A huit heures du matin, l’impératrice Marie-Louise, qui s’était assoupie pendant quelques moments, fut réveillée par des douleurs aiguës ; à neuf heures dix minutes, elle accoucha d’un prince très fort et très bien portant.

Depuis l’instant où le bourdon de Notre-Dame et les cloches des différentes paroisses se firent entendre au milieu de la nuit, jusqu’à celui où le canon annonça l’heureuse délivrance de l’impératrice, une extrême agitation s’était manifestée dans Paris. Au point du jour, la foule se porta vers les Tuileries ; à neuf heures et demie, on voyait le peuple, dans les quartiers les plus éloignés du château, compter avec émotion les coups de canon : le vingt-deuxième coup, proclamant la naissance du roi de Rome, fut salué par les plus vives acclamations.

On courait au devant les uns des autres ; on s’embrassait en criant Vive l’Empereur ! De vieux soldats versaient des larmes de joie. En quelques heures, l’événement qu’attendaient avec une égale impatience, l’Empire et l’Europe, devint la fête particulière de toutes les familles. A dix heures et demie, madame Blanchard partit en ballon, de l’Ecole Militaire, pour répandre dans les villes et villages la nouvelle de la naissance du roi de Rome.

A onze heures , il fut chanté dans toutes les églises de Paris, un Te Deum d’actions de grâces. Le soir tous les habitants de Paris illuminèrent spontanément la façade de leurs maisons. Le télégraphe annonça de toutes parts l’heureuse nouvelle. A deux heures de l’après-midi, on avait déjà reçu la réponse de Lyon, de Lille, de Bruxelles, d’Anvers, de Brest, et de plusieurs autres grandes villes.