08/0001 Hugo oublié !

Sur l'Arc de Triomphe sont gravés les noms des généraux les plus célèbres des guerres de la Révolution et de l'Empire. Et pourtant, le Général Hugo, le père de Victor, a été oublié! Alors que Turreau, le boucher de la Vendée, y figure. Drôle d'histoire, non?

08/0002 Un pèlerinage pour prier une femme, mais pas une sainte

Place de la Concorde, il y a 8 statues monumentales de femmes, datant de 1838, représentant les principales villes de France: Lille, Strasbourg, Nantes, Bordeaux, Marseille, Lyon, Brest et Rouen. Elles sont réparties conformément à leur position géographique sur la carte de France. Entre 1870 et 1914, des pèlerinages eurent lieu chaque année devant la statue de Strasbourg, alors occupée par les Allemands.

08/0003 Une place débaptisée

La place de la Concorde s'appela place Louis XV de 1748 à 1792, avant d'être rebaptisée par les révolutionnaires en place de la Révolution, elle fut rebaptisée place Louis XVI de 1826 à 1828, puis prit son nom actuel. On peut encore voir l'ancienne plaque de rue "Place Louis XVI" à l'angle de la rue Boissy d'Anglas et de la Place de la Concorde. Cherchez bien !

08/0004 Une rue en or

Au 281 rue St Honoré, vous pourrez admirer une superbe plaque de rue gravée et peinte à l'or: "Rue St Honoré". 

08/0005 Un charlatan qui avait le sens des affaires

Au 14 rue de Berne, officia "Le Fakir Birman", jusque dans les années 50. Il fut l'inventeur des thèmes astrologiques quotidiens.  Il inspira Maurice Chevalier, Ray Ventura et ses collégiens, et surtout Pierre Dac, dans son fameux sketch "Le Fakir". Il fut l'un des clous de l'Exposition Universelle de 1937. En 7 années de pleine activité, il fut consulté par une Française sur 40 ! Il disait volontiers en confidence: "Tous les matins, en me levant, j'ouvre mes fenêtres, je respire à pleins poumons, et pendant la journée je revends à petite dose ce que j'ai respiré: du vent".

08/0006 Un gastronome improbable

A l'emplacement actuel de l'Ambassade des Etats-Unis, au 3/5 rue Boissy d'Anglas (anciennement rue de la Bonne Morue), vécut Alexandre Balthazar Grimod de la Reynière. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais sachez qu'il fut célèbre en son temps pour avoir écrit "L'Almanach des Gourmands et des Belles", le premier guide gastronomique au monde. Ah ! Petit détail: ses doigts étant atrophiés depuis sa naissance; un orfèvre les remplaça par des crochets.

08/0007 Une Exposition Universelle incroyable !

Cours la Reine était installé l'Aquarium de l'Exposition Universelle de 1900. 11 bacs contenaient l'ensemble de l'Aquarium. Dans l'un d'eux, on pouvait admirer les pêcheurs de perles qui plongeaient; dans un autre, un bateau naufragé, et des scaphandriers qui remontaient la cargaison du vaisseau perdu.
Au n°40, vous pourrez admirer une superbe réalisation Art nouveau. Ce fut l'hôtel particulier du maître-verrier René Lalique.



08/0008 Bal tragique à la Charité

Rue Jean Goujon, à l'emplacement où se trouve depuis 1901 la chapelle Notre-Dame de la Consolation, s'élevait en 1897 le Bazar de la Charité. C'était une vaste baraque en bois, de 80m de long sur 13 de large, à l'intérieur de laquelle on avait dressé 22 échoppes de style moyen-âgeux, au profit d'une bonne oeuvre des dames patronnesses. On y présenta même l'un des premiers spectacles de cinématographe. L'opérateur, allumant une lampe pour augmenter la clarté dans la salle, mit le feu à l'ensemble du bâtiment. Ce fut, selon le mot de l'époque, "le krach des hommes du monde". En effet, sur les 125 victimes, 120 étaient des femmes.

08/0009 Monsieur le  Maire était fou à lier

3 rue de Lisbonne vécut un Maire du 8ème arrondissement, Jules Allix. Plusieurs fois interné à Charenton, il fut "candidat communiste défenseur de la religion" en 1848. Il proposa aussi "le doigt antiviol" aux Parisiennes pendant le siège de Paris par les Prussiens en 1870. Il s'agissait d'un doigt couronné d'une pointe enduite de poison, destiné à tuer un éventuel agresseur.

08/0010 Un parc source d'inspiration

Le parc Monceau ont inspiré des artistes et des écrivains: Claude Monet, Emile Zola, qui y fit des photographies et s'inspira des hôtels pazrticuliers pour son roman "La Curée", tout comme Philippe  Hériat, pour " La famille Boussardel". Guy de Maupassant, dans "Fort comme la mort", s'était lui aussi rappelé le parc Monceau. Depuis, le parc n'a cessé d'inspirer de multiples artistes, dont Carzou, Yves Brayer, Kojiro Akagi et le remarquable dessinateur Jacques Tardi.

08/0011 Des plantations en plein Paris !

La rue de la Pépinière rappelle les Plantations Royales du Roule.

08/0012 Maxim's porte bien son nom

Rue Royale, le restaurant Maxim's fut fondé en 1891 par l'employé de bar...Maxime Gaillard.

08/0013 Des monstres sur la façade

53 rue des Mathurins, ce vaste immeuble construit en 1927 attire l'attention par la richesse de sa décoration. La porte d'entrée est ainsi surmontée de deux dragons à l'envergure impressionnante. Côté rue d'Anjou, deux atlantes à la musculature tout aussi impressionnante soutiennent également le balcon. Il s'agit de divinités asiatiques, à corps humain et tête de rapace.
La rue des Mathurins tient son nom des moines héroïques qui se dévouèrent durant trois siècles pour collecter des fonds et négocier la libération, moyennant rançon, des chrétiens enlevés en mer par les pirates barbaresques (musulmans) d'Alger.

