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Ça s'est passé à Paris un 21 janvier

Écrit le samedi 21 janvier 2017 04:02

samedi, 21 janvier 2017 04:02

Ça s'est passé à Paris un 21 janvier

Le 21 janvier 1793

On a exécuté le roi

 

Nous sommes le 20 janvier 1793, à la prison du Temple, à Paris.

Après avoir voté la condamnation à mort du roi, la Convention envoie une délégation annoncer le verdict à Louis XVI, retenu prisonnier à la maison du Temple. Celui-ci formule un certain nombre de requêtes, dont notamment l'octroi d'un délai supplémentaire de trois jours avant l'exécution proprement dite, et une dernière entrevue avec sa famille. Les députés ayant refusé de repousser la date de la mise à mort du roi, celui-ci sera guillotiné comme convenu le lendemain.

Le dernier dîner du condamné lui est servi vers 19 heures. Constatant l'absence de couteau et de fourchette, il s'écrie : « Me croit-on assez lâche pour attenter à ma vie ? » avant d'ajouter :

« Je mourrai sans crainte. Je voudrais que ma mort fît le bonheur des Français et pût écarter les malheurs que je prévois, le peuple livré à l'anarchie, devenu la victime de toutes les factions, les crimes se succédant, de longues dissensions déchirant la France. »

Après avoir eu un premier entretien avec l'abbé de Firmont vers 20 heures, Louis XVI reçoit, comme il l'avait demandé, la famille royale dans son appartement. Marie-Antoinette entre dans la salle à manger, accompagnée de sa fille Marie-Thérèse de France dite Madame Royale, du dauphin Louis-Charles et de sa belle-sœur Élisabeth de France. Les gardes observent la scène par le biais d'une cloison en partie vitrée. Le roi demande à son fils de ne jamais vouloir venger sa mort, ce que ce dernier promet. Marie-Antoinette implore son époux de les recevoir une dernière fois le lendemain matin avant le départ pour l'échafaud. Il accepte cette entrevue pour 8 heures, avant de l'avancer à 7 heures sur l'insistance de la reine. Il ne tiendra pas sa promesse. Vers 23 heures, la famille royale se retire et Louis XVI s'entretient de nouveau avec son confesseur. Il se couche vers minuit et demi.

Après une courte nuit, Louis XVI est réveillé à 5 heures par Cléry, son valet, qui avait passé la nuit sur une chaise non loin de lui. Le condamné lui dit alors « J'ai bien dormi, j'en avais besoin. »

Le roi se rase, retire de ses poches sa lorgnette, sa boîte à tabac et sa bourse puis se vêt d'un habit marron pâle doublé d'une toile écrue, muni de boutons dorés. Il demande à son valet de lui couper les cheveux mais on refuse de leur confier une paire de ciseaux.

Vers 6 heures, l'abbé Henri Essex Edgeworth de Firmont les rejoint. Il aménage la commode en autel et célèbre la dernière messe du roi, servie par Cléry. Louis XVI restera à genoux pendant toute la cérémonie et recevra le viatique, c'est à dire la communion du mourant.

À 7 heures, Louis XVI confie ses dernières volontés à l'abbé. Il transmet à Cléry son cachet aux armes de France pour le Dauphin et son alliance pour la reine ; à propos de l'anneau, il confie à son valet à l'intention de la reine : « Dites-lui bien que je le quitte avec peine. » Il conserve au doigt l'anneau du sacre.

Peu avant son départ pour l'échafaud, le roi s'enquiert auprès son valet : "A-t-on des nouvelles de La Pérouse ?". Ce fameux explorateur, dont le voyage avait été financé par Louis XVI quelques années auparavant, et dont on était sans nouvelles depuis 1788.

Louis XVI s'entretient une ultime fois avec son confesseur. Vers 8 heures, il est interrompu par Antoine Joseph Santerre qui commande les gardes nationaux, mais lui rétorque « Je suis en affaire, attendez-moi là, je suis à vous. ». Il reçoit une dernière bénédiction de l'abbé en lui confiant « Tout est consommé », remet son testament à l'un des officiers municipaux présents et se remet aux mains de Santerre.


Il fait froid et un brouillard glacé recouvre Paris en ce dimanche 21 janvier 1793. Il fait 3°C.

Place de la Révolution, la foule s'est massée pour assister, derrière une rangée de soldats, à la décapitation de celui qui était, il y a encore quelques mois, le roi de France.

On lui lie les mains dans le dos avec son propre mouchoir ; un assistant de Sanson, le bourreau, découpe grossièrement son col puis le rabat et lui coupe les cheveux.

C'est un homme digne qui monte sur l'échafaud. Il trébuchera sur l'une des marches et, bousculant légèrement le bourreau, s'excusera poliment auprès de lui.

Arrivé sur la plate-forme, il déclarera d'une voix forte: "Je suis innocent des crimes que l'on m'impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort. Je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France".

Ces dernières paroles seront couvertes par un roulement de tambour. Seuls les Parisiens les plus proches du lieu du supplice pourront les entendre.

Le roi s'agenouille, et pose sa tête sur l'échafaud.
À 10h22, la planche bascule, la lunette de bois se referme sur sa tête et le bourreau Charles-Henri Sanson actionne le couperet.
Le bourreau montre la tête sanglante du roi à la foule. 

On crie, on chante, certains pleurent.

C'est terminé.

La prière du roi de France ne sera pas exaucée. Des centaines de milliers de morts vont ensanglanter la Révolution. La Terreur commence.

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