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Ça s'est passé à Paris un 15 octobre

Écrit le vendredi 13 octobre 2017 04:31

vendredi, 13 octobre 2017 04:31

Ça s'est passé à Paris un 15 octobre

Le 15 octobre 1582

Entrée en vigueur du calendrier Grégorien


Le mot calendrier vient de celui de calendes, lequel dérive à son tour du mot latin calare, que les Romains avaient tiré d’un mot grec qui signifie appeler. Cette dénomination, dans son origine, était relative à ce qui se passait dans l’ancienne Rome le jour des calendes. On appelait le peuple au Capitole pour lui annoncer à chaque mois la première apparition de la lune et le quantième des nones. Le premier jour de chaque mois était celui des calendes. C’étaient des jours célèbres par l’échéance des paiements et par les époques des contrats.

Ce nom de calendrier s’est perpétué jusqu’à nous, quoique l’usage des calendes soit devenu inutile. La nécessité d’un calendrier a été sentie par tous les peuples. Mais il ne suffisait pas de sentir cette nécessité, il fallait des siècles d’observation, il fallait beaucoup de calculs pour parvenir enfin à rédiger un calendrier qui eût quelque mérite. Bien peu de personnes sont en état d’apprécier ce qu’a coûté de travail celui dont nous nous servons.

Originellement, le calendrier romain avait été formé par Romulus, et disposé en meilleur ordre par Numa Pompilius, et il appartenait à un des grands hommes de l’empire de contribuer perfectionner ce travail : Sosigène, célèbre mathématicien d’Alexandrie, développait les avantages de sa réformation, et demandait que le calendrier s’appelât dorénavant la correction julienne. Il en fut ainsi, et l’année julienne commença quarante-cinq ans avant la naissance du Christ. On y fit quelques changements au concile de Nicée, l’an 325. Les conciles de Constance en 1414, de Bâle en 1439, et de Latran en 1516, s’occupèrent de cette question. Nicolas V, et trente ans après, Sixte IV, donnèrent des soins à cette controverse. Sixte IV employa le célèbre mathématicien Regio Montanus. Le concile de Trente, enfin, remit toute l’affaire au pontife suprême.

Sous Jules César on avait approché du but, mais on ne le touchait pas tout à fait ; car, pour qu’il n’y eût pas de mécompte, il eût fallu que le temps employé par la Terre à parcourir son orbite eût été exactement de trois cent soixante-cinq jours et six heures ; mais il s’en faut d’environ onze minutes, et cette quantité, quoique très petite, répétée pendant un très grand nombre d’années, devint si considérable, qu’à la fin du XVIe siècle les équinoxes étaient avancées de dix jours. Voici comment ce fait est expliqué.

Les onze minutes négligées dans la réformation de Jules César, et non observées par le concile de Nicée, après cent trente-trois ans formaient un jour de vingt-quatre heures : par quatre siècles, cela formait trois jours. De l’époque de la correction nicéenne, en 325, jusqu’à l’année dixième du pontificat de Grégoire XIII en 1582, il s’était écoulé mille deux cent ans, qui contiennent à peu près dix fois le nombre cent trente-trois ; il s’ensuivait directement que l’équinoxe d’hiver ou de printemps, lequel, au temps du concile de Nicée, tombait entre le 20 et le 21 mars, avançait de dix jours, et tombait entre le 10 et le 11 du même mois : ce qui introduisait de la confusion pour la fête de Pâques, laquelle, par ordre du concile de Nicée, doit se célébrer le dimanche qui suit la quatorzième lune tombant dans l’équinoxe d’hiver, entre le 20 et le 21 mars.

Ce fut donc pour mettre fin à ce désordre, qui avait occupé tant d’hommes habiles, que Grégoire XIII fit rassembler à Rome les plus célèbres mathématiciens, parmi lesquels on distinguait le cardinal Sirleto ; Ignace Numal, patriarche des Syriens ; Pierre Chacon, prêtre appelé le Varron de l’Espagne ; Ignace Danti, dominicain de Pérugia ; Antoine Lilio, médecin calabrais ; Vincent Lanri, Napolitain, depuis cardinal ; Christophe Clavius, jésuite allemand, appelé l’Euclide de son temps ; Jacques Mazzoni, célèbre homme de lettres de Césène.

Luigi Lilio (1510-1576), Calabrais et fameux astronome, après un travail de dix ans, avait trouvé la forme de la correction de l’année solaire ; mais étant mort il avait laissé son travail à son frère Antoine. Celui-ci présenta le Mémoire à Grégoire XIII, le conjurant de lui accorder le privilège de l’impression en récompense des veilles de son frère. Le pape y consentit et envoya le livre imprimé à tous les souverains de l’Europe, les priant de le faire examiner par tous les mathématiciens de leurs pays. Tous ou presque tous applaudirent à ce travail si fortement raisonné, louèrent les calculs de Lilio et l’acceptèrent avec empressement.

Alors Grégoire publia pour ordonner l’adoption de cette réforme, une constitution qui commence ainsi : Inter gravissimas, et qui est datée de Frascati le 24 février 1582. Il y ordonna qu’à dater du 5 octobre inclusivement, de la même année, on supprimât dix jours, et qu’ainsi le 6 octobre devînt le 15 du même mois : ce qui rétablissait l’ordre pour le temps passé. Afin de pourvoir ainsi à ce qui pourrait arriver pour les onze minutes que Jules César et le concile de Nicée avaient négligées, et qui reviendraient plus tard, causer la variation des équinoxes, le pape ordonna que tous les cent ans à dater de l’an 1700 jusqu’à l’an 2000, on omettrait par siècle une année bissextile. Ainsi l’année 1600 le serait, mais les années 1700, 1800 et 1900 ne le seraient pas, et l’année 2000 le redeviendrait : cela faisait bien entendre que les ans 1600 et 2000 seraient de trois cent soixante-six jours, tandis que les années 1700, 1800 et 1900 n’en auraient que trois cent soixante-cinq.

Le nouveau calendrier prit le nom de calendrier grégorien, et la réforme fut reçue en France l’année même de la publication de cette bulle, mais fut mise en oeuvre le lendemain du dimanche 9 décembre qui devint le lundi 20 décembre. L’Allemagne et la Suisse l’adoptèrent en 1584 ; la Pologne en 1586 ; la Hongrie en 1587 ; le Danemark et la Norvège en 1700 ; l’Angleterre en 1752 ; la Suède en 1753 ; l’Allemagne en 1770 ; le Japon en 1873 ; la Chine en 1911 ; la Bulgarie en 1917 ; la Roumanie et la Yougoslavie en 1919 ; la Russie et la Grèce en 1923 ; la Turquie en 1926. Mais si le calendrier grégorien est adopté administrativement par le monde entier, d’autres calendriers, religieux, sont toujours en vigueur.

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