Ah le petit vin blanc, qu'on boit sous les tonnelles...

Le vin aigrelet produit sur la butte Montmartre s'appelait, dès le Moyen Age, le guinguet. Et devinez quel nom commun dérive de ce guinguet? Réfléchissez! Sur les bords de Marne, comment appelait-on les auberges où l'on pouvait danser les danses à la mode et boire le guinguet? Les guinguettes! Gagné!

Tati, mais pas Jacques

Les magasins Tati furent fondé par Jules Ouaki en 1948, et portent le nom de sa mère, légèrement déformé: Tita.

Les premiers grands magasins

Le premier grand magasin Parisien , la Belle Jardinière, fut fondé en 1824 par Pierre Parissot. Le plus grand magasin du monde à son époque fut Le Bon Marché. Son fondateur, Aristide Boucicaut, confia en 1869 l'agrandissement du petit magasin d'origine à l'architecte Boileau, et à un ingénieur du nom de Gustave Eiffel. Le concept était novateur: Boucicaut inventa la livraison à domicile, la vente sur catalogue, les étiquettes avec les prix, les soldes et le mois du blanc, une idée qui lui est venue en contemplant la rue de Sèvres sous la neige! Son génie ne s'arrêta pas là: son oeuvre philanthropique fut au moins à la hauteur de sa réussite commerciale. Il inventa l'intéressement des salariés, une caisse de prévoyance et de retraite, d'un service médical gratuit, d'une bibliothèque, d'une cantine pour tous, et du repos obligatoire le dimanche.

Heurs et malheurs du théâtre parisien

Entre 1807 et 1913, le nombre de salles de théâtre passa de 8 à 121. Mais les travaux d'Haussmann entraînèrent la destruction de nombre d'entre eux. La Commune de 1871 causa la perte de plusieurs autres, incendiés stupidement lors des émeutes par les Communards. Enfin, le théâtre connut une grave crise dans les années 30, avec l'apparition du cinéma parlant. Les petites salles disparurent petit à petit, pour être bientôt remplacées par des salles de cinéma.

Histoire des lorettes

Les lorettes étaient de jeunes filles vivant au 19è siècle, et installées dans la partie ouest du quartier de la Nouvelle Athènes. Elles ont été chanteuses, elles ont étudié le piano et le solfège, dansé et déclamé la comédie. Mais rapidement, leur ambition est de devenir la courtisane d'un des grands de ce monde: Zola les a décrites dans "Nana" et Flaubert dans "L'éducation sentimentale". Gavarni les a peintes. L'église Notre-Dame de Lorette leur fut consacrée. La plus célèbre d'entre elles fut certainement la marquise de la Païva, adulée sous le Second Empire, qui tint salon en 1851 au 28 place St Georges, dans l'Hôtel ...de la Païva.
La grande Sarah Bernhardt était elle-même fille d'une lorette. Autant dire qu'elle fut très vite mise au parfum par maman...

Quand un grand roi créa la Poste

La poste fut fondée par Louis XI en 1464, sous la dénomination de Postes Royales. Sa mission originale était d'acheminer le plus rapidement les missives royales. Les Courriers de Poste parcourent les routes à cheval, tandis que les Maîtres de Poste se fixent le long des routes en s'occupant de leurs relais, disposés toutes les 7 lieues (environ 30 km), d'où les bottes de 7 lieues chaussées par le Petit Poucet de Charles Perrault. Plus tard, les relais ne seront plus espacés que de 4 lieues. Il y avait un minimum de 10 chevaux par relais.

Ca, c'était du service public !

Il existait 400 boîtes aux lettres à la fin du 18è siècle dans Paris. Elles étaient relevées 9 fois par jour, ce qui abaisse le temps de distribution moyen à 3 heures ! Plus de 150 facteurs distribuent le courrier, de 5 heures à 22 heures, pour la modique somme de 2 sols. En 1881, on comptait plus de 1 000 boîtes aux lettres dans la capitale et 72 bureaux de poste. Le tri du couurier, centralisé auparavant rue du Louvre, s'effectue au début du 20è siècle dans les bureaux d'arrondissement.

