La tradition du bois

Pourquoi le Faubourg St Antoine abrite t-il traditionnellement des artisans ébénistes, et de manière générale, tous les corps de métiers relatifs au travail du bois? En fait, c'est grâce à Louis XI, qui libéra de la tutelle des corporations les artisans qui travaillaient sur le territoire de l'abbaye située à cet endroit.
Ce privilège très rare permit le développement rapide de l'artisanat. Mais toute idée nouvelle ou avancée a son revers...La présence de nombreux artisans, instruits et ouverts aux idées nouvelles, favorisa l'esprit de révolte contre les injustices, notamment sous la Révolution. Et puis, est ce bien un hasard, nous ne sommes qu'à quelques pas de la Bastille...

Le souvenir des Templiers

Le Boulevard du Temple, qui rappelle l'implantation des Templiers dans le secteur, doit son nom de "Boulevard du crime" aux mélos et aux pièces sanglantes qui firent frémir les Parisiens, avant l'éclosion du cinématographe. Alexandre Dumas y fonda le Théâtre Historique et l'inaugura avec sa pièce "La Reine Margot". Des spectateurs firent la queue pendant 48h (!) pour assister à la première le 20 février 1847.

Encore un qui fait le zouave

Le zouave du Pont de l'Alma est un point de repère traditionnel des Parisiens lorsque les crues de la Seine menacent la capitale; mais savez-vous que le Pont de l'Alma fut construit pour commémorer la brillante victoire des Français, Anglais et Turcs sur les Russes, pendant la guerre de Crimée, le 20 septembre 1854, sur les rives du fleuve Alma? Le zouave, haut de 6m et pesant 7 tonnes, monte la garde face au courant.
La crue de 1910, la plus importante qu'ait connue Paris depuis qu'elles sont mesurées, avait atteint le bas des épaules.

Les initiales à sens multiples

Sur la façade de certains immeubles, vous pouvez encore voir les lettres "M.A.C.L" gravées dans la pierre.
Cette inscription mystérieuse signifie "Maison assurée contre l'incendie". Cette mention est apparue au milieu du XVIIIème siècle, vers 1750. Plus qu'une simple mention, c'était surtout une publicité, qui valorisait les maisons et immeubles concernés, et dont les appartements se vendaient donc plus cher que ceux qui en étaient dépourvus.
Cette abréviation fut détournée par les révolutionnaires, quelques années plus tard, et transformée en: "Marie Antoinette cocufie Louis", puis , à la Restauration, elle devint, grâce à des nostalgiques de l'Empereur: "Mes amis, chassons Louis (Louis XVIII)".

Le calendrier

Le nom des jours contient le suffixe "di", qui vient du latin "dies" (le jour). Ainsi, le premier jour était dédié à la lune (lundi), ensuite au dieu Mars (mardi), au dieu Mercure (mercredi), au dieu Jupiter (jeudi), à la déesse Vénus (vendredi), le samedi était le jour du sabbat, et le dimanche le jour du Seigneur (du latin dominus: maître).
Quant aux mois, ils furent nommés par Numa Pompilius, second roi de Rome et successeur de Romulus. Le premier mois de l'année était dédié au dieu Mars. Le second, avril, est celui du printemps, où les bourgeons s'ouvrent ("aperire" en latin, april en anglais et en allemand). Le troisième était dédié aux "majores", c'est à dire aux hommes âgés, devint mai. Ensuite, juin fut consacré aux "juniores", c'est à dire les jeunes gens. Puis, comme l'inspiration lui manquait, il se contenta de numéroter les 4 mois suivants: septembre (le septième), octobre (le huitième), novembre (le neuvième), et décembre (le dixième). Janus donna son nom au mois de janvier, et Februarius, un dieu sabin, au mois de février. Restent juillet, qui honore "Julius" Caesar, et enfin août, l'empereur Auguste (August en allemand et en anglais).

