Anecdotes
Anecdotes 4è arrondissement

 

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04/0067 L'empereur poète

C'est en 1808 que Napoléon 1er décida qu'un marché aux fleurs, rejoint par un marché aux oiseaux dès 1809, serait construit à l'emplacement du terrain vague délimité par le quai de Corse (quai Desaix à l'époque) et la rue de la Pelleterie.
Ce marché se tenait tous les mercredis et tous les samedis, pour le plus grand plaisir des Parisiens, qui venaient s'y promener, et y acheter des plantes et des oiseaux du bout du monde. Comme quoi, on peut être empereur, grand conquérant, et poète à ses heures.

04/0068 L'aquarium d'Hypocras

Le Grand Châtelet, en fait une forteresse, qui abritait le pouvoir royal au Moyen-Âge, se situait..;à l'emplacement de l'actuelle place du Châtelet. Et, bien avant d'être la place que nous connaissons, avec ses théâtres et son animation, c'était aussi un lieu sinistre où l'on emprisonnait et où l'on torturait. Ainsi, la "question", abolie par Louis XVI en 1780, y était appliquée. et les cellules où étaient enfermés les prisonniers étaient différentes, selon la nature de leurs crimes. par exemple, "la fin d'aise" signifiait pour le prisonnier qu'il n'avait aucune chance d'en sortir vivant. Mais c'est surtou la chambre ou aquarium d'Hypocras qui était particulièrement redoutée. Cette dernière avait la forme d'un entonnoir renversé, dans lequel le prisonnier , pieds liés, était descendu au moyen d'une corde et d'une poulie. il ne pouvait se tenir que debout, et sans pouvoir s'adosser au mur, du fait de l'inclinaison. Le fond du cachot baignait dans l'eau, et de dangereux reptiles y nageaient. Quand le malheureux était épuisé, il se laissait couler, et..;vous devinez la fin de l'histoire.

04/0069 La mairie qui n'est pas la mairie

Nous sommes dans le 4è arrondissement, vous vous souvenez ? Bon, alors si vous cherchez la mairie de l'arrondissement, n'allez pas place de l'Hôtel de Ville, vous iriez à la mairie de Paris. La mairie du 4è arrondissement, plus modestement, est située non loin de là, place Baudoyer. Finalement, il fallait bien que la mairie de Paris soit située quelque part, non ?

04/0070 Une peinture qui tient à coeur

Au n°101 de la rue St Antoine, à l'endroit où s'élevait jadis l'ancienne porte St Antoine située sur l'enceinte de Philippe Auguste , se trouve l'église Saint Paul-St Louis, dite aussi St Louis des Jésuites, ou encore église des Grands Jésuites. Construite entre 1627 et 1641, elle accueillit les plus grands orateurs de son temps, notamment Bourdaloue, qui prononça l'oraison funèbre du Grand Condé. Les coeurs de Louis XIII et de Louis XIV y furent déposés.
A la Révolution, ils furent livrés au peintre Saint Martin, qui les broya...pour les mélanger à ses couleurs !

04/0071 Une tour à l'histoire mouvementée

A deux pas de la place du Châtelet, la tour St Jacques, se dresse, blanche et magnifique, et bien seule...
A l'origine, l'église St Jacques de la Boucherie, puisque c'est son vrai nom, était dédiée à cette puissante corporation, qui la fit construire tout près de son lieu de travail, les Halles de Paris.  En 1508, on y adjoint une tour, celle que vous admirez aujourd'hui. Pendant la Révolution, les cloches furent fondues, la statue de St Jacques qui surmontait son clocher, disparut (volée ?) et l'on détruisit l'église sous prétexte "d'assainir" le quartier, sans se préoccuper des oeuvres d'art qui l'ornaient, et des sépultures que contenait le sol. Seule subsista la tour, qui fut vendue en 1792 à un fabricant de plombs de chasse, qui la ravagea. C'est seulement en 1836 que, sur une proposition du grand savant François Arago, que la ville de Paris racheta le monument en péril, et confia à l'architecte Ballu le soin de le restaurer entièrement.

04/0072 "Quand j'ai du mauvais sang, je me le fais tirer"

Au n° 65 rue Quicampoix, le financier écossais Law installa sa fameuse banque, en 1719.A proximité, au n°54, se trouvait le cabaret de l'Epée de Bois, où les nouveaux riches dépensaient les profits de leurs spéculations. C'est là que, le  20 mars 1720, le comte Antoine de Horn, parent du Régent, assassina un de ces spéculateurs, un dénommé Lacroix, pour le dévaliser. Arrêté, Horn fut condamné au supplice de la roue, c'est à dire à une mort infamante.  Le duc de Saint Simon intervint en sa faveur auprès du Régent pour qu'on épargnât ce supplice à un noble de son rang. A quoi le Régent répondit: "Quand j'ai du mauvais sang, je me le fais tirer.". Et le comte de Horn fut roué en place de Grève le 26 mars 1720.
Une justice expéditive, mais juste.

04/0073 Chez ma tante

En 1778, fut créé le Crédit Municipal, dit aussi Mont de Piété, et encore "Chez ma tante". En effet, il était déshonorant de mettre en gage les bijoux de famille ou tout autre objet ayant une valeur marchande, pour rembourser des dettes de jeu, par exemple. Ceux qui avaient recours à ces services déclaraient alors: "Je vais chez ma tante." D'où l'expression qui est parvenue jusqu'à nous. On voit encore dans la cour une étuve, dans laquelle on assainissait les matelas mis en gage par les emprunteurs... On y voit encore aussi les vestiges d'une tour de l'enceinte de Philippe-Auguste. L'établissement se trouve au 57 bis de la rue des Francs-Bourgeois. Pour finir, voici la descrition qu'en faisait le poète Esquiros en 1841:

" Le Mont de Piété, cette sombre masure,
Ce monstre aux mille mains, tortueux et vivant,
Qui vous reçoit d'un air flatteur et décevant,
Mais qui garde sans cesse et digère en son antre,
Tout l'or ou tout l'argent que l'on met dans son ventre."