08/0014 Un lieu de mémoire

La Chapelle Expiatoire (Square Louis XVI, 29, rue Pasquier), en forme de croix grecque, occupe l'emplacement de l'ancien cimetière de la Madeleine, désaffecté en 1794, après qu'y eurent été enterrées plus de 3 000 victimes de la Révolution. Parmi celles-ci: Louis XVI, Marie-Antoinette, et même des révolutionnaires plus roses que rouges, qui furent tous guillotinés place de la Concorde. Un avocat royaliste repéra l'endroit où avaient été inhumés le roi et la reine, acheta le terrain et le fit enclore. Louis XVIII ordonna des fouilles: les corps de Louis XVI et de Marie-Antoinette furent exhumés en 1815, et transférés à St Denis. La chapelle actuelle, achevée en 1826, commémore le souvenir des victimes de la Révolution.
La chapelle abrite les dépouilles de Charlotte Corday, Mme du Barry, Mme Elisabeth, Mme Rolland, Desmoulins, Lavoisier, etc...



08/0015 Un arrondissement anglophile

Lord Byron y a sa rue, le roi George V son avenue et sa station de métro, et Winston Churchill, qui disait de la France, aux heures les plus noires de la Seconde Guerre Mondiale: "Un pays qui a plus de fromages que de jours dans l'année ne peut pas périr". On y trouve aussi la rue d'Edimbourgh, où étaient logés entre 1300 et 1600 les écoliers écossais. L'impasse des Anglais, la bien nommée, ne mène nulle part.

08/0016 Une place sans adresse

La place de l'Europe n'a jamais été considérée comme un haut lieu touristique, et pour cause: il n'y a rien de particulier à y voir ! Toutefois, à bien y regarder, elle a quelque chose d'unique en son genre: elle ne dispose d'aucune boîte postale ! Que personne ne soit officiellement domicilié sur la place de l'Europe, qui compte au registre des carrefours les plus célèbres de la capitale mérite bien une mention dans ce panorama de l'insolite. Non ?

08/0017 L'église invisible

Au 222 rue St Honoré, vous trouverez un immeuble moderne. Bon. Mais quoi, alors ?
Eh bien, poussez la porte, et traversez le hall. Vous y trouverez une église, qui jouxte le couvent des Dominicains. Cette église, construite dans les années 1870, est totalement invisible depuis la rue. C'est bien une église cachée !

08/0018 Aux armes citoyens !

Unique à Paris ! Juste à gauche de du restaurant Maxim's, rue Royale, vous trouverez une plaque commémorative de l'ordre de mobilisation générale, daté du 2 août 1914 (la seule à Paris) !

08/0019 Des toilettes de luxe

Place de la Madeleine, si l'envie vous en prend, n'hésitez pas à fréquenter les toilettes publiques Art Nouveau de la Madeleine. Constrites en 1905 pour Porcher et Cie, elles s'apparentent à une salle du musée des Arts et Traditions Populaires.
Courez-y !

08/0020 Encore des souvenirs de l'Expo

La brasserie Mollard, au 115 rue St Lazare, est réputée pour la qualité de ses fruits de mer. Elle est aussi remarquable pour avoir conservé intact son décor de panneaux de céramique, achevé pour l'Exposition Universelle de 1900. On peut notamment y admirer, au fond, une Alsacienne et une Lorraine de 1895 (rappelons que ces deux provinces étaient alors occupées par les Prussiens, après la défaite de 1870.
Elles ne furent récupérées qu'en 1918, après la victoire), et au milieu, de deux vues de Trouville et de Ville d'Avray.

08/0021 Un lieu de promenade très à la mode

Les Champs-Elysées ne devinrent un lieu de promenade réellement populaire qu'à la Révolution. Peut-être en raison de la proximité de la place de la Concorde, où se dressait...la guillotine. Ici, muscadins, incroyables et merveilleuses affichèrent des tenues extravagantes et lancèrent des modes. A cette époque, le café des Ambassadeurs devint un lieu de rendez-vous très en vogue, et dès 1800, le traiteur Dupé y ouvrit un restaurant, qui a pris depuis le nom de Ledoyen. La fortune des Champs-Elysées était alors définitivement établie, et le 19è siècle y multiplia les créations de spectacles et d'attractions.

08/0022 Quand l'Elysée faillit devenir un parc d'attractions

Le financier Beaujon possédait le Palais de l'Elysée depuis 1773. Il fit l'acquisition d'un grand terrain situé en bordure des Champs-Elysées et s'y fit construire en 1781 une folie au carrefour des actuelles rues Balzac et Beaujon. Il en profita pour se faire construire aussi une ménagerie, le Pavillon de la Chartreuse, la Chapelle St Nicolas, puis en 1784, l'Hospice Beaujon, destiné à accueillir vingt-quatre enfants pauvres du quartier et cent malades. Le parc d'attractions, au sein duquel se trouvait la ménagerie, rivalisa un temps avec les Montagnes Russes du boulevard des Italiens. On y trouvait en effet, les Montagnes...Françaises!
L'ensemble fut loti en 1824, et le nouveau quartier Beaujon devint très prisé, attirant quantité d'artistes et d'écrivains: Théophile Gautier, Arsène Houssaye, Lola Montès, Rosa Bonheur, etc...
En 1882, la baronne de Rothschild remplaça l'ancienne maison où mourut Balzac, 11 rue Berryer, par un vaste hôtel. Ce bâtiment fut légué à l'Etat, et une Maison des Artistes s'y établit. C'est au cours d'une vente de charité organisé par cet organisme que le Président de la République, Paul Doumer, fut assassiné en 1932.



