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Ça s'est passé à Paris un 17 septembre

Écrit le samedi 16 septembre 2017 02:59

samedi, 16 septembre 2017 02:59

Ça s'est passé à Paris un 17 septembre

Le 17 septembre 1823

Mort d'un génie de l'horlogerie: Abraham-Louis Bréguet


Bréguet fut le La Fontaine de la mécanique : il eut du génie, sans s’en douter, sans y croire. Il fut bon, simple, obligeant, s’étonnant des belles choses qu’il avait faites, s’extasiant devant ses chefs-d’œuvre d’artiste avec l’ingénuité d’un enfant. Né en Suisse, le 10 janvier 1747, d’une famille picarde, que la révocation de l’édit de Nantes avait exilée de France, il annonçait de l’esprit, et pourtant ne réussit pas dans ses premières études.

Ce ne fut qu’avec répugnance qu’il commença l’apprentissage de l’horlogerie. Conduit à Paris, puis à Versailles, il se résigna : bientôt, resté seul avec sa sœur, sans fortune, sans appui, il se voua sérieusement au travail, prolongeant ses veilles, afin de pouvoir suivre un cours de mathématiques et compléter son instruction. A peine Bréguet eut-il formé un établissement, que la supériorité des ouvrages qui en sortaient en propagea la renommée. Pour son début, il perfectionna les montres, qui se remontent elles-mêmes, par le mouvement qu’on leur donne en les portant. Il imagina le parechute, qui garantit de fracture le régulateur de ses montres ; des cadratures de répétition d’une disposition nouvelle et plus sûre ; les ressorts-timbres, qui donnèrent naissance aux montres, cachets, tabatières et boîtes à musique.

Il serait impossible d’énumérer la quantité prodigieuse de perfectionnements et d’inventions, dont Bréguet enrichit l’horlogerie. Il rendit de plus grands services encore à la science de la mesure du temps, appliquée à l’astronomie, à la navigation, et à la physique. Il composa à cet effet plusieurs échappements libres, tels que l’échappement à force constante et à remontoir indépendant : il exécuta un très grand nombre de chronomètres, de pendules astronomiques, de montres ou horloges marines, dont les constructions diverses lui sont propres, et qui surpassent en solidité, en précision, en beauté tout ce qui avait paru de mieux en ce genre.

La physique doit à Bréguet l’invention d’un nouveau thermomètre métallique, infiniment plus sensible que tous les autres instruments de cette espèce : le télégraphe lui doit aussi son mécanisme solide et léger. Les orages de la Révolution ne respectèrent pas un homme si utile. Il quitta la France, et à son retour, son établissement n’existait plus. L’ayant recommencé sur de nouveaux frais, il sut jouir de sa fortune comme il l’avait acquise, et dans la modeste maison où elle était venue le trouver.

Lorsque la mort le frappa, il travaillait à un grand ouvrage sur l’horlogerie, où toutes ses découvertes devaient être consignées. Ce précieux travail n’est point perdu : son fils s’est chargé de le continuer et de le publier. Le caractère de Bréguet n’était pas moins remarquable que son génie. Dépourvu de mémoire, il réinventait quelquefois ce qu’il avait déjà inventé. Devenu sourd vers la fin de sa vie, quand on riait de quelque quiproquo, il disait : « Dites-le-moi donc que je rie aussi » : ce qu’il ne manquait pas de faire. Plein de dévouement pour ses amis, c’était un père pour ses ouvriers, une Providence pour les artistes.

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