 

 


 

Attention, chute d'enseignes !

Les enseignes apparaissent au 13è siècle, à l'initiative de particuliers, qui voulaient ainsi signaler leur habitation, à une époque où les numéros de rues n'existaient pas encore. Bientôt imités puis surpassés par les aubergistes, puis les autres corps de métier qui y voyaient un moyen d'attirer le regard du chaland, celles-ci atteignirent parfois des tailles gigantesques. Bruyantes, dangereuses car souvent mal accrochées, elles deviennent la bête noire des lieutenants de police, qui essayent d'en limiter la taille et le nombre. Il faudra cependant attendre 1761 pour que les enseignes "pendantes" soient supprimées, au profit de tableaux appliqués sur la façade des boutiques. Souvent illustrés de rébus, car les Parisiens en étaient friands: par exemple, des U peints en vert signifiait "Les Vertus", ou un cygne enroulant son cou autour d'une croix "Le Signe de la Croix", ou encore la rue des Ciseaux, qui tire son appellation non d'une enseigne de couturier, mais d'une enseigne qui répétait six fois la lettre "O" (les six"O"), ou pour une taverne "Au 20 sans O". Certaines enseignes étaient sculptées, et c'étaient de véritables petites oeuvres d'art. Leurs auteurs étaient souvent payés en marchandises, ou se voyaient effacer leur "ardoise".

Le ventre de Paris

Les premières halles de Paris furent créées par Philippe Auguste, à la fin du XIIème siècle; elles étaient alimentées en eau grâce aux aqueducs construits par les religieux de St Lazare, dont le prieuré se situait à l'emplacement de la colline de Belleville. En 1364, la ville municipalisa ce réseau.

Le tubercule qui a sauvé la France et l'Europe de la disette

On prête à Parmentier, préparateur en pharmacie de son état, la paternité de l'introduction de la pomme de terre en France; en réalité, il en a fait la promotion, à tel point qu'elle devint un légume à la mode, très prisé à la cour de Louis XVI, et dont la consommation devint courante chez les Français de toute condition.
Mais elle était connue en Europe dès 1520, ramenée sur les caravelles des conquistadores qui revenaient d'Amérique, chargées de produits inconnus (pomme de terre, tomate, maïs...). Elle était connue en Alsace en 1610, (ce n'était pas encore une province Française). Elle fut introduite au Jardin Royal en 1616, et on la fit goûter, pour s'amuser de lui, au jeune roi Louis XIII. On se gardait bien de consommer, en France, cette "plante du diable", qui était censée provoquer des fièvres et des maladies. De plus, elle ne nécessitait pratiquement aucun entretien, et proliférait sous la terre, ce qui lui valut cette fâcheuse réputation.

Prenez vos précautions

La IIIè République fut adoptée par hasard. Après la chute de Napoléon III en 1870, et la Commune en 1871, la IIIè République, proclamée en 1875, n'avait toujours pas d'existence légale. Il fallut attendre l'amendement d'un obscur député, Mr Wallon, qui proposait que " Le Président de la République soit élu à la majorité des suffrages par le Sénat et la Chambre des Députés, réunis en Assemblée Nationale". Ce texte reconnaissait tacitement le régime républicain. Il réussit à passer, car un député monarchiste, Mallevergne, eut tout à coup un besoin pressant. Son absence momentanée permit à l'amendement d'être voté à...une voix de majorité!

Les forts des Halles

Tiens, encore les Halles! Nées en 1135, elles ne furent modernisées qu'en...1851, par Napoléon III, qui en confia la réalisation à Baltard. Dix pavillons de fonte sont érigés, et disparaîtront, (un seul sera reconstruit à Nogent sur Marne), lors du transfert à Rungis, en 1969. Les 700 "forts des Halles", ne se chargeaient pas uniquement du transport des marchandises et du dépeçage des carcasses. C'étaient aussi des "indics" très appréciés de la police, qui trouvait parmi eux des auxiliaires de sécurité fort efficaces et appréciés, dans ce quartier interlope, propice à tous les trafics et autres délits. Après 1969, n'étant plus "casables" dans les nouvelles structures modernes de Rungis, où le transport à dos d'homme n'avait plus cours, plusieurs d'entre eux furent même reclassés dans les rangs de la Préfecture de Police. Ils furent notamment affectés à 'assistance des vétérinaires-inspecteurs de Rungis et de la Villette, tâche dont ils s'acquittèrent fort efficacement.