Les journaux Parisiens

Les vendeurs à la criée que l'on rencontrait dans Paris, au 19è et au début du 20ème siècle, s'approvisionnaient au siège du journal, et ne proposaient en général qu'un seul titre. Parmi les journaux les plus prisés, "Le Petit Journal", était lu par des milliers de Parisiens et de provinciaux, qui appréciaient ses prises de position sans nuance. En 1910, Paris compte 70 journaux quotidiens. Le tirage de tous ces titres atteint presque 5 millions d'exemplaires, dont 1,4 millions pour le seul "Petit Parisien" ! Ce dernier est même coté en Bourse, et, avec le Petit Journal, dispose de plus de 20 000 dépositaires en Province !
Le premier quotidien sportif fut "L'Auto", qui, pour concurrencer son rival "Le Vélo", organisa en 1903 le premier Tour de France cycliste.

 


Paris et le vin, une longue histoire d'amour

S'il est une tradition que l'on a du mal à imaginer à Paris, c'est bien celle...du vin. Et pourtant, cette histoire d'amour remonte au Moyen-Äge, quand toute la France était plantée de vignes; admirablement située à proximité des grands centres commerciaux de l'époque, c'est à dire les Flandres, le Hainaut et l'Angleterre, Paris est très vite devenu le plus grand centre de production vinicole du royaume de France. Le vin était exporté via la Seine et l'Oise. La production était essentiellement composée de vins blancs, que nos palais modernes jugeraient sans doute trop acides, mais qui correspondait au goût de l'époque. Les vignes se trouvaient sur les coteaux de Belleville, de Charonne, de Montmartre, de la Montagne Ste Geneviève, ainsi que dans les environs immédiats de Paris: Mont Valérien, Mantes, Argenteuil...
La rue de la Goutte d'Or, dans le 18è arrondissement, rappelle un vignoble réputé dont la ville de Paris offrait quatre muids au roi Louis XI à chacun de ses anniversaires. De nombreuses rues parisiennes évoquent le passé vinicole de la capitale: rue des Vignes, rue Vineuse, rue des Panoyaux (ainsi dénommée car ses raisins n'avaient pas de pépins: "pas de noyaux"), rue du Pressoir...
A la veille de la Révolution, la consommation parisienne était de 250 litres par habitant et par an, femmes et enfants compris ! Le vin était source d'importants revenus pour le royaume, qui percevait des taxes aux portes d'entrée de la ville, aux barrières d'octroi. La jeune république abolit ces taxes le 19 février 1791, mais les rétablit très vite pour financer l'effort de guerre. "C'était pas la peine de changer de gouvernement" chantait la fille de Madame Angot...
Le village de Bercy, annexé à Paris en 1860, profitera de sa situation au sud-est de la capitale pour se spécialiser dans la fourniture de vin aux Parisiens. Les foudres de Bourgogne, de Côtes du Rhône, de vins de Provence et du Languedoc remontaient le Rhône puis la Seine, acheminés par bateaux. Viollet le Duc lui-même, qui sauva entre autres Notre-Dame de Paris, la Cité de Carcassonne et le château de Pierrefonds, y construira d'immenses chais-entrepôts qui seront plus tard déclarés d'utilité publique. Au début du 20è siècle, plus de 6 000 personnes travaillaient encore sur ces 43 hectares, organisant des courses de rouleurs de tonneaux, réceptionnant sur les quais de Seine des péniches, les "pinardiers", embouteillant le contenu des wagons-citernes expédiés du sud de la France jusqu'à la gare de la Râpée, puis la Compagnie du Paris-Lyon-Méditerranée. Aujourd'hui, il ne reste de Bercy que quelques chais, qui abritent des commerces à la mode, des rails qui courent les pavés, et une station de métro. 400 pieds de vigne y ont été tout de même été plantés en 1995 pour rappeler aux plus jeunes ce que fut l'activité en ce lieu. Mais c'est le peintre Poulbot qui eut, le premier, l'idée, en 1933, de replanter de la vigne à Paris, en particulier à Montmartre. De nos jours, il y a 6 vignobles dans la capitale: à Montmartre, sur la colline de Belleville, dans le parc Georges Brassens, dans le parc de Bercy, dans celui de la Villette, et dans la rue Lardennois. On peut y ajouter les dix pieds de la caserne de pompiers de la rue Blanche, qui produisent officiellement 60 bouteilles de vin par an, et la production des 300 particuliers membres de l'Association des Vignerons de Paris.