Anecdotes
Anecdotes 14è arrondissement


14/0034 Moche, mais moderne

L'hôtel PLM St Jacques, au 5/17 boulevard St Jacques, fut construit en 1972. Si l'esthétique est discutable (question de goût, après tout), l'hôtel bénéficia dès l'origine d'un système de réservation des chambre électronique IBM, unique au monde, à l'époque. Il devint très vite le lieu de rendez-vous privilégié des artistes, écrivains, chanteurs, acteurs, etc... Samuel Beckett, Jacques Dutronc et Serge Gainsbourg y furent les plus assidus. Il changea plusieurs fois de nom, et aux dernières nouvelles, il appartient au groupe Marriott depuis 2006. Impressionnant par ses dimensions (100m de long, 22m de large, 22 niveaux dont 3 en sous-sol, plus de 800 chambres, un restaurant, des salles de congrès, de projection...), il ne l'est pas par son style. Mais ça, je l'ai déjà dit.

14/0035 Le vampire de Montparnasse

Le cimetière de Montparnasse fut inauguré en 1824, et agrandi en 1847. Jusqu'en 1883, il comprenait un "champ de navets", ce qui en argot signifie une fosse commune, où l'on enterrait les condamnés à mort. A partir de 1847, des violations de sépultures furent constatées au Père-Lachaise, mais on ne put en découvrir l'auteur. Cependant, une nuit, le gardien découvrit, blotti dans une fosse fraîchement creusée, Francis Bertrand, un militaire de 27 ans. Un moment soupçonné, il fut relâché et regagna sa caserne de Reuilly. De ce jour, les profanations cessèrent au Père-Lachaise. Mais, en 1848, ce fut le tour du cimetière du Montparnasse. Le 30 juin 1848 et les semaines suivantes, les gardiens découvrirent un spectacle macabre: des cadavres de femmes arrachés à leurs tombeaux, et abandonnés, mutilés, dans des allées peu fréquentées...Les gardiens du cimetière décidèrent alors de tendre un piège à l'insaisissable vampire. Un canon de fusil, chargé de mitraille, fut placé sur une tombe, et recouvert de zinc et de couronnes. On attendit plusieurs mois. Enfin, une nuit, une détonation se fit entendre. On trouva des traces sanglantes et des lambeaux d'habits militaires près de la tombe piégée. Le souvenir de Francis Bertrand refit surface, et on finit par le découvrir, criblé de cinq blessures, au Val de Grâce. Comme son comportement était irréprochable, il fut défendu, dans un premier temps, par sa hiérarchie. Mais les soupçons s'accumulaient, et un interrogatoire plus poussé le fit avouer. En fait, il prenait un malin plaisir à déterrer jusqu'à 15 cadavres de femmes dans une nuit, à les mutiler, les transporter et disperser leurs entrailles... Traduit en Conseil de Guerre le 10 juillet 1849, il ne fut condamné qu'à...1 an de prison, et aux frais de la procédure! Il accomplit sa peine au bagne de Belle-Île. On ne sait ce qu'il advint de lui ensuite...

14/0036 Le forgeron gallo-romain

On a découvert, en 1903 rue Cassini, la plus belle des stèles parisiennes. Une stèle gallo-romaine (que vous pouvez admirer au musée Carnavalet) consacrée à une profession. Elle représente, presque en grandeur naturelle,  (1m44), un forgeron et ses instruments. On peut raisonnablement penser que les forgerons jouissaient à Lutèce d'un rôle important, comparable à celui qui était le leur dans les grands ports, où l'on construisait et réparait les navires.

14/0037 Meurtre rue d'Enfer

En 1855, le 16 septembre exactement, un cocher de fiacre nommé Collignon tua un de ses clients. Ce client, Monsieur Juge, directeur de l'Ecole Normale de Douai, était de passage à Paris avec son épouse. Il héla un taxi, qui les conduisit à Auteuil. Arrivé à destination, Collignon réclama un tarif exorbitant pour un tel trajet: 2 francs ! Finalement, Juge paya la somme qui dépassait, et de loin, le prix habituel.  Il se plia donc à ses exigences, mais l'avertit qu'il notait son numéro pour en référer au Préfet de police. Ce qui fut fait. le 22, il fut obligé par un contrôleur de se rendre au domicile de M Juge, afin de régler l'affaire à l'amiable. Collignon se rendit donc chez M Juge, au 9 passage d'Enfer, le 24. 
Mais, au lieu de lui rendre les 2 francs, il l'abattit froidement d'une balle de pistolet dans la tempe. Puis, il déchargea son arme sur la femme de M. Juge, qui accourait, affolée par le coup de feu. Il la manqua, et s'enfuit. Bloqué à l'entrée de l'immeuble par un locataire alerté par le bruit, il se fit passer pour "un ouvrier sacrifié" et que le pistolet était le seul moyen de faire entendre sa voix.
Condamné à mort par la Cour d'Assises de la Seine le 12 novembre 1855, Collignon fut exécuté le 6 décembre de la même année. Pour 2 francs...

14/0038 Les guinguettes de Montparnasse

La triste rue de la Gaité ne l'a pas toujours été. Au début du 19è siècle, c'était la campagne, et les Parisiens d'alors adoraient retrouver le petit chemin de terre qui prit le nom de rue de la Gaité lorsque fut créé le 14è arrondissement. Il faut vous dire qu'à l'époque, c'était un endroit entièrement consacré aux plaisirs de toute sorte. Guinguettes, restaurants, cabarets, dans un parfum de moules, de gaufres et de frites, arrosées du petit vin blanc de Suresnes, accueillaient les nombreux amateurs. Par exemple, le restaurant "Le Richelieu" possédait trois étages. Au rez-de-chaussée, les tonnelles abritaient la belle clientèle. Puis, à mesure qu'on s'élevait en altitude, la qualité des vivres et des viveurs diminuait. La terrasse était réservée aux "arlequins", catégorie où chaque portion était composée d'un mélange à base de restes, d'où son nom. On trouvait aussi de nombreux bals, rue de la Gaité: les Mille Colonnes, le Jardin de Paris, le Bal des Gigoteurs, le Sauvage... Et aussi de nombreux restaurants: outre le Richelieu, il y avait le Veau qui tête, les Deux Edmond, les Deux Gaspard, la Cloche et le Lapin Blanc. S'y trouvait aussi un théâtre, où les spectateurs faisaient réchauffer leur ragout sur des poëles à charbon. Reconstruit en 1884, c'est aujourd'hui le Théâtre Montparnasse.