On ne mangeait pas son moyen de locomotion

Les boucheries hippophagiques (qui vendaient de la viande de cheval) ne furent autorisées à exercer leur activité à Paris qu'en 1864. Auparavant, les interdits religieux pesaient sur le commerce de cette viande, et il était très mal vu d'en consommer. Ce noble mammifère herbivore, fidèle serviteur des hommes depuis des millénaires était en effet considéré comme faisant presque partie de la famille. On ne mangeait pas un animal doté de jambes (et non de pattes), habillé d'une robe, qui fut monture des militaires, qui tractait les charrues des paysans, transportait les voyageurs et tirait les charrettes!

 

 


 

Quand les cosaques inventèrent le bistro

Les bistrots parisiens nous viennent de la Russie impériale. Ou plutôt, le mot "bistrot". En effet, on l'oublie, mais les cosaques ont campé sur les Champs-Elysées, en 1814, après que Napoléon 1er eut abdiqué. Les Coalisés occupèrent Paris, et se livrèrent à des exactions. Les cosaques russes, pour leur part, faisaient souvent irruption dans les cafés, et réclamaient à boire à grands coups de "Bistro!Bistro!", ce qui signifie "vite!" en russe. Les Parisiens, frappés par ce mot, l'ont retenu et en ont rebaptisé les buvettes de l'époque. Le restaurant de la Mère Catherine, sur la place du Tertre, à Montmartre, rappelle l'anecdote.

Toute une vie en 4 lignes

Les fiançailles étaient parfois très longues, car le service militaire pouvait durer jusqu'à 7 ans, si le conscrit avait tiré un mauvais numéro! Le mariage devait avoir lieu dans la paroisse de la jeune fille. S'il y avait une dot, un contrat de mariage était établi. Quand une personne mourait, on fermait les volets et on arrêtait l'horloge. Une seule chandelle était allumée. La famille observait le deuil pendant un ou deux ans...

Comment les enfants étaient-ils habillés?

Au 19è siècle, garçons et filles étaient habillés d'une robe jusqu'à l'âge de cinq ans environ. La première culotte était un événement pour les garçons. Plus tard, ils portaient des vêtements taillés dans des étoffes solides, velours ou gros drap, souvent racommodés. Sur le pantalon, on portait une blouse ou un bourgeron. Le dimanche, c'était le costume de mariage, avec un chapeau. Des souliers plus légers remplaçaient les brodequins de la semaine. La femme mettait pour travailler une robe, une blouse, un tablier, des bas de coton et un bonnet. Le dimanche, elle portait la robe de son mariage, et un châle.

Les beaux quartiers et les autres

A partir du règne de Louis-Philippe, les classes sociales se regroupent dans des quartiers différents. Au moment de la Révolution industrielle, apparaissent les "quartiers ouvriers" et les "beaux quartiers".
La famille ouvrière devait se contenter de deux pièces. La cuisine comprenait un petit poële qui chauffait la pièce l'hiver. Pourtant, il y avait pire que ces taudis ouvriers: peu avant 1900, certains malheureux dormaient "à la corde" place Maubert. La literie était remplacée par une corde tendue à laquelle, assis sur des bancs, ils s'accoudaient pour dormir. Le réveil était expéditif: on détachait la corde!