04/0074 C'est le coup de lance de Montgomery qui a créé la place des Vosges

C'est cette phrase de Victor Hugo qui définit le mieux la création de la place des Vosges. En effet, après la mort d'Henri II, frappé mortellement à l'oeil par Montgomery lors d'un tournoi, que Catherine de Médicis prit en grippe l'Hôtel des Tournelles où il avait agonisé. Elle le fit raser, laissant un vaste terrain  vierge, utilisé comme champ de manoeuvres. Il fallut attendre Henri IV pour que la place des Vosges (place Royale à l'époque) fut construite. Il avait "importé" de sa femme italienne les places bordées d'arcades, et cette place fut la première digne de ce nom à Paris. Les constructions bordant la place étaient des immeubles de rapport, c'est à dire l'équivalent de nos HLM d'aujourd'hui...
Dans le même style, vous reconnaitrez facilement la place Dauphine, face à la statue équestre d'Henri IV, sur le pont Neuf. Brique et pierre, des matériaux économiques, peu sensibles aux incendies (un des fléaux de l'époque, beaucoup de maisons étant en bois), agréables à l'oeil, et préfigurant nos immeubles modernes. N'oublions pas que Paris était principalement constitué de maisons médiévales (nous en sortions tout juste), faites de torchis et de bois, très rapprochées et dont les colombages proches les uns des autres assombrissaient les rues et favorisaient les incendies. Les places donnaient accès à la lumière et à l'espace. De plus, le centre de la place étant aménagé d'espaces verts et de bancs, les gens s'y retrouvaient volontiers, et y échangeaient volontiers des propos jusqu'alors inconnus: on y discutait arts, littérature, et même politique... C'est cette mode qui fit plus tard le succès du Palais-Royal, et qui prépara la Révolution Française. Rien que ça...

04/0075 Bonaparte n'y était pour rien

Tout le monde connaît le célèbre épisode des guerres d'Italie où l'on voit le jeune général Bonaparte s'emparer d'un drapeau français tombé à terre, et mener ses troupes à l'assaut des Autrichiens, qui tenaient l'autre rive du pont d'Arcole.
Eh bien, cet épisode, imaginaire, n'a strictement aucun rapport avec le pont d'Arcole, à Paris. Etonnant, non ?
En fait, le 28 juillet 1830, un jeune homme nommé Arcole (tiens, tiens...) s'avance sur le pont, à l'assaut de l'Hôtel de Ville. Nous sommes pendant les Trois Glorieuses. Il fut frappé à mort par une balle. C'est en mémoire de son fait d'armes que le pont, construit en 1855 pour remplacer l'ancienne passerelle, porte son nom.

04/0076 Un port qui porte bien son nom

Le port de l'Arsenal, qui n'abrite pratiquement plus que de petits bateaux de plaisance, a réellement connu une activité fluviale intense, dès le milieu du Moyen-Âge. De nombreuses gondoles appartenant à de riches bourgeois, mais aussi des barques chargées de bois, de grains ou de bétail s'y croisaient toute l'année. Les mariniers en goguette, en partance ou revenant de leur navigation, y fréquentaient les tavernes où ils dépensaient leur solde. On se serait cru à Saint Malo ou sur le Vieux Port de Marseille...

04/0077 L'incendie du Petit Pont

Le 27 avril 1718, toutes les maisons bâties sur le Petit Pont furent brûlées. Deux grands bateaux chargés de foin furent la cause de cet incendie. Comme tous les bâtiments étaient construits en bois, le feu n'eut aucun mal à se propager.
Tous les commerces de tableaux, linges, étoffes, tapisseries s'embrasèrent, et des dizaines de Parisiens périrent dans cette catastrophe.

04/0078 Le rendez-vous des polonais de Paris

La Société historique et littéraire polonaise se trouve au 6 quai d'Orléans. Le cadre est superbe, et une visite guidée y est possible. La bibliothèque du rez-de-chaussée regroupe manuscrits et imprimés divers, ainsi que 4 000 cartes, dont une édition rarissime de la carte des terres slaves de Ptolémée. Le premier étage est consacré à Frédéric Chopin, et sa nombreuse correspondance avec George Sand. Le deuxième étage est consacré à Adam Minkiewicz, grand poète et romancier polonais du 19è siècle, et le troisième étage le musée Biegas porte le nom d'un célèbre peintre polonais contemporain. L'ambiance intimiste et romantique des lieux en fait tout leur intérêt, autant que la consécration de cet endroit à un peuple ami des Français.

04/0079 Quand la foi républicaine rend...aveugle ou illuminé?

En 1795, un taureau fut attaché quai des Célestins, au bout de la rue St Paul. Mais pas n'importe quel taureau. Né à Arras (comme Robespierre...), les foules républicaines venaient l'admirer...pour la seule raison qu'une cocarde nationale était apparue sous sa corne gauche, à sa naissance !  Les gazettes écrivaient alors: " Cette cocarde prouve authentiquement l'approbation que le ciel apporte aux travaux du peuple, et annonce la durée du triiomphe de la République." On a rarement fait plus ridicule, non ?