Parisenchansons
Auteur : INCONNU Année : 1800

 

AU 31 DU MOIS D'AOÛT

Analyse

La Révolution Française est terminée, le Directoire lui a succédé, puis le Consulat, instauré le 1er janvier 1800. Les troubles internes et les guerres externes continuent. La vieille Europe, regroupée autour de l'Angleterre qui finance toutes les coalitions, n'a de cesse que d'abattre la France et ses idées nouvelles, qu'elle propage dans tous les pays conquis.

Malgré tout, il faut en finir avec ces guerres qui épuisent le pays. C'est ce que pense le Premier Consul, Napoléon Bonaparte. Dans un premier temps, il pacifie la Vendée, en conflit ouvert avec la République depuis 1793.
Il amnistie les nobles émigrés, qui reviennent peu à peu au pays. La pacification sera terminée en 1802, et la France ne connaîtra réellement qu'une année de paix totale, puisqu'en 1803, l'Angleterre nous déclarera la guerre, en violation de la paix d'Amiens.

Entretemps, la guerre continue, aux frontières et dans les colonies.
Au printemps, Bonaparte décide d'en finir également avec la guerre à l'extérieur. À ses yeux, le régime repose sur la paix qu'il va construire, et donc il faut être victorieux.
Les Autrichiens sont battus le 25 prairial an VIII (14 juin 1800) à Marengo par Bonaparte et le 12 frimaire an IX (3 décembre 1800) à Hohenlinden par Moreau. Le 20 pluviôse an IX (9 février 1801), Bonaparte conclut la paix de Lunéville avec l'Autriche qui abandonne ses droits sur le Nord et le centre de l'Italie. Le 4 germinal an X (25 mars 1802, contresignée deux jours plus tard), la paix est également signée avec le Royaume-Uni par le traité d'Amiens.

 

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L'épisode dont il est question ici relate l'exploit du corsaire malouin Robert Surcouf, qui sur son navire "La Confiance", arraisonna dans le Golfe du Bengale la frégate anglaise "The Kent", bien plus puissamment armée que lui.
Mais, par extension, cette célèbre chanson, recueillie dans la région de Boulogne sur Mer, est devenue le symbole de la "course aux frégates de l'Angleterre", à laquelle se sont livrés les grands corsaires français du XVIIIè siècle.

"Si ce sont des Hollandais, on se battra. Si ce sont des Anglais, on les battra.", affirmait un proverbe corsaire.

Le refrain, dont la verdeur héroïque pourrait revendiquer une partie des droits d'auteur généralement consentis au général Cambronne, est un émouvant témoignage de la fidélité des marins bretons au Roi de France. Rappelons qu'elle fut écrite plus de 10 ans après la chute de la monarchie en France...

Cette chanson était très populaire sur les côtes françaises, sans doute à cause de son caractère anti-anglais. Dans la marine à voile, elle a été utilisée à bord pour virer au cabestan.

De nombreuses versions ont été recueillies depuis la fin du XIXe siècle, qui ne différent que par quelques mots. L'air général est toujours le même, mais 2 variantes à la version ci-dessous sont à noter. Le plus souvent, les 2 premiers vers sont bissés ensemble. D'autre part, les interprétations traditionnelles n'ont pas de refrain et la strophe si populaire "Buvons un coup..." est alors chanté comme dernier couplet.

Certains ont pour coutume de se prendre par les épaules et de se balancer en rythme au moment du refrain. Enfin, il est curieux que certains classent le 31 du mois d'Août parmi les chants paillards (ou à boire), tandis que d'autres le présentent comme une chanson pour enfants (en remplaçant le mot de Cambronne par "zut" !).

 

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Notes: à la différence des pirates, qui étaient souvent apatrides, ne pillant que pour leur propre compte et étaient pourchassés par toutes les marines du monde, les corsaires, eux, bénéficiaient d'une "lettre de course" (d'où le nom "corsaire".

Ce document officiel, signé par le Roi, mandatait ces marins audacieux pour attaquer et capturer tous les navires d'une nation en guerre contre la France. En ces temps où notre marine (la "Royale") était bien affaiblie par la tourmente révolutionnaire, leur appoint était fort précieux pour compenser notre relative faiblesse face à la puissante marine anglaise.

On estime que 50% des navires de guerre et de commerce de toutes les flottes mondiales battait alors pavillon britannique.

Napoléon ne s'y était pas trompé. Il couvrit Surcouf d'honneurs, lui accorda le titre de capitaine de vaisseau, lui remit la Légion d'honneur, pour services rendus à la patrie.

Capitaine à vingt ans, Surcouf va commander successivement plusieurs bâtiments: l' Émilie, le Cartier, la Clarisse, la Confiance et le Revenant. Il effectuera des dizaines de combats et par deux fois, il fera front à deux contre un : en février 1799 contre l Anna-Maria et le Coturbok puis en janvier 1800 contre la Louisia et le Mercury . Il totalisera entre 1795 et 1801, puis 1807 et 1808, pas moins de 44 prises dont deux - le Triton et le Kent - entreront dans la légende.


Il finira sa carrière riche armateur, avec la satisfaction d'avoir épouvanté les Anglais, lorsqu'ils croisaient son pavillon et leur avait causé de lourdes pertes.

S'étant embarqué dès l'âge de 13 ans à la fois par soif d'aventures et besoin d'argent, on estimera sa fortune à plus de 3 millions de francs à la fin de sa vie.

Paroles

1er couplet

Au trente-et-un du mois d’août (bis)
Nous vîmes venir sous l'vent à nous (bis)
Une frégate d’Angleterre
Qui fendait la mer et les flots
C’était pour attaquer Bordeaux !

Refrain

Buvons un coup, mon ami(e),
Buvons en deux,
À la santé des amoureux !
À la santé du Roi de France,
Et merde pour le roi d’Angleterre
Qui nous a déclaré la guerre !



2e couplet

Le commandant du bâtiment (bis)
Fit appeler son lieutenant (bis)
« Lieutenant te sens-tu capable,
Dis-moi te sens-tu-z-assez fort
Pour prendre l’Anglais à son bord ? »


Refrain

3e couplet

Le lieutenant, fier-z-et hardi (bis)
Lui répondit : « Capitain’-z-oui
Faites branle-bas à l’équipage
Nous allons hisser pavillon
Qui rest’ra haut, nous le jurons ! »


Refrain

4e couplet

Le maître donne un coup d'sifflet (bis)
En haut larguez les perroquets (bis)
Largue les ris et vent arrière
Laisse porter jusqu'à son bord,
Pour voir qui sera le plus fort ! »

Refrain

5e couplet

Vire lof pour lof en arrivant (bis)
Je l’abordions par son avant (bis)
A coups de haches et de grenades,
De pics, de sabre et mousquetons,
En trois cinq sec je l’arrimions !



Refrain

6e couplet

Que dira-t-on du grand rafiot (bis)
A Brest, à Londres, et à Bordeaux (bis)
Qu’a laissé prend’ son équipages
Par un corsaire de six canons
Lui qu’en avait trente et si bons !


Refrain

7e couplet

Buvons un coup, buvons en deux,
À la santé des amoureux !
À la santé des vins de France,
À qui nous devons le succès
D'être vainqueurs sur les anglais !


Refrain


variante du 1er couplet :

Le trente-et-un du mois d’août
Nous aperçumes sous l'vent à nous
Une frégate d’Angleterre
Qui fendait la mer et les flots
C’était pour aller à Bordeaux !

Tab

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