Anecdotes
Anecdotes 2è arrondissement


02/0035 La prédiction réalisée

"Voilà où tu finiras si tu continues !"  C'est ainsi que le père de Pierre-François Lacenaire menaçait son fils. Celui_ci très turbulent, n'en était certes pas à son coup d'essai. Mais Monsieur Lacenaire  était très loin de penser que l'histoire lui donnerait raison.
Son fils, plus poète que criminel dans l'âme, dilapida ses maigres économies au jeu, et survécut misérablement, comme tant d'artistes à son époque. Devenu faussaire par la force des événements, il monte à Paris en 1829. La même année, il commet son premier crime de sang, à l'occasion d'un duel. Puis, suite à des vols, il se fait emprisonner pendant un an à Poissy. C'est là qu'il rencontrera deux voyous qui vont bouleverser sa vie: Pierre-Victor Avril et Jean-François Chardon. Leur plan: attaquer les garçons de recette, en les assassinant au besoin. Cibles faciles, et gain assuré. Pourtant, il "s'entraînera" avec Avril, en assassinant son ancien complice Chardon, passage du Cheval Rouge. Et pour faire bonne mesure, il ajoute au tableau sa vieille mère impotente... Et le 31 décembre 1834, au 66 rue Montorgueil, ils blessent un garçon de recette de 18 ans, qui a juste le temps de s'enfuir, sans que les bandits aient eu le temps de faire main basse sur les 13 000 francs que contenait la sacoche du garçon-payeur. Ses complices Avril et un dénommé "François" qui a rejoint la bande entretemps, sont arrêtés. Ils dénonceront Lacenaire, qui ne sera mis sous les verrous que le 2 février 1835. Beau parleur, mégalomane, il n'hésitera pas à s'accuser de tous les crimes, en ajoutant d'autres non prouvés... Ses derniers mois passés en prison seront utilisés à écrire ses mémoires. Il sera décapité le 9 janvier 1836, devant 4 000 curieux. Il faudra deux essais pour que la guillotine fasse son oeuvre. Le premier a échoué; la nuque n'a été qu'entaillée... 

Papa avait raison.

02/0036 Ce n'était pas un hasard

C'est au 35 boulevard des Capucines, dans l'atelier du photographe Nadar qu'eut lieu au printemps 1874 la première exposition de peintures...impressionnistes: Renoir, Manet, Monet, Sisley... . Il avait fait aménager le toit de fer et de verre, pour que ses modèles soient correctement éclairés. Ce toit a disparu sous une surélévation récente.

02/0037 La rue St Denis a bien perdu sa vocation...

Si l'on connaît la rue St Denis pour sa "légèreté", on sait moins qu'à partir du 13è siècle elle fut jalonnée de maisons charitables qui contribuèrent au développement économique de la rue. La Confrérie de St Jacques, au n° 135 recevait les pèlerins au départ de St Jacques de Compostelle. Proche de l'église St Sauveur, l'Hôpital de la Trinité, au n° 142, recueillait les voyageurs après le couvre-feu; enfin, les Filles-Dieu, aux N° 223 à 239, accueillaient les "femmes repenties". Maintenant, disons que c'est un autre genre de charité qui s'exerce dans la rue...

02/0038 La Tour de Jean sans Peur

Au 20 rue Etienne Marcel, c'est le plus vieux bâtiment d'architecture militaire intact de Paris. Mais voici son histoire: une école primaire fut construite en 1875, à l'emplacement de la résidence parisienne des Ducs de Bourgogne. L'origine du palais remonte au 13è siècle. Le 6 mai 1270, Robert d'Artois acheta "hors les murs" une demeure qu'il agrandit avec l'aide de sa fille, la comtesse Mahaut. Son domaine était circonscrit par la rue St Denis à l'Est, Montorgueil à l'Ouest, Tiquetonne au nord et Etienne Marcel au sud. Un siècle plus tard, à la suite d'une alliance entre la famille d'Artois et la Maison de Bourgogne, , les ducs de Bourgogne choisirent cet hôtel comme résidence parisienne et Jean sans Peur en hérita, en 1404. Dans la nuit du 23 au 24 novembre 1407, Louis d'Orléans, frère du roi Charles VI, est assassiné par des hommes de main du duc de Bourgogne, Jean sans Peur. Par pure jalousie, car Louis se vantait de ses nombreuses conquêtes féminines, dont la femme de Jean sans Peur, Marguerite de Hainaut. Cet assassinat devait déclencher une guerre de près de trente ans entre les Armagnacs, partisans du duc d'Orléans, et les Bourguignons. Craignant la vengeance du fils du duc, Jean sans Peur fit construire cette forte tour de pierre contre son hôtel. Le duc de Bourgogne sera pourtant assassiné à son tour en 1419 au pont de Montereau.Jean sans Peur fit édifier, entre 1409 et 1411, un corps d'hôtel et une tour fortifiée. Après la mort de Charles le Téméraire en 1477, Louis XI annexa le palais des Ducs de Bourgogne à la couronne royale. Puis, en 1543, François 1er mit en vente le domaine, presque ruiné. La rue Française (de François 1er) ouverte à cette époque le coupait en deux parties. Dans la parcelle ouest, que les Confrères de la Passion acquirent en seconde main, fut créé le théâtre de l'Hôtel de Bourgogne. En récompense de ses services rendus pendant sa captivité en Espagne, François 1er offrit à Diego Mendoza la partie orientale du domaine incluant la Tour Jean sans Peur, désormais appelée Hôtel de Mandosse. La tour fortifiée fut transformée en appartements, puis réhabilitée et classée Monument historique en 1884. Elle constituait un donjon imprenable, muni d'une chambre de sûreté à l'usage de Jean sans Peur. Il la fit construire pour se porémunir d'une éventuelle vengeance du parti Armagnac, après qu'il eut commandité le meurtre de Louis d'Orléans, frère du roi.