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Ça s'est passé à Paris un 5 juin

Écrit le vendredi 2 juin 2017 06:50

vendredi, 02 juin 2017 06:50

Ça s'est passé à Paris un 5 juin

Le 5 juin 1662

Quand Louis XIV devient le Roi soleil




C’est à l’occasion d’un spectacle équestre donné en 1662 aux Tuileries, que Louis XIV, dont la naissance avait déjà été placée sous le signe du soleil naissant, prit comme emblème « un visage rayonnant de flammes au-dessus du globe terrestre » accompagné de la devise interprétée de mille façons : Nec pluribus impar
Que Louis XIV ait choisi le soleil comme emblème ne souffre aucun doute. Apollon-Soleil, peint ou sculpté, en carton-pâte, en marbre ou en bronze, chanté, dansé ou déclamé, paraît omniprésent à Versailles au cours des fêtes, dans l’appartement du roi et dans les jardins. Toutefois la référence à cet astre, image du droit divin, préexiste à son règne : ses prédécesseurs proches ou lointains, comme Charles VI, Louis XI, Henri IV et Louis XIII, l’avaient déjà adoptée.

Que Louis XIV ait choisi le soleil comme emblème ne souffre aucun doute. Apollon-Soleil, peint ou sculpté, en carton-pâte, en marbre ou en bronze, chanté, dansé ou déclamé, paraît omniprésent à Versailles au cours des fêtes, dans l’appartement du roi et dans les jardins. Toutefois la référence à cet astre, image du droit divin, préexiste à son règne : ses prédécesseurs proches ou lointains, comme Charles VI, Louis XI, Henri IV et Louis XIII, l’avaient déjà adoptée.
Dès l’âge de quinze ans, au carnaval de 1653, le jeune Louis XIV avait tenu entre autres rôles celui du soleil levant dans le Ballet royal de la Nuit.

Le thème, écrit par le poète Benserade, tournait autour de la disparition progressive de la lumière et de son bienfaisant retour. Les ténèbres étaient une allusion transparente à la Fronde, qui, pendant près de six ans, avait troublé le royaume et mis en péril la monarchie, tandis que le retour de l’astre lumineux célébrait la fin du cauchemar scellée par l’entrée du roi dans Paris le 21 octobre 1652, suivie par celle de Mazarin le 3 février suivant. Benserade avait notamment mit ces vers dans la bouche du roi :

Sur la cime des monts commençant d’éclairer
Je commence déjà de me faire admirer.
Je ne suis guère avant dans ma vaste carrière ;
Je viens rendre aux objets la forme et la couleur ;
Et qui ne voudrait pas avouer ma lumière
Sentira ma chaleur.
Déjà seul je conduis mes chevaux lumineux,
Qui traînent la splendeur et l’éclat après eux.
Une divine main m’en remis les rênes ;
Une grande déesse a soutenu mes droits.
Nous avons la même gloire : elle est l’astre des reine,
Je suis l’astre des rois.

Les Noces de Pélée et de Thétis, comédie italienne en musique entremêlée d’un ballet, le fait encore apparaître dès le prologue devant le public parisien sous la forme d’Apollon. Dans le ballet Ercole amante (Hercule amoureux), donné en février 1662 pour célébrer les noces du roi avec Marie-Thérèse, le Soleil est interprété par le monarque, et on remarque l’entrée du soleil et des douze heures :

"Cet Astre à son Auteur ne ressemble pas mal,
Et si l’on ne craignait de passer pour impie
L’on pourrait adorer cette belle copie,
Tant elle approche près de son original.
Ses rayons ont de lui le nuage écarté ;
Et quiconque à présent ne voit point son visage,
S’en prend mal à propos au prétendu nuage,
Au lieu d’en accuser l’excès de sa clarté.

N’est-on pas trop heureux qu’il fasse son métier,
Dans ce char lumineux où rien que lui n’a place,
Mené si sûrement et de si bonne grâce,
Par un si difficile et si rude sentier ?"

L’assimilation du roi au Soleil franchit un pas supplémentaire lors du célèbre carrousel — spectacle équestre — donné dans la cour des Tuileries — dans une vaste enceinte qui en a retenu le nom de place du Carrousel — les 5 et 6 juin 1662 pour célébrer la naissance du dauphin (le 19 novembre de l’année précédente). Le mot de carrousel, char du soleil, carrus solis en latin, carozela en italien, avait été rapporté d’Italie par Charles VII.

« Devant une tribune officielle, raconte Jean-Christian Petitfils, et des gradins où s’entassaient plusieurs milliers de spectateurs, cinq quadrilles étaient appelés à se mesurer en une sorte de tournoi-ballet, fête sportive, mi-guerrière, mi-galante... Chaque quadrille, composé d’un chef et de dix chevaliers (avec timbaliers, trompettes, estafiers, palefrenier, page, aide de camp et maréchal de camp), figurait une nation : la première, dirigée par le roi, était celle des Romains ; la seconde, dont Monsieur était le chef, celle des Persans ; la troisième, derrière le prince de Condé, celle des Turcs ; la quatrième, conduite par le duc d’Enghien, celle des Indiens ; et la cinquième, par le duc de Guise, celle des Sauvages d’Amérique. »

