Balade n°84

(solution)

Du Palais-Royal au Châtelet

 

Départ de la balade place du Palais-Royal, face au Conseil d’Etat.

 

Abrita Jean-Baptiste et sa troupe (difficile).

Sur la façade du Conseil d’Etat, à droite, une plaque rappelle qu’à cet endroit s’élevait la salle de spectacle du Palais Cardinal, occupée par la troupe de Molière (Jean-Baptiste Poquelin, dit) de 1661 à 1673. Ce fut ensuite l’Académie Royale de Musique, de 1673, jusqu’à l’incendie du bâtiment en 1763.


Continuez la rue St Honoré vers la droite.
Elle n’aura pas duré longtemps (difficile).

 

A l’angle de la rue de Valois et de la rue St Honoré, au n°202, une autre plaque rappelle que c’était l’emplacement de l’Académie Royale de Musique, qui fut détruite par un incendie en 1781, soit après 18 ans d’existence seulement !

Héros britanniques (difficile).

Au n°151 bis rue St Honoré, sur la façade du Louvre des Antiquaires, un avion anglais fut abattu le 23/9/1943 et s’écrasa à cet endroit avec ses sept occupants.


Tournez à gauche rue Jean-Jacques Rousseau, puis à gauche rue du Pélican.
Comme bien souvent, le nom de cette rue est né d’une déformation du nom initial. En effet, la transmission des informations se faisait quasi-exclusivement, dans les milieux populaires. Il n’est donc pas étonnant que cette petite rue, célèbre dès le 16ème siècle pour être un des lieux principaux de prostitution à Paris, s’appelât « Rue du poil au con », pour devenir, au fil des siècles, rue du Pélican, tellement plus « correct », mais tellement moins authentique. ! Nos ancêtres étaient décidément beaucoup moins prudes que nos contemporains…

Tournez ensuite à droite rue Croix des Petits Champs. Continuez rue du Bouloi, puis prenez à droite la galerie Véro-Dodat.

La réalisation de ce passage est caractéristique des opérations immobilières spéculatives de la Restauration. En 1826, deux investisseurs, le charcutier Benoît Véro et le financier Dodat, firent édifier ce passage entre les rues du Bouloi et Jean-Jacques-Rousseau, entre le Palais-Royal et les Halles. Il offrait un raccourci plaisant entre ces deux lieux alors très fréquentés et fut rapidement adopté par le public (la rue du Colonel-Driant ne fut percée qu'en 1915).

De style néoclassique, la Galerie Véro-Dodat doit son animation et sa réputation à la présence des « Messageries Laffitte et Gaillard », situées à l’entrée du passage sur la rue Jean-Jacques-Rousseau. Les voyageurs qui attendaient leurs diligences allaient flâner parmi les magasins à la mode et contribuèrent pour une large part au succès de ce passage. Le marchand d'estampes Aubert, éditeur du Charivari et de La Caricature, s'y installa également et y exposa les plus célèbres caricaturistes de l'époque. Puis c'est la tragédienne Rachel qui occupa un appartement du passage de 1838 à 1842.

Le Second Empire et la disparition des « Messageries » amorcèrent le déclin de la galerie. Relativement boudée aujourd'hui, la galerie Véro-Dodat est pourtant une des plus charmantes de Paris et possède plusieurs attraits outre son architecture élégante, dont des galeries d'art contemporain ou des boutiques anciennes de décoration ou d'ameublement.

La galerie Véro-Dodat fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 9 juin 1965. Il a ensuite été proposé au classement, et malgré l'accord de la commission supérieure des monuments historiques le 18 mai 1998, la copropriété a refusé son classement. Elle fut entièrement restaurée en 1997.

Hermès près d’un bateau de commerce, quoi de plus naturel ? 

Hermès, dieu du commerce et messager des dieux, est représenté près d’un bateau de commerce, sur un port, sur le plafond du passage, juste après l’entrée.


Cherchez le gardien.

Sur le fronton du magasin au n°33 de la galerie, côté de l’escalier, est inscrite la mention « Gardien de la Galerie ».


Cérès et sa corne.

 La déesse de l’agriculture est représentée avec une corne…d’abondance, sur le plafond, au niveau du n°16 de la galerie.


Papetier-imprimeur reconverti.

Le dernier magasin à gauche avant la sortie, était un papetier-imprimeur, ainsi que l’attestent les enseignes anciennes. C’est maintenant le magasin d’un des plus célèbres chausseurs de stars : Christian Louboutin.

Tournez à gauche rue JJ Rousseau en sortant de la galerie.
Les voyages forment la jeunesse.