08/0023 Le bal disparu

Au 49 avenue Montaigne, se tenait à la fin du Premier Empire, le très populaire bal Mabille. Initialement appelé Jardin Mabille par son créateur, le maître à danser Mabille. Il était tellement populaire qu'il décida en 1840 d'en refaire la décoration pour attirer une clientèle plus huppée: on y trouvait des bosquets, des palmiers en zinc, un kiosque à musique chinois... Grâce à une habile campagne d'affichage publicitaire, le Bal Mabille connut un engouement extraordinaire sous le Second Empire. Il accueillit notamment l'orchestre d'Olivier Métra, et les belles Pomaré et Mogador. La défaite de 1870 lui fut fatale, et il fut démoli en 1882. Il connut son heure de gloire au temps des grisettes, des lorettes, des dandys et des lions. Epoque révolue...

08/0024 Le Palais des Techniques


Le Palais de la Découverte, avenue Franklin Roosevelt, fut créé à l'occasion de l'Exposition Internationale des Arts et Techniques de 1937. Il s'agissait de présenter à tous les publics les fondements de la science, à travers des expériences d'électricité, de biologie, de chimie ou de physique nucléaire. Le Planétarium contribua aussi beaucoup à sa notoriété.

08/0025 La rue des rois

La rue Royale symbolise le raffinement de la vie parisienne à la Belle Epoque. Le restaurant Maxim's venait d'ouvrir, et avait été consacré par l'Exposition Universelle, dont l'entrée principale se situait place de la Concorde. A cette époque, c'était le rendez-vous des couche-tard: Liane de Pougy, la belle Otéro, Cécile Sorel, André de Fouquières, le Prince de Galles..., ce qu'il est resté. Au n°10, le fleuriste Lachaume est le fournisseur de la meilleure société depuis 1845. Au n°12, l'orfèvre Christofle, fournisseur attitré de Napoléon III, arrive en 1913. Au n°11, le maître-verrier René Lalique qui réalisa la fontaine lumineuse qui décorait l'entrée de l'Exposition des Arts Décoratifs en 1925, s'installa en 1936. Enfin, au n°16, la pâtisserie Ladurée, au décor néo-Louis XVI, ouvrit ses portes en 1871. Rappelons le souvenir d'une brasserie, aujourd'hui disparue (depuis 1961), la Brasserie Weber, qui fut le lieu de rencontre de Proust, Daudet, Forain, Caran d'Ache...

08/0026 Quand un pachyderme devait orner la Place de l'Etoile...

En 1806, Napoléon 1er décida de décorer l'entrée orientale de Paris par un Arc de triomphe (rappelons qu'à cette époque, il avait largement vaincu les puissances coalisées: austro-russes à Austerlitz en 1805, et prussiennes à Iéna en 1806), et celle de l'ouest par une fontaine gigantesque, en forme d'éléphant.
Après consultations et délibérations, le programme fut inversé, et tandis qu'un éléphant devait surveiller la place de la Bastille, on entreprit à la barrière de l'Etoile la construction d'un majestueux Arc de triomphe, destiné à fermer la perspective des Tuileries. Pour la petite histoire, l'Empereur ne devait jamais voir son projet réalisé, puisqu'il fut achevé par Blouet sous Louis-Philippe. L' Histoire a parfois de ces provocations...

08/0027 Un soldat qui manque à l'appel

L' Arc de triomphe, qui servit au de cadre au défilé de la Victoire en 1919, ne reçut qu'en 1921 la tombe du Soldat inconnu, et la flamme du Souvenir, que l'on ranime chaque soir. Célèbre mais inconnu, cherchez l'erreur !

08/0028 Les rues de la musique

Si vous connaissez bien le quartier de l'Europe, au-dessus de la gare St Lazare, vous avez sans doute remarqué que toutes les rues sont parsemées de magasins ayant un rapport direct avec la musique: luthiers, restaurateurs d'instruments, marchands de partitions, d'instruments en tout genre, librairies musicales: la rue de Rome, mais aussi les rues de Constantinople, de Moscou, de Liège, de St Petersbourg. Mais pourquoi se sont-ils installés ici, dans ce quartier en particulier ? En fait, tout commence en 1911.
A cette date, le Conservatoire National de Musique s'installe rue de Madrid. Quant à la musique électronique, elle trouve refuge boulevards de Clichy et de Rochechouart, dans le 9è arrondissement.

08/0029 La plage de Paris avant l'heure

Des décennies avant Paris-plage, existait la Plage de Paris. Créé par Edouard Chaux en 1929 au 116bis avenue des Champs-Elysées, le Lido (ex Plage de Paris) fut très tôt une sorte d'établissement thermal-casino très couru des Parisiens, qui venaient y jouer, s'y baigner, y prendre le thé, assister à des défilés de mode, et écouter des orchestres de jazz. En 1948, la salle fut transformée et offrit des spectacles où l'on pouvait dîner. 6000 m² sont alors dévolus à la revue et une salle panoramique de 1200 places est alors construite. La plus grande entreprise privée de spectacle en France emploie aujourd'hui 450 personnes et assure la construction des décors dans ses propres ateliers.



08/0030 On trouve de tout au Carré Marigny

Le Carré Marigny, derrière les Champs-Elysées, accueille toujours les collectionneurs de timbres, cartes et monnaies, qui sont à peu près sûrs d'y trouver leur bonheur. Ce marché "aux timbres" est plus que centenaire, puisque sa création date de la fin du 19è siècle. Mais à l'époque, il était beaucoup plus éclectique qu'aujourd'hui.
Ainsi, on y vendait des des encriers, des marteaux de portes, des gants, des ombrelles, des boutons...
Le chausse-pied de l'Amiral Nelson ou le collier du chien ayant appartenu à Lord Byron atteignirent des prix considérables. La canne de Voltaire ou la pipe de Verlaine, furent vendues à des centaines d'exemplaires "uniques" ! En 1903, un autographe de La Fontaine atteint 460 francs, celui de Gambetta ne dépassa pas 25 francs. Victor Hugo, qui a beaucoup écrit, est carrément bradé à 20 francs. Dure loi de l'offre et de la demande...

08/0031 De quoi se retourner...