Recette de cuisine parisienne

Vers 1900, une famille ouvrière faisait trois repas par jour. La cuisine était simple. La viande était choisie dans les morceaux peu coûteux. Le vin était rare, et remplacé par du cidre coupé d'eau. Les enfants n'avaient pas de cuisine spéciale. Les jours de fête, le repas était constitué de viandes de meilleure qualité ou de volailles.
Une recette de l'époque (connue dès 1373)
Dans une terrine, mélanger à la fourchette 250g de fromage à la crème et 250g de fromage de Brie, 10g de sucre, 20g de fécule, 3 oeufs entiers, et 2 jaunes d'oeuf. Battre les 2 jaunes d'oeuf restants et les incorporer à la pâte lorsqu'elle est bien travaillée. Garnir d'une pâte brisée des moules à tartelettes et y verser la pâte au fromage. Cuire à four chaud.

Salaires d'ouvriers

Vers 1830, la journée de travail, en usine, était de 12 à 13 heures, avec 1 heure pour déjeuner. Un homme gagnait en moyenne 2 francs par jour, une femme 1 franc, et un enfant 0,30 franc!

Les privilèges des artisans

Les artisans parisiens étaient nombreux autrefois. Ils perpétuent encore de nos jours les privilèges dont ils bénéficiaient dès le Moyen-Age. Ainsi, les ébénistes du Faubourg St antoine bénéficient toujours des privilèges octroyés par Louis XI. Le quartier du Sentier accueille toujours les pelletiers, orfèvres, diamantaires... Le quartier du Temple est toujours celui du vêtement. Les ateliers de joaillerie sont toujours place Vendôme...Les Gobelins fabriquent toujours des tapisseries...Enfin, et c'est moins connu, des ateliers de vitraux fleurissaient à Montparnasse en 1860. Il reste actuellement une vingtaine de maîtres-verriers.

 


 

Les petits métiers de Paris

Parmi les anciens métiers de Paris, si bien décrits par Robert Merle dans "Paris , ma bonne ville", on peut citer: les marchands d'eau, de lait, d'allumettes, de sablon d'Etampes pour récurer la vaisselle, de pierre noire pour noircir les chaussures, de craie pour nettoyer la laine, de lard de baleine pour accomoder les petits pois..
Le porteur d'eau montait 2 seaux de 20 litres, 30 à 40 fois par jour!
La porteuse de pain se rendait au fournil, par exemple rue du Four. Elle n'hésitait pas à gravir plusieurs centaines d'étages par jour pour livrer son pain chez ses clients.
Les chiffonniers sortaient la rue, à l'heure où les ordures étaient sorties. Au début du 20è siècle, plus de
25 000 chiffonniers se faisaient concurrence. Ils ramassaient toutes sortes de détritus: os, vieux journaux, cartons, verres cassés, croûtes de pain, boîtes de sardines, mèches de cheveux des femmes.
Je me souviens, lors d'une promenade aux puces de St Ouen dans les années 60, avoir vu des chiffonniers (ou des clochards?) vendre des mégots usagés et des mottes de terre... MIsère!

Le chanteur des rues, installé aux carrefours, diffusait à ses contemporains les récents succès des cafés-concerts. Il vendait ensuite les feuilles, souvent diffusées à plus de 200 000 exemplaires, où les musiques et paroles étaient imprimées.

Parmi les autres petits métiers de Paris: le ramoneur, souvent enfant pauvre, acheté par le patron-ramoneur. L'arracheur de dents, le tondeur de chiens, le fort des Halles, le barbier, la matelassière, le raccomodeur de paniers et de porcelaine, le photographe en plein air, le décrotteur et cireur de bottes, le chevrier qui vendait du lait et du fromage de chèvre, le montreur d'animaux, la bouquetière, l'arroseur public, le cocher, le cafetier ambulant, le marchand de coco, de limonade, de toile cirée, de plans de Paris, d'allumettes, camelots, rempailleurs, égoutiers, colleurs d'affiches, bouquinistes, marchands de quatre saisons, vendeurs de journaux à la criée, bateleurs, chanteurs, musiciens, marchands de gaufres, marrons, crêpes glaces ou frites, etc... Certains subsistent encore de nos jours. A vous de jouer!