La reine mère, la reine régente, la reine d’Angleterre, veuve de Charles Ier, oubliant alors ses malheurs, étaient sous un dais à ce spectacle. Le comte de Saulx, fils du duc de Lesdiguières, remporta le prix et le reçut des mains de la reine mère. Le roi, en tenue d’empereur romain, portait une cuirasse d’or, un casque en argent, un sabre d’or et un bouclier illustré du soleil où figurait l’inscription Ut vidi vici : « Dès que je vis, je vainquis. »

Le soleil ne resta pas ignoré. Louis XIV prit prétexte de la fête pour choisir une devise, composée par un érudit, le médailliste « antiquaire » Louis Douvrier. Un visage rayonnant de flammes au-dessus du globe terrestre était accompagné de la devise Nec pluribus impar, que Louis trouvait lui-même quelque peu obscure et pour laquelle les traductions, parfois libres, varient à l’infini : « Non inégal à plusieurs », « À nul autre pareil », « Supérieur à la plupart », « Au-dessus de tous », ou encore « Je suffis à plusieurs mondes », parmi lesquelles le roi proposa de comprendre que, « suffisant à tant de choses, je suffirais sans doute encore à gouverner d’autres empires, comme le soleil à éclairer d’autres mondes, s’ils étaient également exposés à ses rayons ».

Le monarque déclara avoir fait choix du Soleil, « par sa qualité d’unique », par son éclat, par la lumière qu’il communique, par le bien qu’il fait, produisant la vie, la joie et l’action, par son mouvement sans relâche, par sa course constante, et conclut : c’est « assurément la plus vive et la plus belle image d’un grand monarque ».

La devise choisie par Louis XIV ne faisait que continuer les cent autres devises faites pour lui, et où se retrouve presque toujours le soleil. En effet, lorsqu’il vint au monde, on ne vit en France, et dans toutes les cours où résidaient nos ambassadeurs, que ballets et réjouissance. Partout, d’un commun accord, on avait choisi, pour emblème de ce Dieudonné, comme l’on disait alors, l’image du soleil. La rencontre de sa naissance avec le jour que les anciens consacraient à ce dieu, et qu’on a depuis nommé dimanche, jour du Seigneur (dies dominica), donna l’idée d’une médaille qui représentait un enfant dans le char du soleil, et dont la légende était Ortus solis gallici (naissance du soleil français) ; autour étaient les signes du zodiaque dans la position où ils se trouvaient le 5 septembre 1638.

Jean-Baptiste Morin, professeur royal de mathématiques à l’Université de Paris, « tira la nativité » de l’enfant, et la présenta au cardinal de Richelieu. Campanella, dominicain réfugié en France pour échapper à l’inquisition contre un nouveau système de philosophie qui s’écartait de la doctrine d’Aristote, poussa l’adulation jusqu’à publier qu’au moment précis de la naissance du dauphin, le soleil, son emblème, s’était rapproché de la terre de 55 000 lieues. L’Université réfuta cette opinion. Le feu d’artifice tiré devant l’Hôtel de Ville de Paris, aux frais des bourgeois, avait pour sujet : Le soleil naissant.
De 1816 à 1830, le duc d’Orléans fit exécuter au Palais-Royal des travaux qui en ont fait l’un des plus beaux monuments de Paris. La galerie du rez-de-chaussée derrière le théâtre, qui était encore occupée par de vieilles échoppes en planches, ayant été incendiée le 31 octobre 1827, on dut opérer cette reconstruction, qui donna lieu à des améliorations importantes ; on continua, de ce côté de la cour, le système de boutiques établies sur les deux autres, et l’on rendit ainsi la circulation plus facile dans le portique qui conduit de la cour de Nemours aux galeries du jardin. Enfin, en 1829, on démolit les galeries de bois pour construire sur leur emplacement la belle galerie d’Orléans.

En 1787, le duc d’Orléans avait fait construire au centre du jardin un vaste cirque qui ne fut jamais entièrement achevé et qui fut incendié en 1798. Il fut remplacé par un bassin circulaire de soixante-un pieds de diamètre avec un jet d’eau construit entre deux grands parterres.

Des événements importants ont eu le Palais-Royal pour théâtre. Ce fut là que commença la guerre civile connue sous le nom de la Fronde. Le 18 janvier 1650, la régente, Anne d’Autriche, fit arrêter dans la salle du conseil les princes de Condé, de Conti et le duc de Longueville. En 1768, Christian VII, roi du Danemark, étant venu à Paris, le duc d’Orléans, Louis-Philippe, s’empressa de lui donner un bal magnifique au Palais-Royal ; ce fut en y dansant que ce prince se cassa le tendon d’Achille dans le salon d’Oppenord. Le même palais servit de théâtre aux désordres du régent et de sa cour.

Le jardin du Palais-Royal fut pendant la Révolution un lieu de rendez-vous pour les différents partis. C’est là que, le 12 juillet 1789, Camille Desmoulins proposa au peuple de prendre les armes et d’arborer une nouvelle cocarde comme signe de ralliement. Plus tard, après la Terreur, les jacobins y furent poursuivis. C’est chez Février, restaurateur au n°114, que, le 19 janvier 1793, Pâris, ancien garde du corps, assassina Pelletier de Saint-Fargeau, membre de la Convention, qui avait voté la mort du roi.

Aujourd’hui, le Palais-Royal abrite le Conseil d’État, le Conseil constitutionnel et le ministère de la Culture.

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