L’un des derniers immeubles « bourgeois » construit dans Paris est celui du 30 cours Albert 1er. Achevé en 1922, les trois derniers étages étaient occupés par trois appartements de…750m² ! Forts de 9 pièces, dont 4 sur rue, ils supposaient une grande domesticité. En plus de l’office, une « salle des gens » est prévue, ainsi qu’une cuisine et une lingerie, et 5 salles de bains ! Quant au chauffage, il est individuel, et chaque appartement possède sa propre chaudière au sous-sol.

08/0032 Sauver au moins la façade...

L'ancien immeuble du Figaro, devenu "Elysées Rond-Point" est un cas intéressant de conservation...dans le bouleversement. Ne subsiste en fait que la façade de l'hôtel reconstruit vers 1900 par le financier Bramberger, façade conservée dans un style"restitué" en pierres de taille, à la fois sur les Champs-Elysées et sur l'avenue Franklin Roosevelt. Celle-ci est simplement accrochée sur un nouvel immeuble en béton. Le sauvetage de cette façade a nécessité un important travail de charpente et bien des précautions au cours des reprises en sous-oeuvre, nécessaires pour la création de cinq niveaux de sous-sols, et l'élargissement des baies du rez-de-chaussée pour en faire des vitrines. Les décors ont été restaurés, de même que les oeils-de-boeuf, les lucarnes, les éléments de zinc, et le dôme en ardoises de Nantes. Tout a été maintenu, y compris les fausses cheminées.

08/0033 La malle sanglante

Brrr... Rien que de vous raconter cette histoire, j'en ai froid dans le dos... Un beau jour de 1890, au 3 rue Tronson du Coudray, un certain Gouffé fut retrouvé pendu...avec la cordelette de la robe de chambre de sa maîtresse, la belle Gabrielle ! Avec l'aide de son amant, la mignonne fit disparaître le corps dans une malle. Et c'est là que commence réellement l'affaire de "la malle à Gouffé". Après des aventures rocambolesques, ils fuirent Paris par le train et  furent démasqués par un employé des chemins de fer perspicace, qui s'étonna de voir une tache de sang sous la malle, posée à même le quai de la gare. Les explications confuses des deux criminels finirent par dévoiler la vérité. Ce crime fit beaucoup de bruit à l'époque: il inspira des pièces de théâtre, et même une reconstitution du meurtre au musée Grévin ! Même les camelots profitèrent de l'aubaine: ils vendirent à la criée des petites malles miniatures, avec un petit cadavre articulé à l'intérieur...Un mauvais goût comme ça, on n'en fait (presque) plus. Gabrielle finira sa vie en 1920, après avoir purgé une peine de 13 ans de prison. Son complice , lui, n'eut pas cette chance (si l'on peut dire). Il sera exécuté le 3 février 1891. Il n'y a pas d'égalité entre hommes et femmes. N'est ce pas, mesdames?

08/0034 Que d'eau !

La caractéristique du terrain sur lequel se trouve le 8è arrondissement, c'est l'omniprésence de l'eau. Les nappes aquifères furent toujours très présentes dans l'ouest de Paris, souvent inondé lors des crues de la Seine, qui laissait en se retirant des terrains inondés et marécageux. Les rues des Saussaies (saules) et des Gourdes (cucurbitacées) en perpétuent le souvenir.

08/0035 Un arrondissement précurseur

Si la spéculation immobilière est apparue dès le 17è siècle dans ce qui n'était pas encore, à l'époque, le 8è arrondissement, ce n'est que sous la Restauration, en 1823, qu'eurent lieu ici de grandes opérations d'urbanisme, cinquante ans avant le baron Haussmann et ses grands travaux. C'est en effet à cette date que, fait sans précédent, on lotit deux grands quartiers: le quartier François 1er et le quartier de l'Europe. C'est aussi à cette époque que l'on construisit en 1837 la première ligne de chemin de fer, de la gare St Lazare vers St Germain en Laye.

08/0036 Aux Champs-Elysées...

Au début du 20è siècle, les Champs-Elysées concurrençaient...Montmartre et ses cabarets ! Ce qui nous paraît aujourd'hui invraisemblable était pourtant avéré. A côté des célèbres salles Pleyel, Gaveau et au théâtre des Champs-Elysées, viennent s'installer avec un grand succès des cafés-concert, des revues... L'urbanisme sera bouleversé avec la Grande Guerre. Les hôtels particuliers seront réquisitionnés, et les familles décimées sur les champs de bataille. Avec la fin de la guerre, l'Arc de Triomphe et les Champs-Elysées deviennent des lieux de cérémonie et des symboles républicains très ancrés dans les mentalités. D'importantes opérations immobilières feront disparaître la quasi-totalité des hôtels particuliers, pour faire place à de luxueuses galeries marchandes, des cafés, des cinémas. Les élites, chassées par les foules drainées par le réseau du métropolitain et attirées par les nouveautés, quittent les Champs-Elysées pour des quartiers plus calmes.

08/0037 Un nid de célébrités

Au 9 rue du faubourg St Honoré, dans cet immeuble du 18è siècle, vécurent le grand parfumeur de Marie Antoinette Houbigant. Mais aussi  le Consul Cambacérès, le dessinateur Cham, et le poète Franc-Nohain. Le n°29 de la même rue accueillit le banquier Pillet-Will, Coco Chanel, qui y reçut Picasso, Diaghilev et Stravinsky. Le n° 31, un hôtel particulier construit par Gabriel abrita Joseph Bonaparte, dès 1803, puis par l'amiral Decrès, et enfin par la famille du maréchal Suchet. En 1801, le Concordat y fut signé par Napoléon Bonaparte. L'hôtel fut rasé en 1887 par Pillet-Will, et les décors en furent en partie sauvés par Paul Marmottan , qui possède désormais son musée. Ce dernier fut rasé pour faire place à l'ambassade du Japon, qui ne conserva que le bâtiment du 18è siècle, sur rue, classé.

08/0038 Cherchez les colonies

A l'angle de la rue Pasquier et de la rue des Mathurins, vous trouverez l'immeuble de la Société Financière Française et Coloniale. bâti en 1929. Les belles et vigoureuses sculptures à incrustations de marbre et pierres de couleur symbolisent les diverses colonies par des animaux, des scènes de pêche à Terre-Neuve, et des cartes (Djibouti).