L'origine de quelques expressions

L'expression "payer en monnaie de singe" vient d'un règlement de St Louis. Les montreurs de singes qui passaient sur le Petit Pont avaient le privilège de ne pas payer le prix du passage, à condition de faire gambader leurs singes devant le péage.

Tiens, encore une expression dont l'origine vous surprendra: "la traite des blanches" n'avait que peu de rapport avec l'esclavage. A l'origine, il s'agissait de qualifier "le travail" des comédiennes, qui, grâce à leur(s) talent(s), avaient les moyens de trouver facilement des clients ou des protecteurs. En fait, leur commerce était appelé "traite des planches", devinez un peu pourquoi... Et puis, comme c'est souvent le cas, avec la déformation dûe au temps qui passe, "traite des planches" est devenue "traite des blanches". (Merci Véronique !)

Nos ancêtres faisaient aussi du sport

Le premier match de basket eut lieu à Paris le 27 décembre 1893, rue de Trévise.
Le premier championnat de France de Rugby eut lieu en 1892. Le Stade Français y fut battu par le Racing Club. Deux clubs Parisiens.
Le billard est né au 15è siècle, sous le règne de Louis XI. Il a détrôné le jeu de Paume au 17è siècle: des médecins le recommandaient à Louis XIV pour faciliter sa digestion! La première Académie de billard fut créée par le cardinal de Richelieu.
Les premiers championnats de France de natation eurent lieu en 1899 à la piscine Deligny, aujourd'hui disparue.
Les premières courses cyclistes en France furent: Paris-Rouen (1869), Bordeaux-Paris (1891), Paris-Brest (1891), Paris-Roubaix (1896), le Tour de France (1903), et les Six jours de Paris (1913).

Nos ancêtres se révoltaient, aussi

La première émeute parisienne fut menée en 1306 par des artisans (pelletiers, tisserands, foulons,etc...) qui ne supportèrent pas la forte dévaluation de la monnaie, laquelle ne fut pas accompagnée de l'ajustement correspondant des loyers, qui devaient tripler. La maison du prévôt des marchands de l'époque, Etienne Barbette, fut mise à sac. La répression fut terrible: vingt-huit émeutiers furent pendus aux quatre ormes des entrées principales de la ville, soit sept à la porte St Antoine, autant à la porte St Denis, aux Quinze-Vingt, et rue d'Enfer.

Quand la bêtise et l'ignorance sont plus fortes que tout

Le théâtre de l'Odéon, installé depuis 1764 dans l'hôtel de Condé, fut considéré comme "monarchiste" pendant la Révolution.A ce titre, il fut fermé en 1793, et la plupart de ses comédiens connurent la prison. A sa réouverture, en 1797, il reçut son appellation actuelle, l'Odéon.

Nos ancêtres savaient s'amuser, aussi

On l'a vu (rubrique "quartiers"), le quartier Opéra/St Lazare/Grands Boulevards/Montmartre était celui des divertissements: théâtres et salles de spectacle y fleurirent au 19è siècle. Mais savez-vous que des spectacles "légers" y firent un tabac, et que par exemple, le théâtre de la Bodinière, au 18 rue St Lazare, était très fréquenté par nos grands-parents, vers 1900? Une patinoire s'établit au 16 rue Blanche, et le cirque Fernando, à l'angle de la rue des Martyrs et du Boulevard (1873), devint le cirque Médrano, repris plus tard par les Bouglione, et détruit en 1973. De même, les boulevards se peuplèrent de cafés qui devinrent rapidement le rendez-vous des intellectuels et des artistes, comme "La Nouvelle Athènes", 9 place Pigalle, 1870, le café Jean Goujon, rue Fontaine, la "Grande pinte" rebaptisée "L'Ane Rouge" en 1890, avenue Trudaine (1878). Ces établissements, aujourd'hui disparus, virent aussi bien Toulouse-Lautrec, que Forain, Zola, Monselet, Gill. Ces cafés étaient souvent en même temps des cabarets-salles de concert ou d'exposition où l'on pouvait admirer les oeuvres de Steinlein, Henri Rivière, Grun ou Caran d'Ache. Le plus célèbre fut sans doute "Le chat noir", créé en 1881 par Rodolphe Salis. Pill, Willette et Steinlein le décorèrent, et sa principale attraction était son théâtre d'ombres. A la même époque, la place Pigalle comptait deux cabarets renommés: "Le rat mort" et "L'Abbaye de Thélème". En 1896 fut fondé "Le casino des concierges", au 78 rue Pigalle, et au 58 rue Notre-Dame de Lorette "Le Jockey-Club de Montmartre", puis en 1898, au 37 rue de La Rochefoucauld, "Le Cabaret des contributions indirectes", sans compter, au 17 rue du Faubourg Montmartre, "Les Brioches politiques", "La Taverne du bagne", voire "Les Frites révolutionnaires"... Dis-donc, papi, tu ne m'avais rien dit?

