Auteur : JEAN GALLET | Année : 1750 |
LA BOULANGERE A DES ECUS |
Analyse
Ecrite vers 1750 par Pierre Gallet, poète et chansonnier français, cette chanson devenue comptine enfantine recèle en fait un incroyable secret. Fidèle à la tradition de grivoiserie de la chanson française, Gallet n'y va pas de main morte, si l'on peut dire. Dès les premiers couplets, on apprend que l'accorte boulangère fait bien l'affaire d'un gros Crésus. Ensuite, elle nous dit clairement que de galants militaires sont venus à son four...Toujours dans la tradition, nous avons la confirmation que des abbés venaient lui offrir (ou lui conter) des fleurettes. Enfin le dernier prétendant lui apprend qu'il est boulanger de Cythère, qu'il pétrira sa pâte légère, et qu'il l'enfournera; rien que ça ! Lorsqu'on sait que l'île de Cythère est l'endroit où est née Aphrodite, déesse grecque de l'amour et de la sexualité, les allusions deviennent des certitudes. Tout est dit ! La belle n'est pas farouche, puisqu'elle lui propose d'épouser sa vertu, de la travailler "de la bonne manière", et qu'en retour il ne sera pas déçu... Comment être plus clair ? |
Bien entendu, cette chanson a fait le bonheur des révolutionnaires de 1789, qui voyaient en la boulangère la Reine Marie-Antoinette. Suite aux émeutes populaires qui réclamaient du pain, elle fut surnommée "La boulangère". Lorsque la famille royale fut reconnue et arrêtée à Varenne, le Roi, la Reine et le Dauphin furent appelés "Le boulanger, la boulangère et le petit mitron". Les sordides accusations d'inceste envers son fils dont elles fut l'objet durant le simulacre de procès qui devait la mener sur l'échafaud contribuèrent à la légende qui en fit une dépravée, et trouvent un parfait relais dans cette chanson. Enfin, Offenbach composa, avec ses librettistes Meilhac et Halévy un opéra-bouffe "La boulangère a des écus" en 1875. |
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