 

08/0039 Le temple du théâtre

Dans ce quartier, il y a pléthore de lieux de spectacle. Mais le Théâtre des Mathurins, au n°36 de la rue est sans conteste l'un des temples de cet art. Jugez plutôt: de 1927 à 1939, il accueillit Georges et Ludmilla Pitoëff, dont les portraits ornent la façade. Leur fils Sacha perpétuera leur oeuvre. Mais ce n'est pas tout. Ce théâtre interpréta les pièces de Sacha Guitry, et Tristan Bernard. Repris en 1927, il s'éloigna du répertoire léger pour présenter des oeuvres de Georges Bernard Shaw et R.Fauchois (Boudu sauvé des eaux). Jean Tedesco puis Georges Pitoëff reprirent la suite et produirent Pirandello, Tagore, Anouilh, Claudel, Tchekhov... En 1939, ce fut au tour d'Exbrayat, Synge, Camus, Gide ou encore Héloïse et Abélard  de R. Vaillant. En 1953, Mme Harry Baur prit la tête du théâtre et monta Yourcenar, Faulkner, Malaparte, Coggio, Brecht et Duras. Et ce n'est pas fini... Ouf !

08/0040 Taïaut, taïaut!

L'immeuble du 16 rue de l'Arcade est assez étonnant: datant du 19è siècle, il est décoré en façade d'impostes sur le thème de la chasse au sanglier et au lièvre...Surprenant alors qu'à l'époque, déjà, le quartier était fortement urbanisé, et le gibier bien loin...Quant à la cour intérieure, sobre et élégante, elle est entourée d'écuries. Mais là, c'est plus normal, nos aïeux ne se déplaçant qu'à cheval.

08/0041 La morue la plus célèbre de Paris, enfin peut-être...

La rue Boissy d'Anglas, un Conventionnel parmi les plus cruels sous la Terreur, s'appelait en 1715...rue de la Bonne Morue ! En fait, ce poisson était fort bien préparé par le restaurant voisin de la veuve Vautier. Quant la cuisine est bonne, on attribue des étoiles à un restaurant. A cette époque, on donnait le nom à une rue. Pourquoi pas ?

08/0042 La rue du souvenir

...ou plutôt l'impasse du Souvenir. Au niveau du 34 rue La Boëtie s'ouvre une impasse. Elles est flanquée, de chaque côté, de bornes. Celles-ci ne sont pas là par hasard. Elles servaient à protéger les immeubles et les passants qui pouvaient se réfugier entre deux bornes, lors du passage d'une voiture à cheval.

08/0043 Les soldats du Roi

A l'angle de la rue Delcassé et de la rue de Penthièvre, une caserne de la Gendarmerie Nationale a succédé à l'une des casernes des Gardes Françaises bâties entre 1772 et 1780 par le maréchal de Biron. De cette caserne, dite de la rue Verte (ancien nom de la rue de Penthièvre), partit un détachement de gardes qui prit part à la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789.

08/0044 Un lieu de plaisirs oublié

La rue du Colisée garde le souvenir d'un lieu d'attractions, créé en 1771 par la marquise de Langeac. Ce vaste bâtiment, appelé le Colisée, comprenait des salles de bal, de naumachie (combats navals dans une arène) et diverses autres attractions, dont un orchestre de plus de trente musiciens. Fréquenté et vanté par les plus grands personnages de la cour, dont la reine Marie-Antoinette elle-même, il passa de mode et dut fermer en 1779. Il fut rasé en 1780, et la marquise ruinée. C'est désormais un restaurant, le Boeuf sur le toit, qui remplace cet établissement. Mais la rue porte toujours son nom.

08/0045 La vieille librairie

Au 164 de la rue du Faubourg St Honoré, se trouve une vénérable institution: la librairie Blaizot, fondée en 1840. Installée ici en 1928, elle s'est spécialisée dans les livres anciens et l'édition moderne, illustrée par de grands artistes: Bonnard, Maurice Denis.
Elle est ornée d'un superbe vitrail sur le thème du livre, réalisé par Jacques Gruber en 1928.

08/0046 En avance sur son époque

C'est le moins que l'on puisse dire à propos de l'immeuble construit par Shell en 1932 à l'angle de la rue d'Artois et de la rue Washington. En effet, il disposait déjà, à l'époque d'ascenseurs, mais surtout de panneaux radiants et, encore plus étonnant, de ventilation; nous dirions aujourd'hui de la climatisation... Le tout construit en vingt mois, ce fut le plus grand chantier de Paris de son temps. Bravo!

08/0047 Pour éduquer les pauvres

L'hospice Beaujon s'élève au 208 rue du Faibourg St Honoré. Nicolas Beaujon décida, en 1784, d'y fonder un hospice pour y éduquer douze garçons et douze filles pauvres du quartier (tiens, tiens, la parité existait donc avant le 21è siècle, époque de tous les progrès et de tous les bonheurs?). La pompe à eau de Chaillot alimentait l'orphelinat en eau. Un service médical gratuit fut installé pour les pauvres du quartier. La Révolution, comme souvent, récupéra cette initiative pour se l'approprier, et en fit un hôpital.
Le tout fut rasé en 1989, époque bien connue pour sa modération et son respect pour les bâtiments anciens. Il eût été aisé de les réhabiliter, mais l'esprit de l'époque voulait faire stupidement table rase du passé, ce contre quoi je combats-modestement-.

08/0048 Une fonderie qui fond

La fonderie du Roule était la fonderie Royale. On y fondait les affûts de canons et les statues en bronze des souverains. Pendant la Révolution, retournement de l'Histoire, elles servirent...à fondre les statues des souverains pour en faire des canons ! Les esclaves provenant de la statue d'Henri IV sur le Pont-Neuf furent sauvés de la destruction par Jean-Baptiste Lebrun, l'époux de la célèbre peintre, Madame Vigée-Lebrun. Quant à la statue de Louis XIV par Coysevox, elle orne la cour d'honneur du Musée Carnavalet. Ouf!