Quand les carrières servent d'abris

Lors des bombardements aériens de la Première guerre mondiale, les carrières de Paris servirent d'abris: celles du Val de Grâce et d'autres hôpitaux y accueillirent des services médicaux. En 1940, les Allemands confisquèrent les plans du Paris souterrain, où ils aménagèrent de véritables places fortes. La plus importante est située sous la faculté de pharmacie; de nombreuses installations y subsistent encore, ainsi que des panneaux de signalétique. Non loin de là, sous la place Denfert-Rochereau, le PC de la Résistance avait trouvé refuge dans un abri non mentionné sur les cartes détenues par les Allemands.

 


 

 

La contribution des provinciaux à la construction de Paris

Dès le 17ème siècle ce furent les maçons creusois, très réputés, qui migrèrent vers Paris. Ils seront largement sollicités sur tous les chantiers de la capitale. Sous l'empire, les ouvriers du Nord embauchent dans l'industrie textile, les Auvergnats se font porteurs d'eau ou conducteurs de fiacre, et les Normands sont volontiers paveurs ou tailleurs de pierre. Jusqu'aux années 1850, les migrants viennent surtout du nord de la Loire, puis la tendance s'inverse avec l'arrivée du chemin de fer: Bretons, habitants du Massif Central, puis Landais, Gascons, Corses, Basques, se regroupent, s'entraident, reforment des quartiers.
Les terrassiers Bretons ont, par exemple, largement participé à la construction du métro. Puis vinrent les migrants étrangers, économiques d'abord (Italiens, Polonais entre les deux guerres), ou politiques (Espagnols à partir de 1939). Les Trente Glorieuses et leur développement économique attirèrent ensuite les Nord Africains, puis les Africains. Enfin, les derniers réfugiés politiques arrivés massivement furent les Vietnamiens, Cambodgiens et Laotiens, les Iraniens.

Les marchés de Paris

Il y a à Paris 70 marchés alimentaires. Parmi les plus réputés, ceux de la place d'Aligre (12è), de la Convention (15è), de la rue des Martyrs (9è), de la rue Montorgueil (2è), de Belleville (11è et 20è).

Nos ancêtres jouaient, aussi

A quoi jouaient nos ancêtres ? Par exemple, en 1900, on distinguait les jouets en caoutchouc et ceux en baudruche, les jouets électriques et scientifiques, les jouets mécaniques, les jouets habillés, et les oiseaux chantants. Les jouets en carton moulé avec des têtes grotesques et comiques pour le jeu de colin-maillard plaisaient beaucoup. On fabrique enfin des poupées et des bébés en peau, toile, bois, carton moulé, porcelaine, biscuit et cire. Un ouvrier gagnait environ 6 francs 50 par jour (on était alors payé à la journée), une ouvrière 3 francs 50.

