Anecdotes
Anecdotes 2è arrondissement


02/0069 Sous le soleil exactement

Vous l'avez sans doute remarqué; lorsque vous vous promenez entre le boulevard des Capucines et le boulevard Montmartre, la plupart des grands cafés et restaurants sont du côté nord du boulevard, c'est à dire qu'ils ne sont pas situés sur le 2è arrondissement. Café de la Paix, Grand Café, café de l'Opéra, ...Et cela ne date pas d'hier ! Déjà, au 19è siècle, Tortoni ou la Maison Dorée s'étaient installés côté 9è arrondissement. Ostracisme, malédiction? Non, plus prosaïquement...manque de soleil. L'autre versant du boulevard étant plus ensoleillé que celui du 2è arrondissement, les belles passantes venaient plus volontiers passer quelques heures au soleil...du bon côté. Seul l'éclairage au gaz des boulevards à la fin du 19è siècle permit de rééquilibrer la fréquentation.

02/0070 Le café italien de Paris

S'il y a le café Procope sur la rive gauche, le café Cardinal, à l'angle de la rue de Richelieu et du boulevard des Italiens, est sans conteste le rendez-vous des Italiens de ce côté-ci de la capitale. En tous cas, c'était le cas à la fin du 19 siècle: il y avait un garçon italien, des journaux italiens, des habitués italiens...C'est normal, nous sommes boulevard ... des Italiens !

02/0071 D'un Régime à l'autre

La rue du Quatre Septembre, qui commémore la proclamation de la IIIème République, s'appelait à l'origine...rue du Dix décembre ! Dernière opération de voirie du Second Empire, elle fut inaugurée sous ce nom pour célébrer le 10 décembre 1848, date de l'élection de Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III, à la première  présidence de la Seconde République. Dès la chute de l'Empire, en 1870, la IIIème République s'empressa de débaptiser cette rue, pour y laisser sa marque. Une fois de plus, elle n'y était pour rien. Elle fut bien percée et aménagée par Napoléon III.

02/0072 Un nom énigmatique

La rue Jussienne, proche de la rue St Denis, porte le nom, déformé au cours des siècles, d'une petite chapelle du 13è siècle, dédiée à Sainte Marie...l'Egyptienne.

02/0073 Une étrange reconversion

Le couvent des Capucines, qui donna son nom au boulevard, fut fermé en 1790, pendant la Révolution.Il était si grand qu'une partie fut reconvertie en fabrique...d'assignats ! Vous savez, ces billets de banque sans aucune valeur qui caractérisèrent ce tout nouveau régime... L'église, quant à elle, fut louée à un fabricant de papiers peints. La magnifique galerie de recueillement, longue de 167 mètres, abrita un éditeur de caricatures grivoises: "Le musée du rire". Pour couronner le tout, les jardins furent transformés en lieu de plaisirs, où bateleurs, cirques, dresseurs de chiens y pratiquaient leur art. Ici débuta une actrice, Virginie Déjazet, qui laissa son nom au théâtre actuel.

02/0074 Un alsacien qui fit fortune

C'est en 1880 qu'un alsacien décida de venir à Paris pour y faire fortune. Il ouvrit un café-tabac rue Gaillon, qu'il transforma rapidement en restaurant. La réussite de son entreprise fut telle (dûe essentiellement à la qualité et à la fraîcheur de ses produits qu'il achetait lui-même en Bretagne) que la clientèle affluait: Rodin, Renoir, Edmond de Goncourt... C'est dans ce restaurant que fut décerné, le 31 octobre 1914, le prix Goncourt, fondé en 1894. Ah, j'oubliais ! Le nom de ce fameux alsacien: Charles Drouant. Depuis, la tradition se perpétue, et c'est toujours chez Drouant qu'est attribué le Prix Goncourt.

02/0075 De bien célèbres, mais bien curieux mariés

Dans l'hôtel particulier situé au 3/5 de la rue d'Antin, le 19 ventôse de l'an IV de la République (9 mars 1796), se présentèrent un jeune général d'artillerie et une belle créole devant Monsieur le Maire. L'hôtel avait en effet été transformé en mairie annexe. L'un s'était vieilli pour l'occasion, l'autre s'était rajeunie.. Le premier s'appelait Napoléon Bonaparte et parlait avec un fort accent corse difficilement compréhensible, l'autre s'appelait Marie-Josèphe Rose Detascher, plus connue sous le nom de ... Joséphine de Beauharnais. L'un comme l'autre étaient promis à un brillant avenir. Joséphine, quant à elle, s'était vue prédire son avenir par une bohémienne quelques années plus tôt.

02/0076 Un véritable conte de fées

A l'angle de la place des Victoires et de la rue d'Aboukir, se trouvait autrefois l'hôtel de la marquise de Pomponne. Une certaine Françoise Mignot y vécut également. Son destin fut tout bonnement extraordinaire. Grisette de son état (c'est à dire fille du peuple, au sens du 19è siècle), elle épousa le maréchal de l'Hospital. Devenue veuve, elle épousa dix ans plus tard Casimir Sobieski, roi de Pologne et...abbé de St Germain des Prés ! Pas mal, non ?

02/0077 Molière baladeur

Aux numéros 140 à 144 rue Montmartre se trouvait, jusqu'en 1806, le petit cimetière St Joseph. Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, y fut enterré le mardi 21 février 1672, à 9h du soir. La sépulture religieuse lui avait été refusée à St Eustache, sa paroisse, mais sur intervention du roi Louis XIV, elle fut autorisée à St Joseph. L'histoire ne s'arrête pas là. Le 6 juillet 1792, l'architecte Moreau ouvrit le tombeau pour prélever les ossements. Il les déposa dans deux coffres qui furent confiés, mais seulement en 1800, à Alexandre Lenoir, Directeur du Musée des Monuments Français. Ils furent portés en 1807 au cimetière du Père Lachaise. On ne sait pas précisément si les restes qui y sont enterrés sont ceux de Molière...

02/0078 Le peintre-bohême

L'impasse des Peintres porte bien son nom. En effet, on ignore si elle le doit à une maison du 14è siècle appartenant à la famille de Gilles Le Peintre, ou à celle de Guyon Ledoux, maître-peintre au 16è siècle. De toutes façons, une histoire de peintres... Mais comme cela ne suffisait pas, à proximité, habita le peintre paysagiste Lantara. Pauvre, paresseux, insouciant, bohême, ivrogne et borgne, il mourut en 1778 à l'hôpital de la Charité. A l'heure de son trépas, son confesseur lui dit: "Réjouissez-vous! Mon fils, vous allez bientôt voir Dieu face à face, et cela pour l'éternité. " Ce à quoi Lantara répondit: "Quoi, mon père, toujours de face et jamais de profil ?". On a le sens artistique ou pas.

02/0079 Le Molière italien

La rue Dussoubs, qui s'appelait rue Gratte-cul aux 13è et 14è siècles (qui rappelle la licence qui régnait en ces lieux, et qui y règne encore), abrita, au n°21, Goldoni. Surnommé le Molière italien, il y mourut en 1795. Goldoni était maître et lecteur de la langue italienne à la cour de Louis XV. Attaché à la Cour, il bénéficiait d'une subvention que la Révolution supprima.