Histoire des monuments, des lieux et des quartiers
Le sabre et le goupillon

Découvrez Montmartre avec vos enfants comme vous ne l’avez jamais vu, avec les balades sur mobile de Foxie et Paris le nez en l’air !



Le sabre et le goupillon


La petite église St Pierre de Montmartre, située à côté de la place du Tertre est la plus ancienne église paroissiale de Paris après celle de Saint-Germain-des-Prés. Elle succède à une basilique mérovingienne dédiée à saint Denis, dont cinq chapiteaux et quatre colonnes en marbre ont été réemployés dans l'église actuelle, les colonnes provenant elles-mêmes d'un temple antique dédié au dieu Mars.

Très délabrée au début du xiie siècle, la vieille basilique est acquise par le roi Louis le Gros en 1133, qui la fait remplacer par une nouvelle église romane consacrée en 1147 par le pape Eugène III. La reine Adélaïde de Savoie fonde en même temps une abbaye de moniales bénédictines au sud de l'église, connue comme l'abbaye royale de Montmartre. L'église est donc paroissiale et abbatiale à la fois. La construction de la nef ne s'achève qu'après le milieu du xiie siècle, et l'abside est rebâtie dans le style gothique primitif à la fin de ce même siècle.

Les voûtes actuelles de la nef et de la croisée du transept sont toutefois flamboyantes et datent de 1470 environ, quand l'église nécessite d'importantes réparations à l'issue de la guerre de Cent Ans. En 1686, les religieuses déménagent dans un nouveau monastère près de la place des Abbesses, qui prendra leur nom quelques siècles plus tard, et l'église est depuis lors à l'usage exclusif de la paroisse, mais reste la propriétéde l'abbaye royale de Montmartre jusqu'à la dissolution de celle-ci en 1792.

Et c'est là que le sort de la petite église va basculer.


                       léglise St Pierre de Montmartre et son télégraphe de Chappe                                                                                                
L'église St Pierre de Montmartre en 1820, avec son télégraphe Chappe

En 1792, le Gouvernement révolutionnaire confisque tous les bâtiments, et l'abbaye est évacuée le dimanche 19 août 1792. L'abbaye est profanée et pillée. Déclarés bien national, les bâtiments de l'abbaye d'en-bas sont vendus aux enchères en plusieurs lots, et leurs acquéreurs ne tardent pas à les démolir. Même la crypte de la chapelle du Saint-Martyr, dans laquelle Saint Denis venait donner des messes clandestines aux premiers chrétiens, est anéantie. L'église Saint-Pierre échappe à ce sort, car elle est l'unique église paroissiale de Montmartre.

À l'instar de la plupart des églises non vendues, elle est transformée en Temple de la Raison après l'interdiction du culte, sous la Terreur. Le 23 juillet 1794, la dernière abbesse, Louise de Laval, âgée de soixante-et-onze ans, meurt sous la guillotine. L'accusateur public, le sinistre Fouquier-Tinville, condamnera sans pitié la pauvre femme, sourde et aveugle, "pour avoir sourdement et aveuglément conspiré contre la Révolution".
Le cimetière du Calvaire qui entoure l'église, ouvert en 1688, est saccagé.

Fermée au culte sous la Révolution, l'église reçoit en 1794 une tour destinée à supporter le télégraphe optique de Chappe, en service jusqu'en 1844. En effet, l'église Saint Pierre présente l'énorme avantage d'être située sur le point le plus élevé, au sommet de la colline la plus haute de Paris.

Communiquer sur de longues distances n’est pas un problème récent. Entre la vitesse du cheval au galop et les débuts du télégraphe électrique, Claude Chappe mit au point un ingénieux système de communication de télégraphe aérien pendant la Révolution. Les « tours de Chappe » étaient coiffées d’un mât mobile, visible à la jumelle de la tour voisine, distante de 10 km à 15 km.

télégraphe Chappe

                                                                                                                                   Le télégraphe Chappe et ses bras articulés


La ligne Paris-Lille fut ainsi opérationnelle dès 1794 et permit par exemple de transmettre des messages entre ces deux villes avec une durée de neuf minutes pour transmettre un symbole via une quinzaine de tours ; le temps de transmission d'un message dépendait de sa longueur. Le 30 Avril 1794, la ligne est en place, et le 30 Aout, elle annonce sa première nouvelle d’importance : « Condé être restitué à République, reddition ce matin 6 heures ». Moins d’une heure après la victoire française sur les Autrichiens à Condé sur Escaut (près de la frontière belge), Paris est informé. L’opinion publique est conquise, l’Etat-major aussi.


En 1844, 534 tours quadrillent le territoire français reliant sur plus de 5 000 km les plus importantes agglomérations. En 1845, la première ligne de télégraphe électrique est installée en France entre Paris et Rouen, sonnant le glas des tours de Chappe.

 

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