Encore les petits métiers
 

Parmi les "petits métiers" que l'on trouvait au 19è siècle, figurait celui de chiffonnier; symbole d'indépendance et d'individualisme, il était très structuré, et on distinguait trois niveaux qui correspondaient approximativement aux couches de la société. Ainsi, le "piqueur" est un peu le prolétaire de 1880. Il fait les tas d'ordures pour gagner environ 1 franc 50 par jour. Le bourgeois, c'est "le placier". Il se réserve les poubelles des quartiers bourgeois. Il travaille avec une charrue tirée par un cheval et peut gagner de 15 à 20 francs par jour. Il peut vendre sa place lorsqu'il désire se retirer du métier.
Enfin, il y a l'aristocrate, "le chineur". Il achète et revend, c'est un commerçant comme les autres.
A cette époque, on comptait à Paris près de 30 000 chiffonniers; on les rencontrait sur la zone délimitée par les anciennes fortifications, et en particulier du côté de St Ouen. Voilà l'origine du Marché aux Puces...

Bon, restons un peu dans les petits boulots. Certains étaient insolites, voire incroyables. On trouvait par exemple des marchands d'ail (plus de 15 000 en 1880), de feuilles de laurier, des harengs grillés, des "grillades" ou des tranches lard maigre, qui ne sont souvent que des morceaux de chat ou de chien bien fumés... Bon appétit !
Et comme les petits métiers sont indissociables des cris, en voici quelques-uns: "Voilà le maquereau qui n'est pas mort ! Il arrive, il arrive !", "Des harengs qui glacent, des harengs nouveaux !", "Pommes cuites au four ! Il brûle, il brûle !". Les servantes, habilitées à faire les courses pour les maîtres de maison, ont l'oreille particulièrement exercée. Elles savent reconnaître, même depuis le bout de la rue, le vitrier, le rémouleur ou le marchand de harengs, malgré le tintamarre créé par tous ces cris mêlés.

On trouvait dans tout Paris, au 19e et au début du 20è siècle, des "bureaux de nourrice". On y trouvait à la fois des parents nourriciers pour les jeunes mères qui consentaient à se séparer de leurs marmots, et de solides paysannes prêtes à donner le sein aux bébés de la ville, et qui venaient vivre avec la famille.

Le rémouleur aiguisait sur sa meule les couteaux, ciseaux, rasoirs et autres couperets. Parfois baptisé "repasseur de couteaux", il était souvent venu d'Auvergne travailler à Paris. Selon l'opinion des Parisiens de l'époque, il était le plus honnête de tous les gagne-petit ambulants. Cette excellente réputation signifie qu'il était sobre, consciencieux et vaillant. Il portait un tablier de cuir, et poussait une charrette à bras qui supportait sa meule. Parfois, il possédait une échoppe ou même une boutique. S'il ouvrait un commerce de coutellerie, il ne pratiquait alors le repassage qu'accessoirement.

Quand les policiers étaient moustachus

Les premiers sergents de ville apparaissent en 1829. Ils seront 8 438 en 1906. Tous sont placés sous l'autorité du Préfet de police, Monsieur Lépine, bien connu des visiteurs de la Foire de Paris, où il a donné son nom à un célèbre concours d'inventeurs (il a aussi créé les brigades de cyclistes et les contraventions, mais c'est moins amusant).
Celui-ci aimait les policiers portant la moustache. Un jour, il reproche à un candidat de ne pas en avoir. Ce dernier rétorque: "Monsieur le Préfet, la moustache ne fait pas l'homme !". "Bien répondu", dit Lépine, "je vous prends", quand on n'a pas la moustache, il faut avoir la réplique !".

Nos ancêtres s'écrivaient beaucoup, aussi

Parmi les nouveautés qu'appréciaient nos arrières grands-parents, figurait la carte postale.
La généralisation de la photographie, et les progrès des techniques d'impression, alliés au développement du tourisme et des moyens de transport, favorisèrent la production, qui atteint, en 1906, 600 millions d'exemplaires ! En 1910, 33 000 personnes vivaient de cette industrie. Il faut dire qu"à cette époque, les e-mails n'existaient pas, le téléphone était réservé à quelques privilégiés et aux administrations; et comme tout le monde savait écrire (sans fautes ou presque), c'était bien le moyen approprié pour souhaiter un bon anniversaire à sa tante du Gers, ou annoncer à la famille rassurée que l'on était arrivé sans encombres aux Sables d'Olonne...