Bureau des Voyages de la Jeunesse au n°20 rue JJ Rousseau.


Traversez la rue du Louvre, prenez-la sur la droite, et prenez la rue Berger à gauche.
Remarquez le porche au n°47. Tournez à droite rue Sauval.
Les cloches résistantes.

Le groupe de résistance « Les cloches des Halles » se trouvait au 14, rue Sauval.

Bains pour tous.


Au bout de la rue Sauval, une plaque rappelle l’ancien nom de cette petite rue : « Ancienne rue des vieilles étuves » Au Moyen-Âge, ces bains publics étaient très répandus, réminiscence des bains romains, et des bains orientaux, dont la mode fut rapportée de Terre Sainte par les croisés.
On compte au 13è siècle 27 étuves à Paris, chiffre considérable. On y prenait des bains de vapeur, des bains chauds ou tièdes. On s’y lavait les cheveux, la bouche et le corps avec des produits appropriés. Il y a tout un environnement social qui pousse les gens, surtout en ville, à prendre soin de leur corps. De plus, les produits de toilette ne manquaient pas. Le savon existait - à Paris, un décret de fabrication rend obligatoire l'apposition d'un sceau sur le savon. Si on n'avait pas de savon on se servait de plantes, comme la saponaire, une herbacée à fleur rose et odorante dont le suc, dissous dans l'eau, mousse. Il y avait trois sortes de savon : le gallique, le juif et le sarrasin, selon qu'il était fabriqué avec de l'huile ou de la graisse animale mélangée à de la potasse.
Se laver la tête ne pose pas plus de problème. Un herbier du 13e siècle conseille le jus de bette pour éliminer les pellicules et les feuilles de noyer ou de chêne pour obtenir une belle chevelure. Dans ce même herbier, on préconise, pour éviter la "puanteur" de s'arracher les poils et de laver les aisselles avec du vin, associé à de l'eau de rose et à du jus d'une plante appelée casseligne. Pour se blanchir les dents, il faut se les frotter avec du corail en poudre ou de l'os de seiche écrasé.
Bref, tant que les établissements de bain étaient modestes, on y allait pour se laver, bien sûr, mais aussi pour discuter, retrouver ses amis. Encore au début du 12e Siècle, la simplicité un peu rude des moeurs faisait que l'on ne voyait pas malice à se mettre nu et qu'on s'accommodait très bien d'une liberté des sens que notre propre morale réprouverait aujourd'hui. On prenait les bains en commun, et nus. Ne dit-on pas que saint François d'Assise (1180-1226) prêcha nu devant ses fidèles, en signe de dépouillement ! Aurait-on pu imaginer cela des siècles plus tard ?

Avec la croissance des villes, due à la reprise économique en Europe, les étuves deviennent de grands établissements et les coutumes changent. La ville attire de plus en plus d'étrangers et de vagabonds, et la prostitution se développe. Les bains sont mis sous la surveillance de chirurgiens-barbiers.
 Jusqu’au XIVe siècle, hommes et femmes se retrouvent dans ces étuves et se baignent ensemble. Mais, très progressivement, un grand nombre d’établissements adoptent les normes de décence des cours seigneuriales et la séparation des sexes s’instaure. De nombreux bains privés proposés lors des réceptions seigneuriales sont accompagnés de mets variés.
Mais comme pour les bains publics, ces pratiques privées disparaissent au XVIe siècle.
Une fois de plus, les faits démentent les fausses rumeurs, propagées par Michelet, pour qui le Moyen-Âge était une période obscurantiste, coupable de toutes les avanies et de tous les maux. N’en déplaise à l’historien officiel de la République, on se lavait beaucoup au Moyen-Âge, ce qui était (très) loin d’être le cas sous la IIIème République.
La disparition de l'hygiène dans notre pays va de pair avec une évolution de l'Eglise romaine, qui tend de plus en plus vers une rigidité morale niant le corps. L'ère de la crasse commence, et elle durera jusqu'au 20e siècle.


Etrange apothicaire.

Juste en face de vous, au 115, rue St Honoré, se trouve une très ancienne pharmacie sur la façade de laquelle vous pouvez lire : «  Ancienne fabrique d’extraits évaporés dans la vapeur et dans le vide ».
Cette ancienne pharmacie a une histoire : c’est ici qu'Axel de Fersen achète l'encre sympathique qu'il utilise pour correspondre avec Marie-Antoinette d'Autriche dès 1774. Cette liaison (non démontrée par les faits) sera l’une des raisons qui poussèrent une partie du peuple de Paris à détester celle qui était alors reine de France, et à la surnommer « L’Autrichienne ».

Tournez à gauche rue St Honoré. 