08/0049 Une formidable salle de spectacle

Bon, la salle Pleyel, vous connaissez sans doute. Mais attendez un peu. Installée au 252 rue du Faubourg St Honoré, cette salle de concert fut fondée par le grand facteur de pianos Camille Pleyel en 1927. Elle devait accueillir à l'origine 3 000 spectateurs, et son acoustique devait satisfaire les mélomanes, et aussi le public du cinéma, alors en passe d'être sonorisé. Le béton armé et la brique furent utilisés pour sa construction. Trois salles furent aménagées: la salle Debussy, qui pouvait accueillir 300 personnes, la salle Chopin 600, et la salle Pleyel 5 000(!). Louis Armstrong s'y produisit les 9 et 10 novembre 1934 et les 2 et 3 mars 1948, devant une salle comble.

08/0050 La maison de céramique

Ne manquez pas, si vous vous promenez avenue de Wagram, l'immeuble du n°34. Il est absolument extraordinaire. Construit selon le "Modern style", le Céramic Hotel est recouvert de...céramique et de grès. Au rez-de-chaussée, des pieds de glycine sortent d'amphores et se répandent le long de la façade. Plus haut, des frises de fleurs des magnolias, et des coléoptères (des hannetons?) agrémentent les balcons et oriels qui donnent une curieuse dissymétrie à cette maison.

08/0051 Quand Falguière concurrence Rodin

Falguière et Rodin étaient tous deux de fantastiques sculpteurs du 19è siècle. Place Guillaumin trône une statue de Balzac. Commandée à Rodin dont ce fut pourtant une de ses oeuvres les plus magistrales, elle fut confiée finalement à Falguière. Mais son oeuvre fit l'objet d'un scandale de la part de la Société des Gens de Lettres, qui l'avait commandée. L'oeuvre de Falguière est magnifique, et celle de Rodin se dresse depuis 1939 boulevard Raspail. Bref, tout le monde est content.

08/0052 Un parc luxueux

Le Parc Monceau était environné, dès le 18è siècle, par de petites maisons abritant les amours des riches personnages dans les parages encore champêtres du faubourg St Honoré. Le duc de Chartres, futur Philippe-Egalité sous la Révolution, y acquit un terrain sur le village de Monceau en 1769. Le pavillon de Chartres était orné de marbres de brèches et de bronzes. C'était sans conteste l'un des plus luxueux de Paris. Il était agrémenté de vignes, de fermes, de cabarets, de pavillons à la française, de moulins à eau et à vent, d'un minaret (l'orientalisme était à la mode, à l'époque), de tentes turques et tartares, de ruines du temple de Mars, d'une naumachie, et d'un petit temple de marbre blanc. L'exécution de Philippe-Egalité, en 1793, fit cesser les travaux. Devenu Bien national sous la Révolution, il fut le théâtre du premier saut en...parachute! En 1811, il fit partie du jardin impérial. Dans les premières années du 20è siècle, le parc fut agrémenté de monuments à des gens de lettres et à des musiciens. On peut y admirer les statues de Charles Gounod, de Guy de Maupassant, Ambroise Thomas, Frédéric Chopin, Edouard Pailleron. La statue de Charles Valton, la Lionne blessée, n'existe plus, fondue par le gouvernement de Vichy.

08/0053 Le musée Nissim de Camondo

Au 63 rue de Monceau, se trouve l'Hôtel Nissim de Camondo. Celui-ci, mort en combat aérien en 1917 pour la France, était le fils de Moïse de Camondo.  Celui-ci, en souvenir de son fils, légua en 1935 son hôtel et ses fabuleuses collections à l'Union Centrale des Arts Décoratifs. Le musée abrite des collections extraordinaires du 18è siècle. Juifs au service de la France, ils ont largement contribué à la préservation du patrimoine français des 18 et 19è siècles.

08/0054 Le palais du chocolat

Si la maison en pain d'épices est un conte pour enfants, la maison de chocolat existe bel et bien. C'est ce surprenant hôtel particulier que vous trouverez au 4 de l'avenue Ruysdael. Curieux et fantastique par son archtecture, il fut élevé pour le chocolatier Gaston Menier. Sa façade en brique polychrome et pierre comporte au centre du cintre du porche un caducée qui nous rappelle qu'il est désormais le siège de l'ordre des pharmaciens. Le mélange des styles des différents bâtiments, tour à tour de style normand, mauresque ou flamand, en fait tout l'intérêt. Si vous avez l'occasion de le visiter, n'y allez pas, courez-y!

08/0055 Il aura fallu attendre un siècle...

...pour rendre hommage au préfet Haussmann. Ce grand homme qui a remodelé Paris (malgré des dégâts qu'il aurait sans doute pu éviter) et en a fait une capitale moderne, que le monde entier admire, n'avait toujours pas de statue à son effigie dans la capitale. Il a fallu attendre 1989 pour qu'il soit immortalisé au 132 du boulevard qui porte son nom.

08/0056 Aux Tortues

C'est le nom du magasin situé au 55 du boulevard Haussmann. Avec sa superbe devanture en bois sculpté, il fut créé en 1864, et la boutique reçut son décor en 1910. Les tortues et les éléphants scuptés rappellent sa destination première: la vente d'objets en ivoire et en écaille. La devanture est (heureusement) restée, mais le magasin a disparu. Il est remplacé par un commerce d'alimentation sans intérêt.

08/0057 Un inventeur de génie et un philanthrope

La Mairie du 8è arrondissement a déménagé plusieurs fois. Elle s'est définitivement fixée en 1926 dans un hôtel particulier élevé en 1865/1867 pour Jean-François Cail. Ce nom ne vous dit peut-être pas grand chose, mais c'était un sacré personnage. Voici son histoire: ouvrier autodidacte, Jean-François Cail est devenu un puissant industriel. Remarquable inventeur de machines pour le traitement de la canne à sucre, il produisit aussi des centaines de locomotives, dont les fameuses "Crampton". Il aménagea pour ses ouvriers dans le quartier de la Chapelle (18è arrondissement) des crèches, des écoles, un théâtre (les Bouffes du Nord), des commerces bon marché. Il construisit le pont de l'Europe, qui enjambe les voies de la gare St Lazare. Pas mal, non ?

