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Ça s'est passé à Paris un 20 juillet

Écrit le jeudi 13 juillet 2017 07:15

jeudi, 13 juillet 2017 07:15

Ça s'est passé à Paris un 20 juillet

Le 20 juillet 1945

Mort de Paul Valéry

 


Ambroise Paul Toussaint Jules Valéry naît à Sète d'un père d'origine corse, Barthélemy Valéry, vérificateur principal des douanes, et d'une mère génoise, en Italie, Fanny Grassi, fille du consul d'Italie Giulio Grassi1.

Paul Valéry entame ses études en 1876 à Sète chez les dominicains. En 1878, il fait son entrée au collège de Sète et poursuit sa formation, de 1884 à 1888, au lycée de Montpellier. Il commence en 1889 des études de droit. Cette même année, il publie ses premiers vers dans la Revue maritime de Marseille. La poésie qu'il rédige à cette époque s'inscrit dans la mouvance symboliste. En 1890, sa rencontre avec Pierre Louÿs sera déterminante pour l'orientation de sa vie de poète. Ce dernier lui présentera André Gide et l'introduira dans le cercle étroit de Stéphane Mallarmé. Paul Valéry restera fidèle à Mallarmé jusqu'à sa mort. Il publie ses premiers textes dans la revue L'Ermitage.

Dans la nuit du 4 au 5 octobre 1892, il connaît à Gênes ce qu'il décrit comme une grave crise existentielle. Il en sort non seulement résolu à « répudier les idoles » de la littérature, de l'amour et de l'imprécision, mais aussi à consacrer l'essentiel de son existence à ce qu'il nomme « la vie de l'esprit ». Les Cahiers dans lesquels il s'astreint à noter toutes ses réflexions au petit matin en témoignent. « Après quoi », ajoute-t-il en manière de boutade, « ayant consacré ces heures à la vie de l'esprit, je me sens le droit d'être bête le reste de la journée ».

La poésie n'est pas pour autant exclue de sa vie, car justement, selon Valéry, « tout poème n'ayant pas la précision exacte de la prose ne vaut rien ». Tout au plus a-t-il vis-à-vis d'elle la même distance que Malherbe affirmant sérieusement qu'« un bon poète n'est pas plus utile à l'État qu'un bon joueur de quilles ».

Quoi qu'il en soit, Paul Valéry indique à plusieurs reprises qu'il considère cette nuit passée à Gênes comme sa véritable origine, le début de sa vie mentale.

En 1894, il s'installe à Paris, où il commence à travailler comme rédacteur au ministère de la Guerre, et où il se lie avec Paul Léautaud. Il reste à distance de l'écriture poétique pour se consacrer à la connaissance de soi et du monde. Depuis 1900 jusqu'en 1922, secrétaire particulier d'Édouard Lebey, administrateur de l'agence Havas, il s'affaire chaque matin aux petites heures à la rédaction de ses Cahiers, journal intellectuel et psychologique dont l'essentiel n'est publié qu'après sa mort.

En 1900, il épouse Jeannie Gobillard (1877-1970), cousine germaine de Julie Manet (fille de Berthe Morisot et d'Eugène Manet, frère d'Edouard Manet), cette dernière épousant ce même jour Ernest Rouart. Le double mariage est célébré en l'église Saint-Honoré d'Eylau, dans le quartier de Passy, à Paris. Le couple Valéry est logé dans l'immeuble construit par les parents de Julie Manet, dans la rue de Villejust (aujourd'hui, rue Paul-Valéry) dont a hérité la jeune fille, alors qu'elle n'avait pas dix-huit ans (1895). Le couple Valéry-Gobillard aura trois enfants et demeurera lié au couple Rouart-Manet (qui aura trois fils), au point que les deux familles partageront aussi leurs vacances dans la propriété « Le Mesnil », achetée par Berthe Morisot et Eugène Manet sur les bords de Seine, en aval de Meulan, peu avant la mort d'Eugène en 1893. Julie, unique héritière après le décès de Berthe Morisot en 1895, laissera les portes du Mesnil ouvertes au couple Valéry-Gobillard jusqu'à ce que la mort les sépare5.

Paul Valéry se rend régulièrement Rue de Rome aux « mardis » de Stéphane Mallarmé, rencontres littéraires qui ont lieu au domicile du poète dont il sera l'un des fidèles disciples.

Après la Première Guerre mondiale, Paul Valéry devient une sorte de « poète officiel », immensément célèbre — peu dupe, il s'en amuse — et comblé d'honneurs. En 1924, il devient président du Pen Club français, puis est élu membre de l'Académie française l'année suivante. Dans le discours de réception qu'il prononce le 23 juin 1927, Paul Valéry fait l’éloge d'Anatole France, son prédécesseur, sans prononcer son nom une seule fois. En effet il ne pardonnait pas à Anatole France de s'être autrefois opposé à la publication de poèmes de Mallarmé.

En 1931, il est promu au grade de commandeur de la Légion d'honneur ; en 1932, il entre au conseil des musées nationaux ; en 1933, il est nommé administrateur du Centre universitaire méditerranéen de Nice ; en 1936, il est nommé président de la Commission de synthèse de la coopération culturelle pour l'exposition universelle ; en 1937, on crée pour lui la chaire de poétique au Collège de France ; en 1938, il est élevé à la dignité de grand officier de la Légion d'honneur ; en 1939, enfin, il devient président d'honneur de la SACEM. Il fut par ailleurs membre du Comité d'honneur de l'Association du Foyer de l’Abbaye de Royaumont.

Son œuvre véritable, pendant ce temps, continue toujours dans l'ombre, dans l'ombre également sa passion pour la romancière Jean Voilier. La profondeur des réflexions qu'il a émises dans des ouvrages exigeants (Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, La Soirée avec monsieur Teste), ses réflexions sur le devenir de la civilisation (Regards sur le monde actuel) et sa vive curiosité intellectuelle en ont fait un interlocuteur privilégié de personnalités telles que Raymond Poincaré, Louis de Broglie, Henri Bergson, Auguste Perret, et Albert Einstein.

Sous l'Occupation, Paul Valéry, refusant de collaborer, prononce en sa qualité de secrétaire de l'Académie française l'éloge funèbre du « juif Henri Bergson ». Cette prise de position lui vaut de perdre ce poste, comme celui d’administrateur du Centre universitaire de Nice (Centre universitaire méditerranéen). En 1942, il dédicace un de ses livres à Hélène Berr, ce qui décide la jeune femme à tenir son journal. Elle sera considérée comme l'« Anne Frank française ».

Membre du Front national de la résistance, il meurt le 20 juillet 1945, quelques semaines après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Après des funérailles nationales à la demande de Charles de Gaulle, il est inhumé à Sète, dans la partie haute de ce cimetière marin qu'il avait célébré dans son poème :

Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes…

Il repose dans le caveau de son grand-père, Giulio Grassi.

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