Quand le bâtisseur du Panthéon construisait des fontaines.


Au 111, rue St Honoré, la fontaine du Trahoir fut construite par Soufflot.


BOF.

 Au 95, rue St Honoré, la magnifique épicerie du 17è siècle « A la renommée des herbes cuites » comporte une ancienne enseigne qui mentionne « Beurre, Œufs, Fromage (=>BOF), Volailles, Gibier, Rôtisserie ».

Maison assurée contre l’incendie (difficile).

 Sur la façade du 93, rue St Honoré, vous verrez l’acronyme MACL. Datant du 18ème siècle, il indiquait que la maison était assurée contre l’incendie, ce qui lui apportait une valeur non négligeable en cas de revente.

Plus tard, l’esprit frondeur des révolutionnaires de 1789 en détournèrent le sens en « Marie-Antoinette cocufie Louis » (v. plus haut l’anecdote du 115 rue St Honoré).
Quelques années plus tard, après la chute de Napoléon 1er, remplacé par Louis XVIII, ce fut au tour des bonapartistes d’en détourner la signification : « Mes amis, chassons Louis ».

 Mais cette ancienne apothicairerie a une autre histoire ; c’est ici que lors de l’assassinat d’Henri IV, le 14 mai 1610, le corps du roi y fut transporté pour y recevoir les premiers soins.

 De tous temps, il y eut là des gens de médecine : une sage-femme en 1647, un apothicaire, un barbier-saigneur et, à nouveau, des apothicaires dont l’un d’entre eux fit reconstruire la maison en 1825 dans le style Directoire. Ce placage  est une ordonnance de pilastres à ordres antiques superposés. Au premier, serlienne, dont les deux arcades latérales aveugles sont décorées de vase de fleurs peints. La façade et la toiture sont classées.

Quant au nom de l’enseigne, il désigne un bâton de pèlerin de Compostelle, ce que confirme la présence d’une coquille St Jacques.

Tournez à gauche rue des Prouvaires.
Carreaux incassables (difficile).

Sur l’immeuble d’angle, au n°1 sur votre gauche, il y a quatre fenêtres peintes en trompe-l’œil..


Dans cette rue se trouvent trois des restaurants les plus réputés des Halles : chez Denise (La Tour de Montlhéry), si vous appréciez la cuisine traditionnelle française. Les assiettes y sont copieuses, et l’ambiance chaleureuse. Quant au Louchebem (« boucher » en argot des Halles), c’est le temple de la viande à Paris. Végétariens s’abstenir… Mais je ne vous en dis pas plus.
Enfin, la Lamfé ‘ (« femme du boucher » toujours en argot des Halles, et annexe du Louchebem), propose des plats différents que ceux de la maison-mère, mais tout aussi excellents.
Tournez à droite rue Berger, puis à droite rue du Pont-Neuf.
Fausse maison de Jean-Baptiste.

Au n°31, rue du Pont-Neuf, contrairement à ce qu’affirme l’inscription sur la façade, Molière n’est pas né ici.

Un tripier y habitait et on lui a fait croire que sa maison était la maison natale de l’écrivain. A l’époque, il n’y avait pas de cadastre pour vérifier mais peu importe ! Le tripier fait alors ériger le bas-relief et un buste pour donner un cachet à sa maison et surtout augmenter ses affaires !

Il n’empêche : Molière est né à l’angle de la rue Sauval et rue St Honoré et une plaque  plus officielle l’atteste.

Tournez à gauche rue St Honoré.

C’est un cygne.

Un cygne est peint sur la façade du 43, rue St Honoré. Il s’agissait de l’enseigne d’une boutique.

Continuez rue des Halles. Au n°21, remarquez les têtes de lions dans le mur. Il s’agissait des supports d’accroche des auvents qui abritaient les terrasses des cafés et des restaurants parisiens. Vous en trouverez encore très souvent lors de vos promenades avec Paris le nez en l’air.

Jean-Paul ? Jean-Pierre ? Jean-Philippe ?


Au 1er étage du 19, rue des Halles, entre deux cariatides, l’enseigne JP Brun rappelle qu’une entreprise avait son siège ici : JP BRUN ET FILS - EPONGES BROSSERIE ARTICLES DE PARIS.

Plaque encadrée (difficile).

La plaque de rue au niveau du 22, rue des Halles est agrémentée d’un joli cadre sculpté, ce qui est assez peu répandu à Paris.


Tournez à droite rue des Déchargeurs, puis à gauche rue du Plat d’Etain et à droite rue des Lavandières Ste Opportune.

Vous êtes arrivé (s) au métro Châtelet.