08/0058 La gare dont on ne voulait pas

A l'origine, la gare St Lazare devait se trouver tout près de la place de la Concorde. Les protestations furent telles qu'elle fut construite place de l'Europe, puis déplacée à l'emplacement actuel en 1841. Elle fut rebâtie pour l'Exposition Universelle de 1889.
Il fallait se faire belle pour accueillir les millions de touristes venus spécialement à Paris pour admirer l'Exposition du centenaire de la Révolution Française!

08/0059 Quand la politique fait changer de nom

La rue de St Petersbourg présente la particularité d'avoir eu plusieurs noms différents: tantôt rue de Petrograd, tantôt rue de Léningrad, enfin rue de St Petersbourg. Chaque changement de régime en Russie explique ces nouvelles appelations. Les régimes successivement tsariste, puis bolchevique et communiste, et enfin républicain que nous connaissons actuellement.

08/0060 La Petite Pologne

En remontant la rue du Rocher, on surplombe la rue de Madrid, qu'elle enjambe par un pont.  Cette altitude toute relative rappelle l'existence de moulins, très présents sur les buttes avoisinantes. Le quartier s'appelle la Petite Pologne, en raison des nombreux émigrés polonais qui s'y étaient installés, suite au dépeçage de leur pays ami de la France par les puissances voisines après la chute de l'Empire: la Prusse, l'Autriche-Hongrie et la Russie... Au n°56 de la même rue, vous pourrez voir un curieux fronton brisé, accompagné de bas-reliefs illustrant la Peinture et l'Architecture...

08/0061 Une trace émouvante du passé

Dans la cour du 4 de la rue du Général Foy, a été remontée une borne-limite de la Ville, provenant de la maison du sieur Vincent, rue de l'Arcade, avec cette inscription: " 1729 - Règne de Louis XV- De par le Roy - Défenses expresses sont faites de bâtir - Dans cette rue hors la présente borne - et limites aux peines portées - Par les déclarations de Sa Majesté de 1724 à 1726". Moment privilégié que de lire ces quelques phrases...


08/0062 Un simple terrain vague

En 1633, avec la création des Fossés Jaunes, l'enceinte de Paris fut reportée plus à l'Ouest. Les esplanades actuelles de l'Orangerie et du Jeu de Paume sont un reste du bastion terminant cette nouvelle fortification en bord de Seine. Ainsi, les Tuileries se trouvaient à l'intérieur des limites de la ville. Au-dlà des Fossés Jaunes, un terrain vague faisait glacis entre Paris et ce qui était encore la campagne. Ce terrain vague, c'était la future place de la Concorde.

08/0063 L'allée des veuves

Le tracé actuel de l'avenue Montaigne correspond à un chemin qui, au 18è siècle, s'appelait "Allée des Soupirs" ou "Allée des Veuves". Celles-ci ne pouvant paraître publiquement dans Paris, elles venaient se promener après dîner sur cette allée moins fréquentée, à l'abri des regards.

08/0064 L'architecte du second Empire

Si Haussmann tenait les commandes, sous les ordres de Napoléon III, l'architecte Hittorff, pratiquement inconnu, fut le maître d'oeuvre d'un grand nombre de grands travaux haussmanniens. Ainsi, Hittorff fut choisi par le préfet Rambuteau (celui qui précéda Haussmann) pour aménager la Concorde et les Champs-Elysées, et ce, dès 1835! Hittorff fut très actif à Paris. Il bâtit des hôtels particuliers, mais surtout des salles de spectacle: la salle Favart, l'Ambigu-Comique...Mais aussi l'église St Vincent de Paul, les bâtiments des Champs-Elysées, le Cirque d'Hiver, et la Gare du Nord. Excusez du peu... Il en profita pour créer du matériel urbain: candélabres, fontaines, restaurants, où il laissait libre cours à son imagination et à son remarquable sens de l'alliance des prouesses techniques et esthétiques, mêlées à la plus belle tradition antique. Plus tard, Napoléon III chargea Hittorff d'aménager la place de l'Etoile; il traça un réseau étoilé de douze larges artères, que nous connaissons encore aujourd'hui. La fin est moins  gaie. Haussmann, qui trouvait qu'Hittorff lui faisait de l'ombre, l'écarta des futurs grands travaux...

08/0065 Les Champs-Elysées au début du 20è siècle

On l'a vu un peu plus haut, les Champs-Elysées de nos arrières grands-parents étaient un lieu de plaisirs qui concurrençait Montmartre. On venait s'y encannailler et assister çà des revues plus ou moins dénudées et grivoises. On venait y écouter Mistinguett, Yvette Guilbert, Mayol, les comiques-troupiers, Dranem, Polin, la Belle Otero... On y découvre des succès intemporels: "La petite Tonkinoise", "Viens Poupoule", "Madame Arthur", et le Lido sera créé en 1946, à une époque où la nécessité de se distraire était encore plus vivace. Les concessionnaires automobiles, attirés par la fréquentation des lieux, s'y précipitèrent: Mercédes-Benz dès 1899, Hotchkiss en 1914, Alfa-Roméo en 1925, etc...Après l'automobile, la mode investit l'avenue: Vuitton, puis la maison de couture Jenny, le parfumeur Guerlain, puis la célèbre couturière Jeanne Lanvin. Les autres vinrent plus tard.