 


 

 

Et encore les petits métiers !

Les marchandes des quatre-saisons (j'en ai connu encore dans les années 70) étaient contrôlées par la police, qui leur attribuait une médaille et un numéro. Il y en eut plus de 6 000 à Paris. C'étaient les intermédiaires entre les cultivateurs des villages de banlieue, et les consommateurs de la capitale.

Les bouquinistes n'ont pas toujours été tolérés. Ils ne le furent définitivement qu'en 1890.
Les emplacements disponibles, sur huit mètres de longueur, sont accordés gratuitement par la Ville de Paris.
La préférence est donnée aux mutilés ou aux pères de famille nombreuse. Quand un bouquiniste est malade ou trop vieux, il peut sous-louer son commerce à un remplaçant, mais ne peut céder sa charge.

Parmi les petits métiers du vieux Paris, la voyante extra-lucide était l'une des plus appréciées. L'une d'elles , Mademoiselle Prudence, semble avoir eu de réels dons que ses contemporains eurent l'occasion d'éprouver. Elle jouait aux cartes et devinait votre jeu, elle devinait votre pensée par l'intermédiaire de son hypnotiseur, elle déchiffrait vos secrets jusque dans vos poches. Elle lisait des vers latins qu'un célèbre professeur, sceptique, cachait dans son agenda...

Nos ancêtres buvaient et ils étaient gourmands, aussi

A la fin du 19è siècle, la consommation de vin était en passe d'être détrônée par celle...de la bière !
Un comble en France ! Cette importation à Paris des brasseries allemandes, était d'autant plus malvenue que la France était encore sous le choc de la défaite humiliante de 1870, et se préparait à la revanche de 1914...

Le célèbre "marchand de coco", à la fin du 19è siècle, était très apprécié de nos ancêtres. Muni d'une voiture à bras, il choisissait judicieusement son emplacement, et il vendait au chaland assoiffé une boisson particulièrement raffraîchissante, à base de bois de réglisse macéré dans de l'eau aditionnée de jus de citron. Muni d'une clochette qu'il faisait tinter "A la fraîche ! Qui veut boire ?", il vendait son breuvage cinq centimes en 1890.

Pourquoi des prostituées rue St Denis?

La présence des dames de petite vertu, rue St Denis, était due à la proximité des Halles, qui attiraient beaucoup de monde, ainsi que celle de la Fontaine des Innocents, où, dès le 13è siècle, elles s’abreuvaient et procédaient à leurs ablutions.

Quand Napoléon alimentait les Parisiens en eau potable

Napoléon 1er décréta en 1806 la création de 65 fontaines publiques, dont les survivantes les plus intéressantes sont celles de la place du Châtelet, et la fontaine égyptienne de la rue de Sèvres.

Changement radical sur les bas étages

Avant 1760, les loyers les plus élevés étaient ceux des étages…les plus bas. En effet, les locataires préféraient un manque de clarté à la corvée des étages à monter, souvent au moyen d’escaliers raides et escarpés. A partir du Second Empire, la tendance s’inverse. Les immeubles, plus hauts, mieux construits, plus clairs, souvent équipés des premiers ascenseurs, réservent le rez-de-chaussée à la loge de la concierge, et les chambres de bonnes, dans les soupentes.  D’une manière générale, le confort, même dans les immeubles les plus bourgeois était encore limité. Les porteurs d’eau subsisteront encore jusqu’au début du 20è siècle, les bains à domicile suffisent encore aux exigences d’hygiène de nombreux habitants aisés. Certains appartements connaîtront même le chauffage central avant la salle de bains !

Mise au pilori

Le pilori était une punition infligée aux voleurs et...aux commerçants qui avaient falsifié poids ou marchandises. Plus tard, les femmes adultères y étaient conduites nues, chevauchant un âne. Les badauds bombardaient les coupables de fruits pourris ou de trognons de choux.