoir été marquée aux épaules du V des voleurs.
La prise de la Bastille (chanson de 1790)
D'un pas ferme et triomphant
R'li r'lan r'lan tan plan ! Tire lire en plan Le Bourgeois tambour battant, Marche à la Bastille (bis) Et partout l'ardeur brille...
(Le Bourgeois et le marchand Marchent à la Bastille)
Les citoyens de tous rangs, R'li r'lan r'lan tan plan ! Tire lire en plan Suivant les drapeaux flottants Vont d'un air intrépide (bis) Rien ne les intimide ...
De tous côtés on entend R'li r'lan r'lan tan plan ! Tire lire en plan Le bruit de l'airain tonnant Contre la capitale (bis) O Bastille fatale !
(Le bruit de l'airain sonnant)
Tu vas dans quelques instant R'li r'lan r'lan tan plan ! Tire lire en plan Tu vas dans quelques instants Céder aux bras triomphant De nos braves assiégeants
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