08/0066 Une histoire de flamme

Sous l'Arc de Triomphe de la place Charles de Gaulle, brûle la flamme du soldat inconnu. Celui-ci est enseveli le 28 janvier 1921. La même année, sur proposition du journaliste Gabriel Boissy, il est décidé qu'une flamme brûlera en permanenece devant la tombe. Le 11 novembre 1923, la flamme est allumée en présence des maréchaux Foch, Lyautey et Pershing, par le ministre des armées André Maginot, le "père" de la fameuse ligne. En 1940, les troupes allemandes défilent, mais le 11 novembre de la même année, les étudiants parisiens manifestent place de l'Etoile. Le 26 août 1944, le général de Gaulle rallume la flamme et descend l'avenue parmi la population de Paris libéré.

08/0067 La rue publicitaire

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la publicité n'est pas née il y a trente ans. Imaginez un peu: le Grand Palais et le pont Alexandre III, à l'occasion de l'Exposition de 1925 furent transformés en...rue publicitaire ! Les arts décoratifs français y accueillaient les visiteurs dans de somptueuses boutiques: laques de J. Dunand, meubles de Ruhlmann, verres de Lalique...

08/0068 Les descendants de la Révolution russe...

... se retrouvent dans les murs de la cathédrale Alexandre Newski, au 12 rue Daru. Elle fut consacrée en 1861 au culte néo-byzantin. En dehors du riche décor de l'église, les offices orthodoxes sont magnifiques et plus longs que leurs homologues catholiques. Ils témoignent d'une ferveur réelle, celle de tout un peuple d'immigrés russes, habitant le quartier et perpétuant le culte de leurs ancêtres.

08/0069 L'orfèvre du sacre

La cité Odiot donne dans le 26 rue de Washington. Ce havre de paix, à deux pas des Champs-Elysées, est composé d'immeubles construits en 1847, entourant une grande pelouse arborée. A cet emplacement s'élevait l'hôtel particulier de l'orfèvre Jean-Baptiste Odiot. Celui-ci était le fournisseur attitré de Napoléon 1er, pour qui il avait fabriqué l'épée et le sceptre impériaux.

08/0070 Aux Arméniens de Paris

15 rue Jean Goujon, se trouve l'église Saint Jean-Baptiste. Les pogroms turcs de 1915-1925 firent fuir une importante communauté arménienne vers ce pays de liberté: la France. Etablis principalement dans le 8ème arrondissement (mais aussi dans le 9ème arrondissement, où ils s'établirent comme diamantaires et joailliers), ils vénèrent cette église tout à la fois en tant que lieu de culte et d'incarnation de la nation arménienne. C'est un lieu de passage obligé de la diaspora.

08/0071 Deux pour le prix d'un

Avoir une rue portant son nom, c'est le rêve, avoué ou non de toute célébrité. Mais avoir son nom attribué à deux rues différentes, voilà qui n'est pas donné à tout le monde. Eh bien, Louis d'Astorg d'Aubarède, marquis de Roquépine, fait partie de ces heureux élus. Une rue d'Astorg et une rue Roquépine portent son nom pour la postérité, toutes deux situées dans le 8ème arrondissement. Ce n'est d'ailleurs pas le seul dans ce cas. Jean-Baptiste de Lamichodière, comte d'Hauteville, a sa rue dans le 2è arrondissement, quant à la rue d'Hauteville, elle court dans le 10è arrondissement. Il y en a même un troisième, que je vous laisse découvrir dans les anecdotes du 2è arrondissement.


08/0072 Les bas de Marie-Antoinette

Dans le square Louis XVI sont ensevelis les restes du roi Louis XVI et de la famille Royale, après leur assassinat par les Révolutionnaires. On a du mal à reconnaître avec certitude le corps du roi. Par contre, celui de la reine ne fait aucun doute: son corps fut identifié grâce ...à ses bas, et en particulier des fragments de filoselle, qu'elle portait à la Conciergerie. Les corps des souverains furent transférés plus tard à St Denis, où ils reposent avec ceux du duc d'Orléans, cousin du roi, qui contribua par son vote à les envoyer sur l'échafaud. S'y trouvent aussi quelques-uns des gardes Suisses massacrés par les émeutiers, le 10 août, lors de la prise des Tuileries. Les corps des autres Gardes sont aux Catacombes.

08/0073 Les concessionnaires automobiles ne sont pas là par hasard

Sur les Champs-Elysées se trouvent les concessions des plus prestigieuses marques automobiles. La notoriété du site n'y est certes pas étrangère. Mais il y a une raison beaucoup plus cachée, et pas moins réaliste. Cette avenue mène au Bois de Boulogne. Les cavaliers qui s'y rendaient avaient besoin de maréchaux-ferrants, de selliers, d'harnacheurs...Dès 1822, ces artisans s'installèrent sur le parcours, et à la fin du 19è siècle, les carrossiers y construisirent leur célébrité. Le Fouquet's n'était à l'époque qu'un bistrot de fiacres. Le progrès technique fit disparaître les chevaux et les fit passer sous le capot des automobiles. La suite, c'est une autre histoire...

08/0074 La cinquième colonne

Place de la Concorde, sur l'hôtel Crillon, se déroula une anecdote étonnante, durant la Libération de Paris, en août 1944. Le 26 août donc, l'ambiance est à la fête dans Paris, qui est maintenant libéré. Tout Paris ? Non, pas encore. Ici et là, quelques coups de feu éclatent encore, et ce jour, c'est la panique qui gagne les Parisiens massés sur la place. Quelques blessés et tués jonchent le sol. Un char de la 2ème DB du général Leclerc, commandé par un lieutenant FFI, est en position, pour protéger l'arrivée du général de Gaulle, attendu inpatiamment par la foule. Les coups de feu partent de l'hôtel Crillon. L'un des tankistes crie alors: "La cinquième colonne !". Cette expression désignait, à l'époque, des traîtres ou des espions agissant pour le compte de l'ennemi, en sous-main. Mais le tireur, dans l'habitacle du char, interpréta différement ce qui n'était qu'un cri d'alarme. Il mit en joue...la cinquième colonne du Crillon ! Et c'est pour ça que, encore de nos jours, la cinquième colonne du Crillon, reconstruite dans une pierre plus grise que ses consoeurs, affirme nettement sa différence, de couleur... Regardez, et vous verrez.